Quinze juges des enfants de Bobigny ont cosigné lundi, dans Le Monde et sur France Inter, une tribune alertant sur la dégradation inquiétante des dispositifs de protection de l’enfance, en Seine-Saint-Denis.
Édouard Durand, juge des enfants au Tribunal de grande instance de Bobigny, est cosignataire de cette tribune intitulée : « Mineurs délinquants, mineurs en danger : le bateau coule ! ».
Sur le plateau d’ « On va plus loin », il explique la démarche des cosignataires : « Notre intention première c’est de dire que la situation est très grave. Ce que la société attend de nous, c’est que nous assurions la protection des enfants en danger. Parfois quelques heures après leur naissance, jusqu’à leur majorité. Et pour ça, il faut que nous puissions mettre en œuvre des mesures éducatives qui, pour certaines, dépendent des financements du Conseil départemental, pour d’autres dépendent des financements de l’État. »
Prendre en compte les besoins de l’enfant
Suite à cette tribune, la garde des Sceaux, Nicole Belloubet a réagi en disant que 8 postes de magistrats ont été créés au Tribunal de Bobigny depuis 2016 et que 19 greffiers y ont également été affectés. Le juge des enfants lui répond : « Il est vrai que depuis le mois de janvier, nous ne sommes plus 14 juges des enfants mais 15. Il est vrai aussi que les greffières, les agents administratifs, les juges des enfants et tous les personnels qui composent le tribunal pour enfants travaillent du matin au soir d’arrache-pied pour assurer leur mission. Mais c’est autre chose que nous avons voulu dire dans cette tribune. Nous demandons que les besoins des enfants soient pris en compte par tout le monde. Par toutes les institutions. »
Et d’ajouter : « En 2016, le législateur a voté une très grande loi de protection de l’enfance, qui s’appelle « la loi de protection de l’enfant » (…) et cette loi a redit de façon très claire que ce qui est le cœur de la protection de l’enfant (…) ce [sont] les besoins fondamentaux de l’enfant et particulièrement leur développement. Et le développement des enfants n’attend pas. Aujourd’hui, si je mets en œuvre une mesure éducative, il va s’écouler plus ou moins un an et demi. Mais le rythme du développement des enfants ne le permet pas. Chaque semaine compte, chaque jour compte pour que l’enfant ne soit plus en danger mais protégé. »