Juppé, de la désillusion présidentielle au Conseil constitutionnel
"Fils préféré de Jacques Chirac", en rupture avec Les Républicains (LR) depuis l'élection d'Emmanuel Macron, Alain Juppé, 73 ans, a été désigné...
Par Baptiste PACE
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"Fils préféré de Jacques Chirac", en rupture avec Les Républicains (LR) depuis l'élection d'Emmanuel Macron, Alain Juppé, 73 ans, a été désigné mercredi pour intégrer le Conseil constitutionnel, ultime étape d'une carrière politique bien remplie mais brisée par son échec présidentiel de 2017.
Le nom de l'ancien Premier ministre (1995-1997), bientôt ex-maire de Bordeaux qu'il administrait quasiment sans discontinuer depuis 1995, a été proposé par le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand.
S'il passe avec succès l'examen des commissions parlementaires compétentes, M. Juppé succèdera rue de Montpensier à un autre ancien locataire de l'hôtel Matignon, le socialiste Lionel Jospin, qui lui avait lui-même succédé en 1997.
Cette nomination surprise confirme le rapprochement opéré depuis 2017 entre M. Juppé, bon nombre de ses soutiens et le président Macron. Rapprochement dont le symbole le plus évident fut la nomination à Matignon de son ancien protégé, Édouard Philippe.
Avant d'atténuer ses propos, M. Juppé avait même plaidé en 2017 pour un "grand mouvement central" autour du chef de l’État en vue des élections européennes, en ne cessant de critiquer la ligne incarnée par le nouveau patron de LR, Laurent Wauquiez.
Fondateur de l'UMP en 2002, M. Juppé n'est même plus membre des Républicains, n'ayant pas repris sa carte depuis son échec retentissant lors de la primaire de 2016. "De la rancœur envers un parti qu'il n'aime plus", regrette un dirigeant qui l'avait soutenu face à Nicolas Sarkozy et François Fillon.
Jacques Chirac et Alain Juppé, à Bordeaux le 20 novembre 2009
AFP/Archives
L'histoire politique de ce Landais né en 1945, repéré en 1976 par un Jacques Chirac à la recherche d'un "normalien sachant écrire", fut sinueuse: une ascension linéaire - député, ministre, cadre du RPR - jusqu'à sa nomination à Matignon, puis une impopularité persistante pour un Premier ministre "droit dans ses bottes", abîmé par le mouvement social de 1995 et les affaires judiciaires.
Jusqu'à l'opprobre d'une condamnation, en 2004, à 14 mois avec sursis et un an d'inéligibilité dans le dossier des emplois fictifs de la mairie de Paris, dont il a géré pendant des années les finances dans l'ombre de son mentor.
Après un exil au Canada, ce père de trois enfants reprit du service en 2006 à la mairie de Bordeaux. Éphémère ministre de l'Écologie en 2007, il dut quitter le gouvernement après son échec aux législatives mais le réintégra par la grande porte du ministère de la Défense (2010), puis des Affaires étrangères (2011) durant la seconde partie du quinquennat d'un Nicolas Sarkozy affaibli.
-Il s'est "trompé d'élection"-
Vint ensuite l'époque de la "Juppé mania", l'ex-Premier ministre faisant la Une des Inrockuptibles et caracolant en tête des sondages pour la présidentielle de 2017. Alain Juppé eut même du mal à retenir une larme à la vue d'un sondage favorable lors d'une émission de grande écoute sur France 2 en 2014.
Bien décidé à mettre en échec le retour de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé s'est cependant "trompé d'élection", selon les termes de François Fillon, dont la ligne libérale et conservatrice triompha lors de la primaire face au chantre de "l'identité heureuse", en décalage avec un électorat de droite remonté à bloc contre la présidence de François Hollande.
François Fillon et Alain Juppé à Paris le 19 avril 2017
POOL/AFP/Archives
A la douleur de cet échec inattendu s'est ajouté l'invraisemblable épisode du Trocadéro, quand M. Fillon, empêtré les affaires judiciaires, joua le tout pour le tout pour éviter d'être débranché au profit de son aîné.
Mais M. Juppé, qui a épousé en secondes noces une ancienne journaliste, finit par jeter définitivement l'éponge le 6 mars 2017 lors d'une conférence de presse crépusculaire donnée depuis sa mairie de Bordeaux.
Si Alain Juppé a buté sur la marche suprême, les juppéistes, eux, gouvernent: Édouard Philippe à Matignon, assisté par Gilles Boyer, ancien conseiller et directeur de cabinet du mentor bordelais.
"Les principaux responsables de sa défaite sont à Matignon", avait cinglé dans le Figaro Virginie Calmels, première adjointe de M. Juppé à Bordeaux, où sa succession est désormais ouverte.
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