Juppé, le recalé de la primaire devenu recours de la droite
Sèchement battu à la primaire, et pourtant toujours là: Alain Juppé, longtemps impopulaire, condamné par la justice puis absous par ses années...

Juppé, le recalé de la primaire devenu recours de la droite

Sèchement battu à la primaire, et pourtant toujours là: Alain Juppé, longtemps impopulaire, condamné par la justice puis absous par ses années...
Public Sénat

Par Déborah CLAUDE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Sèchement battu à la primaire, et pourtant toujours là: Alain Juppé, longtemps impopulaire, condamné par la justice puis absous par ses années bordelaises, est prêt à s’offrir en recours si François Fillon se retire et à renouer ainsi avec son rêve présidentiel.

Entré en politique en 1976, repéré par un Jacques Chirac, alors Premier ministre, qui cherche "un normalien sachant écrire", Alain Juppé fait une large partie de sa carrière dans les ombres et les lumières de l'ancien président.

Juppé, qui a aujourd'hui 71 ans, c'est "le fils préféré" de celui qui l'a imposé comme "probablement le meilleur d'entre nous", une phrase qui lui colle à la peau.

Comme Mitterrand, petit, Alain Juppé voulait être pape.

Originaire de Mont-de-Marsan (Landes), il a cravaché à l'école, sous les yeux d'une mère exigeante, qui donne parfois quelques "coups de parapluie", a-t-il raconté, et l'a condamné à la réussite.

Après une enfance heureuse et une adolescence assez solitaire, à lire ou écouter Bach ou Beethoven dans sa chambre, c'est le parcours complet du premier de la classe: Normale Sup, l'agrégation de lettres classiques, l'ENA.

Jacques Chirac (c) avec Alain Juppé (d) et Nicolas Sarkozy (g), le 4 septembre 1988 à La Baule, en France
Jacques Chirac (c) avec Alain Juppé (d) et Nicolas Sarkozy (g), le 4 septembre 1988 à La Baule, en France
AFP/Archives

Ce surdoué longiligne au crâne dégarni se taille rapidement une réputation de belle mécanique intellectuelle et de technocrate froid. Cela lui vaut le surnom d'Amstrad, marque d'ordinateur des années 80.

Prénom de collaborateur oublié, ex-ministre pas salué, député jamais rappelé... Il manquerait à celui parfois qualifié d'arrogant cette pâte humaine dont sont faits les présidents, dit-on.

"Je suis orgueilleux, c'est-à-dire que j'ai une certaine idée de ce que je suis et ça me joue parfois des tours", résume ce pudique, qui "n'aime pas l'introspection".

"C'est un homme qui n'exprime jamais de doute, d'où son air de grand sage. Et, très habile, il attend pour réagir d'avoir vu comment tourne l'opinion", critique un de ses adversaires locaux.

En politique, il a gravi tous les échelons, traversant le RPR et l'UMP qu'il a présidés. De conseiller technique, il est devenu député (1986), puis ministre du Budget pendant la première cohabitation, des Affaires étrangères pendant la deuxième, et Premier ministre de Jacques Chirac entre 1995 et 1997.

- droit dans ses bottes -

C'est l'époque du "plan Juppé" de réforme de la Sécurité sociale, qui entraîne des manifestations massives, puis la défaite de la droite aux législatives.

Vingt ans après, il vante pourtant toujours sa réforme de l'assurance maladie. Mais, dans l'imagerie collective, reste le souvenir d'un Premier ministre "droit dans ses bottes", sourd aux millions de manifestants, l'éviction des "Juppettes", ses femmes ministres, et la ristourne de loyer sur l'appartement de son fils ...

Alain et Isabelle Juppé à Bordeaux, le 26 novembre 2016
Alain et Isabelle Juppé à Bordeaux, le 26 novembre 2016
AFP/Archives

Côté vie privée, c'est aussi l'époque de son remariage avec une journaliste, Isabelle, et de la naissance de leur fille Clara. Il a deux autres enfants d'un premier mariage.

Vient ensuite une deuxième chute, avec en 2004 la condamnation en appel à 14 mois avec sursis et un an d'inéligibilité pour l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, dont il a géré les finances pendant des années. "L'épreuve la plus terrible de sa vie", selon son fils.

Après un exil professoral au Québec, il reprend en 2006 du service à Bordeaux, dont il a déjà été maire et député. Une expérience qui l'a "humanisé".

A droite comme à gauche, on loue son sens de l'Etat. Ephémère ministre de l'Ecologie en 2007 -il doit rendre son portefeuille après une claque aux législatives-, il réintègre le gouvernement de 2010 à 2012 (Défense puis Affaires étrangères).

Depuis Bordeaux, cet impatient chronique a attendu son heure. Fin août 2014, sans prévenir personne, il annonce sur son blog sa candidature à la présidentielle. "Il sait que c'est la dernière fois", expliquait un proche.

Pendant la primaire de la droite, il mène campagne en faisant de Nicolas Sarkozy, qui le moque en "septuagénaire de gauche", son principal rival. Mais, après avoir été pendant deux ans le favori des sondages, il est, à la surprise générale, très nettement défait par François Fillon.

Il repart à Bordeaux et lui qui a déjà eu "la tentation de Venise" en 1997 médite alors un livre intitulé... "Les Vertus de l'échec".

Partager cet article

Dans la même thématique

Juppé, le recalé de la primaire devenu recours de la droite
3min

Politique

Parlement européen : « la droite traditionnelle pro-européenne joue avec l’extrême droite » pour Javier Moreno Sanchez   

« Un discours ferme et rassembleur ». Pour la députée centriste du groupe Renew, Fabienne Keller, les propos tenus par Ursula von der Leyen sont « absolument essentiels en ce moment historique où nous sommes en tension maximum avec Vladimir Poutine ». La présidente de l’exécutif européen a en effet annoncé une esquisse de nouvelles sanctions contre la Russie. Dans ce contexte, l’eurodéputée française estime que « la défense que l’on n’a pas voulue dans les années 50, s’impose à nous » désormais.   « C’est un peu tard mais elle commence à réagir »   Concernant le conflit israélo-palestinien, l’eurodéputé espagnol Javier Moreno Sanchez espère que qu’Ursula von der Leyen ira plus loin dans la condamnation des actes commis par l’Etat hébreu. « Ce que nous lui demandons, c’est qu’elle agisse avec la même fermeté dans les deux guerres qu’on a à nos portes ». A la surprise générale, la présidente de la Commission a annoncé vouloir suspendre une partie de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, mais pour le social-démocrate, c’est l’ensemble de ce texte qui doit remis en cause.     Mais pour l’eurodéputé espagnol, l’urgence est de ne pas revenir sur les grands textes des précédentes mandatures de la Commission. Qu’il s’agisse du pacte migratoire ou des mesures écologiques, « il ne faut pas qu’Ursula von der Leyen démonte les propositions qu’elle a faites (…) on ne savait pas que la droite traditionnelle pro-européenne allait jouer avec l’extrême droite ».  « Ce n’est pas une Europe sociale, mais une Europe militariste »   Le groupe des Conservateurs et réformistes est nettement plus critique vis-à-vis du grand oral de la présidente de la commission. L’élu roumain Gheorghe Piperea souhaite la démission de la commissaire allemande. En juillet, il faisait déjà partie de ceux qui avait voté une motion de censure à l’encontre de cette dernière. Pour cet eurodéputé conservateur l’Union européenne nourrirait le conflit ukrainien en multipliant ses aides, notamment militaires. Ce député a par ailleurs dénoncé l’accord commercial conclu « sur un terrain de golf en Ecosse » entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, le qualifiant « d’échec ».    Retrouver l’intégralité de l’émission en intégralité ici  

Le

Avis d’arret de travail Illustration
9min

Politique

Report de congés pour cause d’arrêt maladie : la délégation aux entreprises du Sénat saisit Sébastien Lecornu face à une décision « terrible » pour les PME

« Je saisis par courrier le premier ministre pour qu’une action au sommet de l’Etat soit engagée dans les plus brefs délais auprès des instances européennes », annonce à publicsenat.fr le président de la délégation aux entreprises du Sénat, le sénateur LR Olivier Rietmann, alors qu’un salarié malade pendant ses vacances pourra reporter ses congés, selon une décision de la Cour de cassation.

Le