Justice : le Sénat refuse la création d’un parquet antiterroriste
Sans surprise, le Sénat a rejeté la proposition du gouvernement visant à mettre en place un nouveau parquet antiterroriste. La Haute assemblée a émis de sérieux doutes quant à son utilité.

Justice : le Sénat refuse la création d’un parquet antiterroriste

Sans surprise, le Sénat a rejeté la proposition du gouvernement visant à mettre en place un nouveau parquet antiterroriste. La Haute assemblée a émis de sérieux doutes quant à son utilité.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Arrivé tardivement sur le bureau de la commission des lois du Sénat, l’amendement n° 184 crée un procureur antiterroriste de Paris. Actuellement en matière de lutte antiterroriste, c’est le parquet de Paris qui est compétent. La proposition du gouvernement a soulevé de nombreuses critiques aussi bien à la gauche qu’à la droite de l’hémicycle.

« En vous entendant, je ne comprends toujours pas en quoi un parquet national avec le procureur de Paris n’est pas satisfaisant. Vous ne l’avez pas démontré » a estimé le sénateur socialiste, Jacques Bigot. Même son de cloche du côté des Républicains : « Le procureur de la République de Paris et les membres du parquet de Paris ont-ils failli dans leurs missions ? La réponse est non » a complété le président de la commission des lois du Sénat, Philippe Bas.

Pourtant, la garde des Sceaux n’a pas ménagé sa peine pour convaincre la Haute assemblée. « Nous souhaitons pouvoir disposer d’une véritable force de frappe judiciaire antiterroriste (…) une disponibilité pleine et entière du ministère public pour se consacrer à ce contentieux extrêmement spécifique ». « Il s’agit également d’offrir une visibilité institutionnelle sur le plan national et international ». « En outre, cela permettra au procureur de la République Paris de se recentrer son activité sur les contentieux qui sont propres à ce parquet. Je pense à la criminalité en bande organisée, aux accidents collectifs aux affaires de santé publique » a argué Nicole Belloubet.

Justice: Nicole Belloubet défend la création d'un parquet antiterroriste devant le Sénat
07:09

Le gouvernement souhaite, en effet, « scinder en deux » le parquet de Paris, avec un procureur de la République de Paris et un procureur antiterroriste. Ce dernier aurait également une compétence pour traiter les crimes contre l’humanité, crimes et délits de guerre, des infractions relatives à la prolifération d’armes de destruction massive et aux infractions portant atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation.

En réalité notre organisation repose déjà sur un parquet antiterroriste spécialisé à compétence nationale au sein du parquet de Paris » a objecté le rapporteur LR de la commission des lois, François-Noël Buffet.

Surtout le Sénat s’est félicité lors des périodes d’attentats, « de la mobilisation exceptionnelle de magistrats d’autres sections du parquet de Paris ». Et pour les élus, la création d’un parquet antiterroriste aurait même le désavantage de créer « un isolement » des juges affectés à ce parquet. « Avec l’inconvénient de perdre la perception des liens entre la petite délinquance et le terrorisme, en particulier dans les parcours de radicalisation » a expliqué François-Noël Buffet en faisant référence à un avis du Conseil d’État.

Partager cet article

Dans la même thématique

6min

Politique

Municipales 2026 : l’absence de budget au 31 décembre peut-elle impacter l’organisation des élections ?

Si le budget de la sécurité de sociale a été adopté par l’Assemblée nationale mardi, rien ne promet un même sort au projet de loi de finances, pour lequel les voies de compromis sont encore plus minces. En cas de non-accord sur le texte, le gouvernement serait contraint de recourir à une loi spéciale. Une piste qui éveille des inquiétudes quant à l’organisation des municipales, dont l’enveloppe est estimée à 200 millions d’euros.

Le

Paris: Gerard Larcher concertation E. Macron
3min

Politique

Budget : à la recherche d’un compromis, Emmanuel Macron reçoit Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet

A une semaine de la réunion de la commission mixte paritaire sur le budget, Emmanuel Macron a reçu jeudi les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, en présence de Sébastien Lecornu. Le sort du projet de loi de finances repose en partie sur les chances de voir les députés et sénateurs trouver un compromis, sous peine de retravailler sur le budget en début d’année 2026.

Le