“L’atterrissage du pouvoir” : du candidat au président, l’évolution des mots de Macron

“L’atterrissage du pouvoir” : du candidat au président, l’évolution des mots de Macron

Hier candidat, aujourd’hui président de la République, Emmanuel Macron fait régulièrement l’objet de critiques et polémiques sur le choix de ses mots.Parfois maladroites, souvent spontanées, les formules qu’il emploie ont marquées les esprits, à l’image des « illettrés » ou des « fainéants ».Ces mots, souvent analysés, ont également évolué depuis qu’il est entré à l’Élysée. Entre « réformer », « transformer » ou « refonder », le chef de l’État dispose de nombreux outils de langage. Mais ces derniers ont-ils la même signification et la même portée ? Est-ce le signe d’un renoncement ou celui de l’apprentissage ?Décryptage d’un proche du président, l’écrivain Philippe Besson, d’une ancienne plume de Nicolas Sarkozy, Camille Pascal et d’un linguiste, Dominique Maingueneau sur le plateau de Déshabillons-les.
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Par Caroline Lebrun

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La transformation linguistique de Macron

Durant la campagne, le candidat utilisait le mot « réforme » et « réformer » pour parler de son action à venir, notamment lors de son dernier grand discours à Pau.

Un mot qui n’est pas sans connotation, comme l’explique Philippe Besson, auteur d’« Un personnage de roman » sur le parcours d’Emmanuel Macron : « réformer » implique un changement coûteux pour les français, qui « s’apparente à un sacrifice ».

Peu à peu, ce sont les mots « transformer » et « réparerr » qui s’opposent dans dans les discours du président mais aussi du Premier Ministre. Le linguiste Dominique Maingneneau souligne que ces nouveaux mots sont connotés « plus positivement ». Par leurs langages, les deux hommes opèrent une différenciation de leurs fonctions, l’un indiquant la direction à suivre, l’autre appliquant les directives.

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AFP

Une improvisation maladroite, à l’origine des polémiques 

Le président se livre au périlleux exercice des discours en direct. En effet, selon Philippe Besson, il y a chez Emmanuel Macron « une part d’improvisation non négligeable ».

Cette tendance pourrait donc être, pour l’écrivain, à l’origine de formules maladroites telles que les « fainéants », «les gens qui ne sont rien », ou encore « la France n’est pas réformable ».

L’auteur ajoute que la médiatisation intense de nos jours accentue ce phénomène.

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AFP

Le poids des mots

Si le contenu des réformes prime sur leurs formes, il ne faut pour autant pas sous-estimer le poids des mots qui sont utilisés. Une ambivalence remarquée par Camille Pascal, ancienne plume de Nicolas Sarkozy à l’Élysée : « ce changement de vocabulaire témoigne du changement de fonction entre candidat et président de la République. C’est l’atterrissage du pouvoir ».

Camille Pascal ajoute : «  le président est à la fois roi de France et le Premier Ministre anglo-Saxon. Il descend dans l’arène, puis remonte sur son trône ».

Le réprésentant de la plus haute institution de l’État doit rester vigilent aux mots qu’il emploie. Le risque de cette volatilité et liberté linguistique est que le quinquennat soit noirci par les polémiques, et que l’image du chef de l’État soit dégradée.

En somme, des mots qui, à force, pourraient bien se transformer en maux présidentiels.

 

Retrouvez l'intégalité de l'émission Déshabillons-les : «Macron : les mots du Chef », le samedi 21 octobre à 15h.

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