L’emploi répété du mot guerre par Emmanuel Macron : « Il espère décrédibiliser ses opposants en rassemblant autour de la figure du chef »

L’emploi répété du mot guerre par Emmanuel Macron : « Il espère décrédibiliser ses opposants en rassemblant autour de la figure du chef »

Ce lundi 5 septembre, lors d’une conférence de presse imprévue consacrée à l’énergie, Emmanuel Macron a de nouveau eu recours à une métaphore guerrière : « Nous sommes en guerre. En guerre énergétique ». Un emploi du lexique militaire qui interroge, selon la communicante Emilie Zapalski.
Public Sénat

Par Steve Jourdin

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Après la guerre contre le covid-19, Emmanuel Macron estime que nous sommes en « guerre énergétique ». Pourquoi le chef de l’Etat utilise-t-il autant le mot « guerre » ?

La stratégie de l’exécutif en matière d’énergie est calquée sur sa stratégie en matière de covid-19. La mise en place d’un conseil de défense, l’appel à la responsabilité des Français, ce sont des outils que l’on connaît bien. On retrouve une même méthode et une même rhétorique. Cela avait plutôt bien réussi au chef de l’Etat pendant la pandémie, car cela lui a permis de se présenter comme un président protecteur.

L’idée est de désamorcer les oppositions. Il n’y a pas d’activité parlementaire en septembre, donc l’exécutif essaye d’occuper tout l’espace médiatique, en faisant passer la France pour une nation « en guerre ». Or, qui dit guerre dit « unité nationale », et Emmanuel Macron espère décrédibiliser ses opposants en rassemblant autour de la figure du chef.

Ne risque-t-il pas de galvauder un terme déjà très chargé symboliquement ?

L’emploi du mot « guerre » n’est évidemment pas approprié. La vraie guerre a lieu aujourd’hui en Ukraine, où des gens meurent sous les balles. L’emploi de ce mot par le président est choquant. Emmanuel Macron tente de dramatiser les enjeux pour contrer les oppositions et la colère sociale qui s’accumule. Mais le gouvernement souffle le chaud et le froid, avec d’un côté Bruno Le Maire qui affirme que la situation est sous contrôle, et de l’autre Emmanuel Macron qui dit que nous sommes à nouveau en guerre. C’est une communication par défaut, pour pallier les manquements et l’absence de lignes directrices.

Les oppositions ont beaucoup reproché à Emmanuel Macron son manque d’autorité sur les sujets régaliens, c’est une manière de leur répondre ?

Il tente d’affirmer son autorité, de se donner un peu de prestance, mais il est un peu dépassé par les évènements. En réalité, depuis sa réélection en avril, il a un peu déserté la politique intérieure pour se consacrer à la politique internationale. Sa conférence de presse organisée hier (lundi) est un moyen de revenir sur le devant de la scène et de dire « le chef, c’est moi ! ». Mais les Français et les entreprises sont très inquiets de la situation, et il faudra faire beaucoup plus que recommander de baisser la climatisation et le chauffage pour les rassurer.

Cette utilisation aussi fréquente du mot « guerre » peut-elle s’expliquer par le fait qu’il est le premier président à ne jamais avoir fait son service militaire ?

Emmanuel Macron a envie de marquer l’histoire, et recourir à ce genre de métaphores l’inscrit dans cette dimension historique. C’est un chef de l’Etat qui se révèle dans l’adversité, il aime les défis. Cette communication peut fonctionner car cela contribue à resserrer les rangs chez ses partisans. Mais le plus difficile reste à venir, car il va falloir gérer cet « effort de guerre » qui arrive à mesure que l’on se rapproche de l’hiver et que les factures des Français vont continuer à s’envoler.

Dans la même thématique

FRA – PARIS – GARE SAINT LAZARE
9min

Politique

SNCF : faut-il limiter le droit de grève, comme l’a déjà adopté le Sénat ?

Alors que la grève se profile à la SNCF pour le pont du 8 mai, le ministre des Transports, Philippe Tabarot, soutient toujours le texte du centriste Hervé Marseille, dont il était rapporteur, qui encadre le droit de grève lors des départs en vacances ou jours fériés. « On tirera les enseignements, une fois ce conflit passé, de ce qui peut être amélioré », soutient le ministre. Mais « à court terme, la PPL n’est pas inscrite à l’ordre du jour », selon son entourage.

Le