L’environnement inscrit dans l’article 1 de la Constitution : les sénateurs partagés
L’exécutif souhaite inscrire la défense de l’environnement dans l’article 1 de la Constitution. Un ajout qui ne changerait rien, selon le président de la commission des Lois du Sénat, Philippe Bas.

L’environnement inscrit dans l’article 1 de la Constitution : les sénateurs partagés

L’exécutif souhaite inscrire la défense de l’environnement dans l’article 1 de la Constitution. Un ajout qui ne changerait rien, selon le président de la commission des Lois du Sénat, Philippe Bas.
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui - Images : Nelson Getten

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

La défense de l’environnement pourrait être inscrite dans l’article 1 de la Constitution, et non plus dans l’article 34. L’annonce de Nicolas Hulot, formulée mercredi en marge d’un déplacement avec le chef de l’État, fait doucement rire le président de la commission des Lois du Sénat. Cet article devrait être débattu, dans le cadre de la révision constitutionnelle.  

« Ce n’est pas une question de numérotation et ça ne change rien à ce que dit déjà la Charte de l’environnement », balaye Philippe Bas, sénateur (LR). L’annonce a pourtant été saluée par les associations écologistes qui craignaient que cette mention soit reléguée à l’article 34 de la Constitution, comme indiqué par Édouard Philippe en avril.

« Il y a beaucoup de dispositions qui ont été rejetées pour des raisons constitutionnelles, donc ce serait important que ce soit inscrit dans l’article 1 »

L'environnement inscrit dans la Constitution : « C'est une très bonne nouvelle », pour Guillaume Gontard
00:41
Images : Nelson Getten

Pour le sénateur CRCE, Guillaume Gontard, c’est aussi une bonne nouvelle : « Il y a beaucoup de dispositions qui ont été rejetées pour des raisons constitutionnelles, donc ce serait important que ce soit inscrit dans l’article 1 ». Lorsqu’il avait été question de fixer la date de fin de l'exploitation des hydrocarbures en France, le principe de liberté d'entreprendre l’avait emporté constitutionnellement. Le délai n’avait donc pu être fixé avant 2040.

Est-ce que le fait d’inscrire la défense de l’environnement à l’article 1 apporterait un quelconque changement ? Ce serait « essentiellement symbolique » estime le constitutionnaliste, Benjamin Morel. Selon lui, le fait de placer cette disposition à l’article 34, « relatif au domaine de la loi » n’aurait absolument rien changé.

Cette mention recouvre donc une dimension symbolique puisque, comme le rappelle Benjamin Morel, l’article 1 est « la quittance de ce que doit être la République ». Mais dans les faits ça ne risque pas de changer grand-chose, sauf à renforcer la Charte de l’environnement de 2004, un texte qui a valeur constitutionnelle.

« C’est très difficile d’avoir des termes qui soit à la fois précis, concis et suffisamment restrictif pour être intéressants »

L’environnement inscrit dans la Constitution : les sénateurs partagés
01:44

« Le justifiable pourrait éventuellement poser une question prioritaire de constitutionnalité devant le Conseil constitutionnel », précise Benjamin Morel. « Si nous adoptons une telle disposition, le lendemain même, on aura oublié qu’elle existe », affirme, de son côté, le président de la commission des Lois du Sénat. Philippe Bas enjoint le gouvernement à ne « pas tromper les gens en agitant des idées creuses ».  

L’autre question qui inquiète, cette fois, les associations environnementales est la formulation de cette mention. « C’est très difficile d’avoir des termes qui soit à la fois précis, concis et suffisamment restrictif pour être intéressants », reconnaît le sénateur Les Indépendants, Jérôme Bignon, qui a été rapporteur de la loi sur la biodiversité au Sénat. (Voir la vidéo ci-dessus). « Personnellement, je souhaite qu’environnement, climat et biodiversité y figurent, que la finitude des ressources également y figure », précisait Nicolas Hulot mercredi avant d’ajouter que le gouvernement comptait « laisser le Sénat et l’Assemblée nationale exprimer leurs prérogatives ».

Partager cet article

Dans la même thématique

L’environnement inscrit dans l’article 1 de la Constitution : les sénateurs partagés
3min

Politique

Projet de loi anti-fraudes : « C’est un objet politique qui vise essentiellement à montrer du doigt la fraude sociale »

Invités sur le plateau de Parlement Hebdo, le sénateur Bernard Jomier (Place Publique) et le député Sylvain Berrios (Horizons) sont revenus sur le projet de loi pour lutter contre les fraudes fiscales et sociales, examiné par la Chambre haute depuis mercredi. La majorité rassemblant les élus de la droite et du centre au Sénat ont affermi le texte en commission, y ajoutant une batterie de mesures qui ne fait pas consensus.

Le

13-UNIS : la course en hommage aux 10 ans des attentats de novembre 2015
5min

Politique

Commémoration du 13 novembre : 10 ans après les attentats, la menace terroriste « s’accroît »

Alors que la France rend hommage aux victimes des attentats de Paris de 2015, le ministre de l’Intérieur a appelé les préfets à « renforcer les mesures de vigilance ». Le procureur national antiterroriste (Pnat) Olivier Christen, indique même que la menace terroriste, jihadiste, d’ultradroite ou émanant d’Etats étrangers « s’accroît ».

Le

France Paris Shooting
4min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : dix ans après, comment les lois antiterroristes ont évolué ?

Dix ans après le traumatisme des attentats du 13 novembre 2015, le cadre juridique permettant la prévention et la répression d’actes terroristes a largement évolué. Après les attaques du Bataclan, des terrasses parisiennes et du Stade de France ayant fait 131 morts et plus de 400 blessés, la France avait basculé dans l’état d’urgence, un régime juridique d’exception qui a influencé les évolutions législatives.

Le

L’environnement inscrit dans l’article 1 de la Constitution : les sénateurs partagés
4min

Politique

Immigration : Laurent Nunez a « bon espoir que le plan 3 000 places de centres de rétention administrative aboutisse en 2029 »

A l’approche de l’examen du budget, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez était auditionné par commission des lois du Sénat a présenté des crédits en hausse pour la mission sécurité et immigration de son ministère. Il en a profité pour confirmer que l’objectif 3 000 places en des centres de rétention administrative, initialement prévu pour 2027, ne sera pas tenu, comme l’avait révélé un rapport du Sénat.

Le