L’exécutif appelle à la mobilisation générale pour passer l’hiver

L’exécutif appelle à la mobilisation générale pour passer l’hiver

Face aux craintes de pénuries en approvisionnement en gaz et en électricité en France, Emmanuel Macron a réuni un Conseil de défense consacré à l’énergie, ce vendredi. L’occasion d’évaluer et de préparer la France à passer l’hiver.
Public Sénat

Par Mickael Spitzberg

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« Winter is coming… » et la France se prépare. C’était tout l’enjeu du Conseil de défense consacré à l’énergie convoqué par le président de la République. « La situation est sérieuse, nous avons activé tous les leviers à notre main pour préparer l'hiver », a indiqué Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique chargée de rendre compte des échanges.
En termes d’approvisionnement tout d’abord. Les stocks de gaz français affichent un taux de remplissage à 92 % et les terminaux méthaniers « tournent à plein régime » a indiqué la ministre. En ce qui concerne le parc nucléaire, si 32 réacteurs sont à l’arrêt actuellement, Agnès Pannier-Runacher s’est voulue rassurante en indiquant que le calendrier d’EDF était bâti pour que les travaux de maintenance nécessaires soient finalisés avant l’hiver un point sur lequel « nous sommes particulièrement vigilants ».  
Le gouvernement mise également beaucoup sur la « sobriété » pour traverser la crise et éviter « les coupures subies ». L’objectif affiché est de « diminuer de 10 % notre consommation énergétique », afin d’éviter « le rationnement ». Une réussite qui demande des « efforts collectifs, proportionnés et raisonnables », explique Agnès Pannier-Runacher.


De la sobriété et des économies
 

Et bonne nouvelle pour l’exécutif, il semble être suivi par les Français. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, le 24 février dernier, la consommation de gaz des particuliers en France a baissé « d'environ 4 à 5% », selon la directrice générale d'Engie, Catherine MacGregor, au micro de RTL ce vendredi. « On voit déjà des signaux de demande où les gens commencent à faire attention, et ça c'est très encourageant », s’est félicitée la patronne du premier fournisseur de gaz en France qui ne dépend plus que pour 4 % du combustible venu de Russie.   
S’agit-il d’une adhésion à la parole gouvernementale ? Ce n’est pas si simple selon Arnaud Mercier, professeur en information et communication à l’université Paris 2 Panthéon-Assas : « La notion de sobriété circule dans la société depuis des années et elle a fait du chemin dans les consciences ». Pour le politologue, « le gouvernement se rallie autant à un climat d’opinion que l’opinion se rallie à un discours du gouvernement ». D’autant que derrière la notion de sobriété se niche le soucis de faire des économies.

Et de ce point de vue, n peu partout en France, on s’organise pour réduire sa consommation énergétique et diminuer sa facture. Notamment dans les collectivités territoriales déjà durement impactées. Premier geste, couper la lumière. C’est le cas dans un grand nombre de communes où il a été décidé de réduire l’éclairage de nuit. Dans la Somme, à Talmas, nous apprend France Bleu Picardie, les lampadaires sont même complétement éteints toutes les nuits depuis le mois de juillet afin de diviser par deux la facture d’électricité de 18 000 à 9 000.
A Strasbourg, des mesures complémentaires sont envisagées alors que les prévisions envisagent que la facture énergétique de la ville soit multipliée par cinq passant de 12 millions d’euros à 61 millions d’euros par an. Ainsi, la fermeture partielle ou totale de certains équipements comme les piscines, patinoires ou médiathèques sont envisagées tout comme la baisse du chauffage à 19°C dans les bâtiments de la mairie.
C’est d’ailleurs dans ce dernier geste que se situe le « principale levier de la sobriété », a indiqué Agnès Pannier-Runacher. « Quand on baisse la température d’1°C cela correspond à une diminution de 7 % de la consommation » a ainsi rappelé la ministre de la Transition énergétique.


Solidarité européenne et prix régulés
 

Pour éviter une situation de rationnement, l’exécutif compte aussi beaucoup sur la « solidarité européenne ». « Une solidarité en matière de gaz et d’électricité qui, selon Agnès Panier-Runancher, permet d’assurer la sécurité d’approvisionnement de la France et de l’Europe ».
L’autre espoir c’est de parvenir à « refroidir le marché de l’électricité de gros », qui atteints les 700 euros le mégawattheure (MWh) contre environ 50 euros en temps « normal ». Un sujet qui devrait être discuté lors d’un conseil extraordinaire des ministres européens de l’énergie vendredi 9 septembre.

Sur la table, les propositions de la Commission européenne d’un plafonnement des prix pour certains producteurs d'électricité et la mise en place de tarifs réglementés pour les PME et les ménages les plus précaires. « Conjoncturellement, ça peut effectivement faire baisser les prix mais jusqu’à quand » s’interroge le sénateur communiste Fabien Gay ? « Vous faites un bouclier parce que le marché de gros est train de s’emballer et que plus personne ne va pouvoir payer ses factures d’électricité, mais après ? »
« Si on ne remet pas en cause le marché européen de l’énergie tel qu’il est fabriqué, ce sont des pansements sur une jambe de bois que l’on applique », se désole l’élu de Seine-Saint-Denis. Un marché qui considère que c'est le prix de revient de la dernière source d'électricité mobilisée pour répondre à la demande à chaque instant, qui détermine le prix s'imposant à tous les opérateurs européens. Or cette dernière source est bien souvent une centrale au… gaz.  
En France, selon les chiffres du ministère de L’Economie et des Finances, le coût du « bouclier tarifaire » sur les prix de l'énergie s’est élevé à 24 milliards d'euros depuis son déploiement à l'automne 2021.

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