Ce mardi, Frédéric Valletoux, député Horizons de Seine-et-Marne, ancien ministre de la Santé, était invité de la matinale de Public Sénat. Au lendemain de l’engagement de la responsabilité du gouvernement par Michel Barnier, et à la veille du vote d’une motion de censure, il est revenu sur la méthode adoptée par le Premier ministre depuis sa nomination. Il pointe notamment un manque de dialogue entre les députés du socle commun et le gouvernement.
L’exécutif nationaliste corse reçu par Edouard Philippe
Par Marc PREEL, avec Maureen COFFLARD à Ajaccio
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Un mois et demi après leur large victoire aux élections territoriales, les dirigeants nationalistes corses Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni sont reçus lundi par Edouard Philippe à Matignon, à qui ils demandent un "dialogue sans tabou", incluant des demandes historiquement rejetées par l'Etat.
La rencontre avec le Premier ministre, dans les tuyaux depuis le scrutin du 10 décembre et confirmée début janvier, intervient deux semaines avant le déplacement d'Emmanuel Macron en Corse, le 6 février, à l'occasion du vingtième anniversaire de l'assassinat du préfet Claude Erignac.
"On attend de façon générale l'ouverture d'un dialogue avec une méthode, un calendrier et un cadre qui soient vraiment à la hauteur des enjeux", a déclaré à l'AFP M. Simeoni, dirigeant du mouvement autonomiste Femu a Corsica et président du Conseil exécutif de la nouvelle collectivité territoriale unique de l'île.
Avec son allié indépendantiste Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse, il sera reçu par Edouard Philippe à 17H00, en présence du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb et de la ministre Jacqueline Gourault, désignée "Madame Corse" du gouvernement après la victoire nationaliste.
Pour M. Simeoni, il faut un dialogue "sans tabou ni préalable" qui prenne en compte les "points fondamentaux": coofficialité de la langue corse avec le français, statut de résident corse permettant de protéger les insulaires de la spéculation immobilière, amnistie des prisonniers dits "politiques", reconnaissance de la Corse voire du "peuple corse" dans la Constitution, statut d'autonomie "de plein droit" de l'île de Beauté...
Un axe qui n'est pas "dissociable", selon lui, des questions liées à la naissance de la collectivité, dont le gouvernement, soucieux de dépolitiser au maximum, veut faire le premier et principal sujet.
- Optimisme 'tempéré' -
Sollicité par l'AFP en vue de l'entretien, Matignon a simplement indiqué que "l'état d'esprit" était au "dialogue", disant vouloir un échange "constructif et serein" avec les deux élus.
Une tonalité d'apaisement qui vise à ne pas crisper inutilement les échanges.
C'est le premier rendez-vous avec le Premier ministre depuis l'écrasante victoire de la liste commune nationaliste Pè a Corsica (Pour la Corse) aux élections territoriales de décembre, avec 56,5% des suffrages.
La récente visite, le 5 janvier, de Mme Gourault en Corse avait donné lieu à un dialogue qualifié de "constructif" de part et d'autre.
Si elle avait repoussé clairement certaines revendications, comme la coofficialité, la ministre MoDem avait fait un pas, en indiquant que le projet de réforme constitutionnelle pourrait "débloquer un certain nombre de sujets concernant la Corse", citant notamment la question foncière, la loi littoral, la gestion des déchets, via l'extension du droit d'expérimentation des collectivités.
De nouveaux rapprochements de certains prisonniers corses dans l'île sont également envisageables, au cas par cas, avait-elle dit.
"La tonalité globale était une forme d'optimisme" après cette visite, mais cela doit être "tempéré", juge désormais M. Simeoni.
Les deux élus corses doivent également être reçus mardi et mercredi par les présidents du Sénat Gérard Larcher (LR) et de l'Assemblée nationale François de Rugy (LREM), deux acteurs clés de la future réforme constitutionnelle.
"Un des sujets, c'est +est-ce qu'on met le mot Corse dans la Constitution ?+. On réfléchit", explique une source gouvernementale.
"Si nous n'avons pas un dispositif propre à la Corse dans la Constitution, nous allons toujours nous voir opposer, soit d'autres articles (...) soit des principes constitutionnels", a plaidé M. Talamoni dans un entretien lundi dans Corse-Matin.
La visite d'Emmanuel Macron s'annonce elle essentiellement commémorative, vingt ans jour pour jour après l'assassinat du préfet Erignac, le 6 février 1998.
Jean-Guy Talamoni, qui réclame l'amnistie y compris pour le +commando Erignac+, a annoncé qu'il ne participerait pas à l'hommage, notamment pour ne pas heurter la famille.
Dimanche, dans une tribune publiée dans Corse-Matin, l'élu indépendantiste a proposé un "hommage commun" à "l'ensemble de ceux qui ont perdu la vie" lors du "conflit corse".
Sur LCI, Gilles Simeoni a dit lundi avoir conscience que l'amnistie dans l'affaire Erignac est "un point infranchissable", mais a jugé qu'il "n'y a aucune raison de priver du rapprochement" les trois membres du commando encore en prison, dont Yvan Colonna.