L’Intérieur confronté à une fronde dans la police dans le sillage des « gilets jaunes »
La crise des "gilets jaunes" n'est pas encore terminée mais le ministère de l'Intérieur doit éteindre un nouvel incendie: une fronde des...

L’Intérieur confronté à une fronde dans la police dans le sillage des « gilets jaunes »

La crise des "gilets jaunes" n'est pas encore terminée mais le ministère de l'Intérieur doit éteindre un nouvel incendie: une fronde des...
Public Sénat

Par Gregory DANEL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La crise des "gilets jaunes" n'est pas encore terminée mais le ministère de l'Intérieur doit éteindre un nouvel incendie: une fronde des policiers qui réclament "un retour sur investissement" après leur mobilisation en masse sur les manifestations.

Confronté à sa première crise en interne depuis son arrivée il y a deux mois à Beauvau, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a reçu mardi soir les trois organisations syndicales représentatives chez les gardiens de la paix: Alliance, Unité-SGP-FO et Unsa-Police. Après trois heures de discussions, celles-ci ont été suspendues et reprendront mercredi, ont annoncé les syndicats.

"Il n'y a pas de rupture. Il y a poursuite des discussions avec interruption car le ministre doit demander des arbitrages", a déclaré Jean-Claude Delage, secrétaire général du syndicat Alliance.

En attendant le syndicat Unité-SGP-FO rejoint le mouvement initié par Alliance sur le mot d'ordre "fermons les commissariats". Ce dernier a demandé "à tous les policiers de France de ne sortir que sur appel" d'urgence mercredi.

"Ils ne bloqueront pas les commissariats parce qu'ils ont le sens du service public", avait assuré M. Castaner quelques heures avant cette rencontre.

"Je ne crois pas que les policiers soient +gilets jaunes+", avait estimé le ministre.

Depuis une petite semaine, les syndicats ont fait monter la pression sur le gouvernement après un mois éreintant où les forces de l'ordre ont dû gérer la mobilisation des "gilets jaunes" mais aussi une menace terroriste revenue brutalement sur le devant de l'actualité avec l'attentat de Strasbourg, qui a fait cinq morts.

Lundi, les syndicats policiers, regonflés par des taux de participation record aux récentes élections professionnelles (85,54% au comité technique de la police nationale), ont décidé de durcir le ton pour contraindre l'exécutif à délier les cordons de la bourse.

- Des millions d'euros d'heures supplémentaires -

Pour calmer cette colère, le gouvernement a d'ores et déjà proposé une prime de 300 euros aux forces de l'ordre mobilisées face aux "gilets jaunes", selon un amendement déposé mardi dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances 2019. Elle devrait bénéficier à 111.000 policiers et gendarmes pour un coût total d'environ 33 millions d'euros. Le principe de cette prime avait été annoncé par le chef de l'Etat dès le 3 décembre.

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner à l'Assemblée nationale le 18 décembre 2018
Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner à l'Assemblée nationale le 18 décembre 2018
AFP

En marge des syndicats, un mouvement baptisé "gyros bleus" et relayé sur les réseaux sociaux par des policiers en colère agite le souvenir du mouvement de fronde inédit qui a surgi à l'automne 2016 au sein de la base policière, après l'attaque au cocktail molotov dont ont été victimes des fonctionnaires à Viry-Chatillon (Essonne).

"Crise", "mal-être", "perte de sens" : un rapport parlementaire avait dressé en juillet un tableau très sombre de l'état des forces de l'ordre françaises, en particulier de la police.

Le mois de crise des "gilets jaunes" qui vient de s'écouler, avec un niveau de mobilisation des forces de l'ordre rarement atteint et des confrontations parfois très violentes avec les manifestants, n'a rien arrangé.

Il a nourri "l'épuisement" des forces de sécurité, décrit tant par les hommes de terrain que les syndicats et même par le gouvernement qui a usé de cet argument pour demander aux "gilets jaunes" de cesser de manifester.

Parmi les réponses à la fronde syndicale, Christophe Castaner a également affirmé vouloir s'attaquer au serpent de mer du paiement des millions d'euros d'heures supplémentaires dus aux policiers.

"L'Etat doit actuellement presque 275 millions d'euros à ses policiers au titre des heures supplémentaires, non pas de ces derniers mois ou de cette dernière année, mais depuis des dizaines d'années. C'est un chantier que je veux ouvrir", a-t-il déclaré.

Mais pour Beauvau, le chemin budgétaire est étroit car le gouvernement a accordé de lourdes concessions pour répondre aux revendications des "gilets jaunes" au risque de faire déraper les finances publiques. Le ministre s'est donc gardé de fixer un calendrier.

"Je ne peux pas dire d'un claquement de doigts que je vais trouver 275 millions d'euros (...). Ca nous prendra un peu de temps, on ne trouve pas comme ça en quelques semaines un tel montant", a-t-il fait valoir.

Partager cet article

Dans la même thématique

L’Intérieur confronté à une fronde dans la police dans le sillage des « gilets jaunes »
2min

Politique

Travail le 1er mai des boulangers et des fleuristes : « Nous souhaitons évidemment protéger ce 1er mai, mais par contre nous souhaitons clarifier la situation »

Invitée de la matinale de Public Sénat, la sénatrice de Vendée, Annick Billon, a défendu les principes de sa proposition de loi visant à permettre aux fleuristes et aux boulangers d’ouvrir le 1er mai. Un texte qui vise à éviter que ces commerçants soient exposés à des amendes en cas d’ouverture.

Le

L’Intérieur confronté à une fronde dans la police dans le sillage des « gilets jaunes »
3min

Politique

Conclave sur les retraites : « La réalité du travail fait que l’on ne peut pas tous travailler forcément jusqu’au même âge », souligne Laurent Berger

Ce jeudi, Laurent Berger, directeur de l’Institut Mutualiste de l’Environnement et de la Solidarité de Crédit Mutuel Alliance et Benoit Bazin, PDG du groupe Saint Gobain, étaient les invités de la matinale de Public Sénat. Auteurs du livre « Voies de passage », ils sont revenus sur le conclave sur les retraites qui s’est achevé la semaine dernière.

Le

Loi Duplomb : les sénateurs PS déposeront un recours au Conseil constitutionnel
2min

Politique

Loi Duplomb : les sénateurs de gauche déposeront un recours au Conseil constitutionnel

Dans la foulée de l’adoption de la proposition visant à lever les contraintes de l’exercice du métier d’agriculteur », les socialistes, les écologistes et les communistes du Sénat veulent contester devant les Sages les dispositions du texte, contraires selon eux aux principes de la Charte de l’environnement et à l’intérêt général.

Le