«La Corse n’est pas une circonscription administrative» mais «une nation» estime Jean-Guy Talamoni

«La Corse n’est pas une circonscription administrative» mais «une nation» estime Jean-Guy Talamoni

Au micro de « Sénat 360, Jean-Guy Talamoni, le président de l’Assemblée de Corse, se veut dans « un état d’esprit particulièrement ouvert » avant sa rencontre avec Edouard Philippe.  
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Jean-Guy Talamoni et Gilles Simeoni sont reçus ce lundi par Edouard Philippe, un mois et demi après leur victoire aux élections territoriales et deux semaines avant le déplacement d’Emmanuel Macron en Corse. Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse, est passé sur le plateau de « Sénat 360 » pour dire combien il était dans « un état d’esprit particulièrement ouvert » avant sa visite à Matignon : «  Nous espérons que cet état d’esprit sera partagé de l’autre côté de la table (…) Nous avons un mandat qui nous a été donné par les électeurs, par le suffrage universel, à la majorité absolue, autour d’un projet (…) précis, cohérent. Si la bonne volonté est partagée d’un côté et de l’autre de la table, on avancera. » Le nationaliste veut clairement marteler à Emmanuel Macron et Edouard Philippe, que la Corse est « une nation » : « Les Corses ont voté, à la majorité absolue, pour une liste entièrement composée de nationalistes (…) Cela veut dire que les Corses ont dit, par leur vote, que la Corse n’est pas une circonscription administrative (…) que la Corse est une nation. C’est un fait politique. »

Concernant l’évolution institutionnelle, les nationalistes demandent que le mot « Corse » soit inscrit dans la Constitution. Et pas seulement :

« Nous avons besoin d’un dispositif intégré à la Constitution française pour pouvoir, à un moment donné, permettre à l’Assemblée de Corse, de prendre des décisions dans le domaine législatif et réglementaire (…) On parle aujourd’hui, à l’échelle de la France, de remplacer le droit à l’expérimentation par le droit à la différenciation. C’est très intéressant mais nous, ça ne nous suffira pas (…)  Il nous faut véritablement dans la Constitution, un dispositif qui nous permette de déroger et explicitement dans un certain nombre de domaines. »

D’autres points de friction vont ressurgir lors de cette rencontre gouvernement-nationalistes, sachant que Jacqueline Gourault, « Madame Corse » du gouvernement, a déclaré, début janvier, qu’il n’était pas question pour l’exécutif, de bouger sur la coofficialité de la langue corse. Pour Jean-Guy Talamoni, cela reste pourtant une demande importante : « C’est une demande de la société corse et de ses représentants (…) Nous, nous avons besoin très concrètement, d’un certain nombre de choses pour la langue corse (…) C’est important pour des raisons pratiques, cela n’est pas du tout de l’idéologie. C’est pour pouvoir faire de cette langue, la langue de la promotion sociale. »

Sur le dossier des prisonniers corses, les nationalistes demandent, et le rapprochement et l’amnistie des prisonniers : « Notre demande fondamentale, c’est l’amnistie » réagit tout d’abord le président de l’Assemblée de Corse. « S’agissant du rapprochement, c’est l’application de la loi, simplement. Et ça serait un geste important que ce soit fait dans les jours à venir » ajoute-il.

Cette demande d’amnistie concernerait  également Yvan Colonna : « L’amnistie pour nous (…) concerne l’ensemble des faits politiques. Et l’affaire du préfet Erignac est évidemment, quoiqu’on puisse en penser, une affaire politique ».

Et alors qu’Emmanuel Macron se déplacera en Corse le 6 février, pour les 20 ans de la mort du préfet Erignac. Jean-Guy Talamoni, qui a déjà précisé ne pas souhaiter s’y rendre, glisse : « Depuis deux ans, en ce qui me concerne, j’ai marqué ma compassion s’agissant de la mémoire et de la famille du préfet Erignac. Je n’ai pas entendu jusqu’à présent, ce n’est même pas un reproche d’ailleurs, un seul responsable parisien marquer sa compassion à l’égard de la famille de Jean-Baptiste Acquaviva [militant nationaliste mort en 1987 lors d’une opération du FLNC, NDLR] ou des autres morts, pendant ces quarante années de conflit ».  

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