Le phénomène Emmanuel Macron bouleverse le jeu politique à gauche mais aussi dans le camp de François Fillon, qui mobilise ses troupes pour...
La droite attaque Macron, adversaire « idéal » pour Marine Le Pen
Le phénomène Emmanuel Macron bouleverse le jeu politique à gauche mais aussi dans le camp de François Fillon, qui mobilise ses troupes pour...
Par Déborah CLAUDE et Sami ACEF
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Publié le
Le phénomène Emmanuel Macron bouleverse le jeu politique à gauche mais aussi dans le camp de François Fillon, qui mobilise ses troupes pour contrer l’ancien ministre de l’Economie, ce "mondialiste décomplexé" en qui Marine Le Pen dit voir un candidat "idéal".
"Souhaitez-vous confier la barre du navire à quelqu'un qui vous promet la Terre promise mais vous laisse dans l'ambiguïté la plus complète sur les moyens d'y parvenir?" a lancé mardi l'ex-PDG d'Axa Henri de Castries, qui vient d'afficher officiellement son soutien au candidat de la droite François Fillon.
La veille, c'est un autre très proche de Fillon, Pierre Danon, qui portait l'estocade dans Le Monde dans une tribune intitulée "Macron ou la politique de l'eau tiède". Cet ancien patron de Numéricable tire à boulets rouges sur "cet adepte du marketing", qui se présente "comme un produit neuf" et "hors système" et qui "aligne des mesures toutes plus coûteuses les unes que les autres dans l'espoir de séduire l'électorat".
Un argumentaire rebattu mardi par Bernard Accoyer, secrétaire général de LR: "C'est une opération de marketing politique auquel je n'hésiterais pas à rajouter le mot +mensonger+, parce qu'il est comptable du résultat de François Hollande, des catastrophes économiques et fiscales".
"Macron, qui est-il? C'est un bébé Hollande, il est peut-être le premier comptable du bilan de M. Hollande (...) M. Macron, c'est le faux-nez du pouvoir socialiste, de M. Hollande. Et je crois que l'illusion va très vite se disperser", renchérit Eric Ciotti.
Celui que le microcosme politique qualifiait en coulisses encore tout récemment de "bulle"-un indice, déjà, de la crainte qu'il inspirait ?- est devenu un candidat qui donne "la méga-trouille", notamment à droite.
Henri de Castries à Paris le 23 juin 2016
AFP/Archives
Ainsi Bruno Le Maire explique qu'aussi bien Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont des "menaces" et "voit chez Macron beaucoup de confusion dans le projet, beaucoup de contradictions dans les paroles".
Ex-partisan d'Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin se veut plus serein: "Est-ce que tout ça va durer, est-ce que tout ça va avoir du contenu, est-ce que tout ça va pouvoir être compatible avec la mécanique PS? Personnellement je ne le pense pas. C'est pour ça qu'on n'est pas nerveux sur le sujet".
- 'Mondialiste' contre 'patriote' -
L'ex-sarkozyste Guillaume Larrivé, qui entend prendre "la tête de l'offensive filloniste contre Macron", a lui dégainé l'argument de l'angélisme et de l'inexpérience. "Contrairement à Emmanuel Macron, je ne pense pas que la société française ait une part de responsabilité, ce sont ses mots, dans l'émergence du jihadisme", a-t-il dit sur RFI, en référence à sa déclaration après les attentats de novembre 2015.
Marine Le Pen rit lors d'une session du Parlement européen, le 17 janvier 2017, à Strasbourg.
AFP
"Macron? Rien n'est chiffré, c'est formidable!" raille le patron des députés UDI Philippe Vigier en mimant un joueur de pipeau. Il évoque un candidat "strass et paillettes", alors que certains électeurs centristes et certains UDI sont tentés de le rejoindre.
Côté FN, Marine Le Pen a assuré à l'AFP n'avoir "aucune inquiétude" sur la montée en puissance de l'ancien ministre.
"Si Macron pouvait être face à moi au second tour, quel cadeau! On ne peut pas rêver une confrontation aussi claire et totale sur le plan des idées", a fanfaronné la présidente du Front national, candidate à l'élection présidentielle. Et d'en profiter pour tacler Fillon au passage: l'ancien ministre "a la mondialisation décomplexée, alors que les autres sont des mondialistes honteux et font croire qu'ils sont patriotes, comme Fillon", a-t-elle ajouté.
"Un face-à-face entre un mondialiste aussi caricatural et décomplexé que lui et une patriote comme moi, c'est l'idéal", a ironisé Mme Le Pen. "Actuellement, on attend que Macron ait définitivement tué le PS et après, on s'attachera à démonter son programme", a ajouté un responsable du Front national.
Invités sur le plateau de Parlement Hebdo, le sénateur Bernard Jomier (Place Publique) et le député Sylvain Berrios (Horizons) sont revenus sur le projet de loi pour lutter contre les fraudes fiscales et sociales, examiné par la Chambre haute depuis mercredi. La majorité rassemblant les élus de la droite et du centre au Sénat ont affermi le texte en commission, y ajoutant une batterie de mesures qui ne fait pas consensus.
Alors que la France rend hommage aux victimes des attentats de Paris de 2015, le ministre de l’Intérieur a appelé les préfets à « renforcer les mesures de vigilance ». Le procureur national antiterroriste (Pnat) Olivier Christen, indique même que la menace terroriste, jihadiste, d’ultradroite ou émanant d’Etats étrangers « s’accroît ».
Dix ans après le traumatisme des attentats du 13 novembre 2015, le cadre juridique permettant la prévention et la répression d’actes terroristes a largement évolué. Après les attaques du Bataclan, des terrasses parisiennes et du Stade de France ayant fait 131 morts et plus de 400 blessés, la France avait basculé dans l’état d’urgence, un régime juridique d’exception qui a influencé les évolutions législatives.
A l’approche de l’examen du budget, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez était auditionné par commission des lois du Sénat a présenté des crédits en hausse pour la mission sécurité et immigration de son ministère. Il en a profité pour confirmer que l’objectif 3 000 places en des centres de rétention administrative, initialement prévu pour 2027, ne sera pas tenu, comme l’avait révélé un rapport du Sénat.