La droite attaque Macron, adversaire « idéal » pour Marine Le Pen
Le phénomène Emmanuel Macron bouleverse le jeu politique à gauche mais aussi dans le camp de François Fillon, qui mobilise ses troupes pour...

La droite attaque Macron, adversaire « idéal » pour Marine Le Pen

Le phénomène Emmanuel Macron bouleverse le jeu politique à gauche mais aussi dans le camp de François Fillon, qui mobilise ses troupes pour...
Public Sénat

Par Déborah CLAUDE et Sami ACEF

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Le phénomène Emmanuel Macron bouleverse le jeu politique à gauche mais aussi dans le camp de François Fillon, qui mobilise ses troupes pour contrer l’ancien ministre de l’Economie, ce "mondialiste décomplexé" en qui Marine Le Pen dit voir un candidat "idéal".

"Souhaitez-vous confier la barre du navire à quelqu'un qui vous promet la Terre promise mais vous laisse dans l'ambiguïté la plus complète sur les moyens d'y parvenir?" a lancé mardi l'ex-PDG d'Axa Henri de Castries, qui vient d'afficher officiellement son soutien au candidat de la droite François Fillon.

La veille, c'est un autre très proche de Fillon, Pierre Danon, qui portait l'estocade dans Le Monde dans une tribune intitulée "Macron ou la politique de l'eau tiède". Cet ancien patron de Numéricable tire à boulets rouges sur "cet adepte du marketing", qui se présente "comme un produit neuf" et "hors système" et qui "aligne des mesures toutes plus coûteuses les unes que les autres dans l'espoir de séduire l'électorat".

Un argumentaire rebattu mardi par Bernard Accoyer, secrétaire général de LR: "C'est une opération de marketing politique auquel je n'hésiterais pas à rajouter le mot +mensonger+, parce qu'il est comptable du résultat de François Hollande, des catastrophes économiques et fiscales".

"Macron, qui est-il? C'est un bébé Hollande, il est peut-être le premier comptable du bilan de M. Hollande (...) M. Macron, c'est le faux-nez du pouvoir socialiste, de M. Hollande. Et je crois que l'illusion va très vite se disperser", renchérit Eric Ciotti.

Celui que le microcosme politique qualifiait en coulisses encore tout récemment de "bulle"-un indice, déjà, de la crainte qu'il inspirait ?- est devenu un candidat qui donne "la méga-trouille", notamment à droite.

Henri de Castries à Paris le 23 juin 2016
Henri de Castries à Paris le 23 juin 2016
AFP/Archives

Ainsi Bruno Le Maire explique qu'aussi bien Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont des "menaces" et "voit chez Macron beaucoup de confusion dans le projet, beaucoup de contradictions dans les paroles".

Ex-partisan d'Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin se veut plus serein: "Est-ce que tout ça va durer, est-ce que tout ça va avoir du contenu, est-ce que tout ça va pouvoir être compatible avec la mécanique PS? Personnellement je ne le pense pas. C'est pour ça qu'on n'est pas nerveux sur le sujet".

- 'Mondialiste' contre 'patriote' -

L'ex-sarkozyste Guillaume Larrivé, qui entend prendre "la tête de l'offensive filloniste contre Macron", a lui dégainé l'argument de l'angélisme et de l'inexpérience. "Contrairement à Emmanuel Macron, je ne pense pas que la société française ait une part de responsabilité, ce sont ses mots, dans l'émergence du jihadisme", a-t-il dit sur RFI, en référence à sa déclaration après les attentats de novembre 2015.

Marine Le Pen rit lors d'une session du Parlement européen, le 17 janvier 2017, à Strasbourg.
Marine Le Pen rit lors d'une session du Parlement européen, le 17 janvier 2017, à Strasbourg.
AFP

"Macron? Rien n'est chiffré, c'est formidable!" raille le patron des députés UDI Philippe Vigier en mimant un joueur de pipeau. Il évoque un candidat "strass et paillettes", alors que certains électeurs centristes et certains UDI sont tentés de le rejoindre.

Côté FN, Marine Le Pen a assuré à l'AFP n'avoir "aucune inquiétude" sur la montée en puissance de l'ancien ministre.

"Si Macron pouvait être face à moi au second tour, quel cadeau! On ne peut pas rêver une confrontation aussi claire et totale sur le plan des idées", a fanfaronné la présidente du Front national, candidate à l'élection présidentielle. Et d'en profiter pour tacler Fillon au passage: l'ancien ministre "a la mondialisation décomplexée, alors que les autres sont des mondialistes honteux et font croire qu'ils sont patriotes, comme Fillon", a-t-elle ajouté.

"Un face-à-face entre un mondialiste aussi caricatural et décomplexé que lui et une patriote comme moi, c'est l'idéal", a ironisé Mme Le Pen. "Actuellement, on attend que Macron ait définitivement tué le PS et après, on s'attachera à démonter son programme", a ajouté un responsable du Front national.

Partager cet article

Dans la même thématique

La droite attaque Macron, adversaire « idéal » pour Marine Le Pen
7min

Politique

Rencontres avec les partis, votes thématiques : Lecornu tente une « méthode un peu différente » sur le budget

Après le rejet « attendu » du budget par les députés, le premier ministre a pris la parole. Espérant toujours un vote favorable au terme de la procédure, il va de nouveau s’entretenir avec les groupes politiques. Il met les difficultés rencontrées sur le compte de la « stratégie électorale » et du « cynisme » de certains « candidats à la présidentielle ».

Le

La droite attaque Macron, adversaire « idéal » pour Marine Le Pen
4min

Politique

Budget : « La suspension de la réforme des retraites doit mener à un accord des socialistes sur le budget global », prévient le député Philippe Juvin

Invité de la matinale de Public Sénat, le rapporteur général de la commission des Finances à l’Assemblée nationale, Philippe Juvin, a appelé à un « compromis sur le texte global » avec les socialistes. Pour se faire, il compte bien mettre la suspension de la réforme des retraites dans la balance même s’il assure que c’est une « erreur ».

Le

La droite attaque Macron, adversaire « idéal » pour Marine Le Pen
3min

Politique

Jamy Gourmaud, « Je me considère comme un passeur, un trait d’union entre ceux qui savent et ceux qui ont envie de savoir »

Après plusieurs décennies à la télévision, le célèbre animateur de l’émission C’est pas sorcier a conquis les réseaux sociaux et rassemble désormais 4,5 millions de followers tout support confondu. Cette popularité s’explique par un talent singulier : rendre accessible l’inaccessible. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard, il revient sur sa soif d’apprendre et sur un métier unique en son genre.

Le