La droite française façon puzzle sur fond de crise autour de l’affaire Fillon
Après une guerre fratricide en 2012 pour la présidence de l'UMP, la droite française renoue, à l'occasion de la crise provoquée par l'affaire...
Par Déborah CLAUDE
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Après une guerre fratricide en 2012 pour la présidence de l'UMP, la droite française renoue, à l'occasion de la crise provoquée par l'affaire Fillon, avec ses vieux démons de la division.
Dernier épisode du feuilleton en date : Nicolas Sarkozy et ses proches ont suggéré à François Fillon qu'il "se choisisse un successeur".
Mais comment en est on arrivé là ? Et ce trois mois après une primaire -fait inédit à droite - incontestablement réussie ?
L'ancien chef de l'Etat, battu à la loyale à cette primaire, l'avait pourtant martelé: de retour à la tête de feue l'UMP, il avait "rassemblé la famille", tellement déchirée par la guerre Copé-Fillon et exsangue financièrement.
Mais bien qu'ayant récupéré les clés du parti d'opposition, qu'il a fait rebaptiser "Les Républicains", Nicolas Sarkozy a ensuite échoué à remporter la primaire de la droite de novembre 2016.
Las. Un article du Canard Enchaîné, le 24 janvier, suivi d'une enquête judiciaire sur des soupçons d'emplois fictifs visant François Fillon a enrayé cette belle mécanique de la primaire.
Coutumière d'affrontements extrêmement violents à l'intérieur de son camp, à l'instar de la guerre Chirac/Balladur dont des traces restent palpables plus de 20 ans après, la droite se trouve au bord du précipice à moins de cinquante jours du premier tour.
"Oui, il y a un vrai risque de voir Les Républicains imploser", explique ainsi l'historien Gilles Richard dans une interview au Monde.
"Depuis 2012 et la défaite électorale de Nicolas Sarkozy, le parti est très divisé (...) Cette division est la conséquence directe de l'échec de la stratégie sarkozyste ou, dit autrement, de l'essor considérable du FN depuis que Marine Le Pen en a pris la direction, en même temps que se reconstruisait une formation de centre droit libérale et européiste, l’UDI, à la suite de l’échec de François Bayrou", illustre-t-il.
"Avec Fillon, la droite explose", expliquait ce week-end un juppéiste. Amer, le maire LR de Bordeaux lundi matin déplorait: "Comme l'a montré la manifestation d'hier au Trocadéro, le noyau des militants et sympathisants LR s'est radicalisé."
- "Droitisation extrême" -
Le maire de Bordeaux, alain Juppé, lors de sa conférence de presse dans sa ville, le 6 mars 2017
AFP
Il notait d'ailleurs que le "rassemblement" est "devenu plus difficile encore, une partie du centre, que certains d'entre nous ont rudement stigmatisé, nous a quittés". Comprendre parti chez Emmanuel Macron, comme l'a fait le centriste François Bayrou, ex-allié de Juppé.
"La tournure de la campagne, la droitisation extrême de la campagne, elle est inquiétante. En réalité, François Fillon est en train d'organiser la déchirure entre la droite et le centre", regrettait lundi le patron des centristes UDI, Jean-Christophe Lagarde.
"La droite que j'ai vue hier à Paris, ce n'est pas ma droite, pas la droite dans laquelle je me suis engagé il y a 25-30 ans", regrettait Jean-Louis David, adjoint LR à la Vie urbaine et Proximité à Bordeaux.
Dimanche au Trocadéro, des supporters de François Fillon n'hésitaient pas à dire que si Alain Juppé remplaçait leur champion, ils voteraient Marine Le Pen.
Comme lors de la guerre Fillon/Copé de l'automne 2012, le maire de Bordeaux a été appelé à la rescousse pour sauver le navire de la droite mais sans succès. Tous les ténors de la droite s'agitent depuis un mois expliquant sous le manteau que François Fillon était "mort politiquement".
Il est de plus en plus isolé mais toujours là. Les cadres et les élus partent? "Les élus? On fera sans eux!" lance, bravache, le candidat, qui "s'appuie sur les Français".
"Nous vivons un basculement démocratique en France comme au niveau mondial qui se manifeste par la progression de la culture populiste et par l'effondrement de la culture des partis", soulignait récemment l'historien Pierre Rosanvallon.
Dans une lettre aux magistrats, le ministre de la Justice propose notamment d’élargir le plaider-coupable aux crimes. Une idée qui fait débat, y compris chez les LR. Pour vendre sa réforme, Gérald Darmanin a invité ce lundi soir l’ensemble des 1000 parlementaires français dans les murs de son ministère.
La députée Modem, Sandrine Josso et la sénatrice RDSE, Véronique Guillotin ont remis 50 propositions à la ministre chargée de l’Egalité femmes-hommes, Aurore Bergé pour prévenir et lutter contre le procédé de la soumission chimique. Des propositions qui sont issues de la mission gouvernementale initiée il y a un an et demi, dans la foulée de l’affaire Joël Guerriau.
56 % des Français souhaitent voir leur maire actuel réélu aux prochaines élections municipales de 2026, selon un sondage Ifop/Ouest-France publié le 11 mai.
Le ministre de la Justice ne fait pas les choses à moitié. Gérald Darmanin a invité l’ensemble des députés, sénateurs et eurodéputés ce lundi soir, Place Vendôme, soit plus de 1.000 personnes, pour « un temps d’échange sur les grandes orientations du ministère de la Justice ». Une invitation qui étonne pour le moins au sein de l’opposition…