Emmanuel Macron annonce le retrait de la « présence militaire » de la France au Mali
L’Elysée a décidé le « retrait coordonné du territoire malien » de l’armée française. Les partenaires africains et européens de la France estiment que « les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel dans la lutte contre le terrorisme au Mali ».

Emmanuel Macron annonce le retrait de la « présence militaire » de la France au Mali

L’Elysée a décidé le « retrait coordonné du territoire malien » de l’armée française. Les partenaires africains et européens de la France estiment que « les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel dans la lutte contre le terrorisme au Mali ».
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

C’est par un communiqué commun que l’annonce a été faite. Les forces armées françaises quittent le Mali. « En raison des multiples obstructions des autorités de transition maliennes, le Canada et les Etats Européens opérant aux côtés de l’opération Barkhane et au sein de la Task Force Takuba estiment que les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel dans la lutte contre le terrorisme au Mali et ont donc décidé d’entamer le retrait coordonné du territoire malien de leurs moyens militaires respectifs dédiés à ces opérations », a annoncé ce jeudi 17 février l’Elysée, quelques minutes avant une prise de parole d’Emmanuel Macron.

« Nous constatons et regrettons que les autorités maliennes de transition n’aient pas tenu leurs engagements […] d’organiser des élections présidentielles et législatives avant le 27 février 2022 », ajoute le communiqué. Comme prévu, les partenaires « ont néanmoins convenu de poursuivre leur action conjointe contre le terrorisme dans la région du Sahel, notamment au Niger et dans le Golfe de Guinée, et ont engagé des consultations politiques et militaires avec eux dans l’objectif d’arrêter les paramètres de cette action commune d’ici juin 2022 ».

« Nous ne pouvons pas rester engagés militairement aux côtés d’autorités dont nous ne partageons ni la stratégie, ni les objectifs cachés »

« Nous ne pouvons pas rester engagés militairement aux côtés d’autorités dont nous ne partageons ni la stratégie, ni les objectifs cachés. C’est la situation à laquelle nous sommes confrontés au Mali », a mis en avant juste après Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse à l’Elysée. « Dans ces conditions, la France et ses partenaires engagés […] ont pris la décision de retirer leur présence militaire au Mali », annonce le chef de l’Etat, aux côtés de Macky Sall, Président du Sénégal et président en exercice de l’Union africaine, de Nana Akufo-Addo, président du Ghana et de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), et de Charles Michel, président du Conseil européen.

« L’engagement de nos partenaires européens sera maintenu », précise le président de la République, « des éléments européens seront repositionnés, avec les forces nigériennes, dans la région frontalière du Mali », notamment « dans la zone des trois frontières ». La fermeture des bases françaises au Mali prendra « 4 à 6 mois ».

Le chef de l’Etat « récuse complètement » le terme d’échec

Le chef de l’Etat « récuse complètement » le terme d’échec de la France au Mali, rappelant le contexte de l’intervention décidée il y a neuf ans et saluant la « décision courageuse du Président Hollande d’intervenir au Mali, à la demande des autorités maliennes ». Des mots de sympathie rares de la part du chef de l’Etat envers son prédécesseur. « Que ce serait-il passé en 2013, si la France n’avait pas décidé d’intervenir ? Vous auriez eu un effondrement de l’Etat malien. […] Et au pire une prise de contrôle du Mali par ces groupes terroristes », souligne Emmanuel Macron. « La France est intervenue au Mali, premièrement pour lutter contre le terrorisme, et à la demande d’un Etat souverain. […] Et pourquoi nous décidons aujourd’hui de partir ? C’est que la junte qui est en responsabilité au Mali n’en fait plus sa responsabilité », insiste Emmanuel Macron.

Il a pointé « la présence de mercenaires de la société privée Wagner (d’origine russe, ndlr). Ils sont présents depuis des années en Libye pour prélever les ressources et ce qui revient au peuple libyen. Et en République centrafricaine avec des exactions terribles contre les populations ». « Plus de 800 hommes apparemment » sont aujourd’hui au Mali, pour protéger la junte au pouvoir.

« Beaucoup de gens qui expriment sur les réseaux des messages anti-Français sont des activistes financés par la Russie »

« La sensibilité des opinions publiques a aussi changé », reconnaît Emmanuel Macron, qui appelle à l’avenir à « mettre davantage les populations au cœur de notre stratégie de lutte contre les groupes terroristes ».

Interrogé sur les messages anti-Français sur les réseaux sociaux au Mali, Emmanuel Macron a cependant mis en garde : « Je constate que beaucoup de gens qui expriment sur les réseaux des messages anti-Français sont des gens qui sont des activistes financés par la Russie et d’autres puissances », accuse le chef de l’Etat, qui estime que « les réseaux sont devenus aujourd’hui des lieux de mobilisation pour pousser parfois les gens à la grande violence, aux désinformations et en faire des instruments de guerre ou d’opposition politique ».

Le chef de l’Etat a enfin rendu hommage aux soldats français morts au Mali : « La France n’oublie aucun de ses 53 soldats, aucun de ses blessés, et de leur famille qui se sont sacrifiés pour cette cause et pour nos deux pays. J’ai une pensée pour l’ensemble de nos soldats tombés au Sahel ».

Partager cet article

Dans la même thématique

Emmanuel Macron annonce le retrait de la « présence militaire » de la France au Mali
4min

Politique

Rencontre entre le PS et Sébastien Lecornu : « Quand on a 39 ans, je crois qu'on n'a pas intérêt à être censuré au bout de 15 jours », lance Patrick Kanner

Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, poursuit ses concertations après sa nomination à Matignon. Il rencontrera mercredi plusieurs partis de gauche, dont le Parti socialiste. « Il aura devant lui une opposition déterminée à obtenir des victoires pour les Français », promet le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, ce mardi 16 septembre.

Le

Emmanuel Macron annonce le retrait de la « présence militaire » de la France au Mali
9min

Politique

Budget : l’unité entre le PS et Les Ecologistes mise à mal par les discussions avec Sébastien Lecornu ?

Au moment où vont s’engager les discussions avec le premier ministre, Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, marque sa différence avec le PS, se prononçant déjà pour le départ de Sébastien Lecornu. « On a notre stratégie et le PS a la sienne », assume le sénateur écolo Thomas Dossus. Elle veut « être au centre de la gauche », entre LFI et le PS, mais « il ne faut pas faire de grand écart qui fasse mal aux adducteurs », met-on en garde au PS…

Le

SIPA_01212671_000009
7min

Politique

Supprimer les avantages des anciens Premiers ministres : la mesure déjà adoptée au Sénat contre l’avis du gouvernement

Pour illustrer « la rupture » promise lors de son entrée en fonction, Sébastien Lecornu a indiqué vouloir supprimer les derniers avantages « à vie » qui sont encore accordés aux anciens membres du gouvernement. Un amendement en ce sens avait été adopté en janvier dernier lors de l’examen du budget 2025. Il allait plus loin et visait aussi les avantages des anciens présidents de la République. François Bayrou n’y était pas favorable et la mesure n’avait pas survécu à la navette parlementaire.

Le