« On est dans une sanction qui est absurde, où en fait on prend des sanctions économiques qui certes, sont absolument nécessaires parce que moralement il faut les prendre, mais qui n’affaiblissent pas réellement la Russie. » Invité d’Audition publique (Public Sénat / LCP-Assemblée nationale / Le Figaro Live) ce 21 mars 2022, Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, est persuadé que le véritable levier pour pousser la Russie à stopper sa guerre en Ukraine sera de jouer sur les achats d’hydrocarbures. « La vraie sanction économique, ce n’est pas de fermer des magasins ou des agences bancaires, qui seront rouvertes dans la foulée », a-t-il ajouté, évoquant la perspective de nationalisations en Russie.
Si l’Europe se dirigeait vers cet embargo, « évidemment ça mettrait la Russie économiquement à genoux », imagine le patron des patrons, moyennant une « très forte récession ». La France est d’ailleurs en meilleure position que ses voisins européens pour pouvoir se passer du robinet russe. 17 % seulement du gaz brûlé dans l’Hexagone est originaire de Russie (9,5 % pour le pétrole), contre 40 % en moyenne pour l’ensemble de l’Union européenne.
« Il faut aussi accepter que, si on veut se passer du gaz russe, il faut des éoliennes »
Geoffroy Roux de Bézieux se montre d’ailleurs plus optimiste que le gouvernement, qui s’est fixé comme objectif mi-mars de « sortir intégralement du gaz et du pétrole russe d’ici 2027 ». « Pour moi, c’est une affaire d’un an. » Le numéro un du Medef ajoute que ses homologues allemands (avec lesquels il s’est entretenu) sont aussi confiants sur leurs propres calculs. Le BDI (Bundesverband der Deutschen Industrie), première organisation patronale outre-Rhin, « nous dit trois ans ».
Quant aux solutions, le patron du Medef plaide pour une sobriété énergétique, couplée à une accélération sur la transition écologique. Comme Catherine MacGregor, directrice générale d’Engie, il évoque la baisse du chauffage. Les nouvelles sources d’énergie alternatives demanderont des « investissements » mais aussi des lois pour « raccourcir les délais de recours » en cas d’implantation de parcs éoliens. Personnellement mécontent de l’installation d’éoliennes au Croisic (Loire-Atlantique), non loin de sa résidence, Geoffroy Roux de Bézieux se laisse convaincre par la nécessité de ce type d’infrastructure. « À un moment, il faut aussi accepter que, si on veut se passer du gaz russe, limiter le réchauffement climatique, il faut des éoliennes. »