La France réveillonne sous haute surveillance

La France réveillonne sous haute surveillance

La France fêtait le passage à la nouvelle année sous haute surveillance de crainte de débordements provoqués par des "gilets jaunes" dont la...
Public Sénat

Par Claire DOYEN avec les bureaux en région

Temps de lecture :

4 min

Publié le

La France fêtait le passage à la nouvelle année sous haute surveillance de crainte de débordements provoqués par des "gilets jaunes" dont la mobilisation a toutefois fortement décru ces derniers jours à Paris et en province.

Sur les Champs-Elysées, épicentre de la contestation ces dernières semaines, seuls quelques dizaines de "gilets jaunes" discutaient dans une ambiance bon enfant au milieu de touristes du monde entier et de badauds venus réveillonner.

Loic Coene, technicien industriel de 28 ans, a fait 02H30 de route depuis la Haute-Marne pour" fêter le 1er janvier pour la première fois à Paris". Il voulait montrer que "ce n'est pas perdu, que le rassemblement n'est pas mort".

A Bordeaux, une centaine d'entre eux occupaient le pont d'Aquitaine, qui a connu des heurts les semaines passées. Les "gilets jaunes" ont appelé à "faire la fête" sur ce pont, promettant barbecues et feux d'artifice.

Filtrage policier pour accéder aux Champs-Elysées, le 31 décembre 2018 à Paris
Filtrage policier pour accéder aux Champs-Elysées, le 31 décembre 2018 à Paris
AFP

"On fait ça pour que Macron ne nous oublie pas et lui montrer qu'on sera là en 2019", a résumé Cyrille Pionneau, 49 ans. "Mais ce soir, ce n'est pas une manifestation, c'est un 1er de l'an entre gilets jaunes, entre gens du peuple, avec des gens qui ont trouvé une famille".

Les autorités ont déployé 148.000 membres des forces de sécurité, dont 12.000 dans la capitale, théâtre de scènes de guérilla urbaine lors de manifestations de ce mouvement né le 17 novembre pour un changement de cap économique du président Macron.

"A quoi on peut s'attendre? Au désordre, parce que manifestement les +gilets jaunes+ organisent ou désorganisent aujourd'hui leur mobilisation pour mettre le désordre", pronostiquait à la mi-journée le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, ajoutant: "les inquiétudes sont partout en France".

Le ministre a aussi évoqué la menace terroriste dans un pays toujours sur le qui-vive depuis le début de la vague d'attentats jihadistes en 2015.

Des
Des "gilets jaunes" sur les Champs Elysées, le 31 décembre 2018 à Paris
AFP

Selon M. Castaner, la force mobilisatrice des "gilets jaunes" s'est néanmoins essoufflée: ils étaient 32.000 dans toute la France samedi dernier, selon lui, contre 38.600 lors de leur "acte VI" le 22 décembre. Les violences et dégradations, ainsi que le nombre de blessés, ont aussi marqué le pas.

- "Pas résignés" -

Dans son allocution télévisée, Emmanuel Macron a appelé les Français à cesser de se "déconsidérer ou de faire croire que la France serait un pays où les solidarités n'existent pas, où il faudrait dépenser toujours davantage".

Selon lui, la "colère" des "gilets jaunes" a surtout montré que "nous ne sommes pas résignés".

Depuis un mois et demi, les "gilets jaunes" réclament une revalorisation de leur pouvoir d'achat et d'avoir davantage de poids dans les prises de décisions publiques. L'avenue des Champs-Elysées a chaque samedi servi d'épicentre de leurs revendications.

Pour encadrer la foule qui compte fêter 2019 dans l'agglomération parisienne, un "dispositif" de 12.000 policiers, gendarmes, pompiers et secouristes a été mis en place "pour la Saint-Sylvestre", a indiqué le préfet de police Michel Delpuech.

Foule sur sur les Champs Elysées, le 31 décembre 2018 à Paris
Foule sur sur les Champs Elysées, le 31 décembre 2018 à Paris
AFP

Dans la capitale, un périmètre de protection a été instauré dès 16H00 autour des Champs-Elysées et de la place de l'Etoile. Un spectacle son et lumière suivi d'un feu d'artifice doit débuter à partir de 23H sur la célèbre avenue.

A l'intérieur du périmètre, où sont strictement interdits alcools et engins pyrotechniques, ont été prévues "des palpations de sécurité, des fouilles de bagages et de véhicules" selon la préfecture de police.

Les effectifs de sécurité et de secours ont également été renforcés dans d'autres villes.

La préfecture des Alpes-Maritimes a annoncé des "moyens en policiers et gendarmes très importants" pour la nuit du réveillon dans le département, où des "gilets jaunes" se sont donnés rendez-vous place Masséna à Nice mais aussi à leur "QG" de Saint-Isidore, un rond-point près de l'autoroute A8.

Dans la même thématique

Blois: Olivier Faure arrives at PS summer universities
7min

Politique

Après la nomination de Michel Barnier, les secousses continuent au PS

Depuis la nomination de Michel Barnier à Matignon, la ligne du Parti socialiste opposée à Olivier Faure multiplie les prises de parole tenant sa direction pour responsable dans l’échec de la nomination de Bernard Cazeneuve. Une accusation dont elle se défend, alors que le parti à la rose souhaite peser davantage à gauche.

Le

Paris : Michel Barnier a l hopital Necker
12min

Politique

Quels ministres au gouvernement ? Michel Barnier face au « casse-tête » des nominations

Le nouveau locataire de Matignon consulte en vue de la nomination de son gouvernement. Côté LR, le nom du patron des sénateurs de droite, Bruno Retailleau, revient avec insistance. « Une hypothèse plus que possible », avance un sénateur LR, selon qui « on lui a demandé ». Mais rien n’est encore fait. Si des macronistes seront de la partie, les choses semblent bouchées à gauche.

Le

14th day of action against pension reform
5min

Politique

Réforme des retraites : face aux demandes d’abrogation, Michel Barnier joue la carte de l’« amélioration »

Cela pourrait être le premier obstacle du gouvernement Barnier, avant même l’adoption du budget 2025 d’ici la fin de l’année. Les députés du Rassemblement national ont confirmé qu’ils entendaient déposer, dans le cadre de leur niche parlementaire prévue le 31 octobre, un texte d’abrogation de la réforme des retraites. Du côté du Nouveau Front populaire, qui proposait le retour de la retraite à 60 ans dans son programme, l’idée de devancer le RN en mettant une proposition similaire à l’ordre du jour dès l’ouverture de la session ordinaire à l’Assemblée fait aussi son chemin. Rien n’assure toutefois que les deux familles politiques joindraient leurs voix pour faire adopter un tel texte. « Nous ne serons pas condamnés à voter la proposition de loi de ces hypocrites, qui sont responsables du fait qu’aujourd’hui nous avons un partisan de la retraite à 65 ans à Matignon », fustigeait le sénateur communiste Ian Brossat, invité de la matinale de Public Sénat ce 9 septembre. Quelques minutes plus tard, sur le même plateau, le député Rassemblement national Sébastien Chenu rétorquait, accusant la gauche de « sectarisme ». Mathématiquement, la réforme des retraites, adoptée dans la douleur au mois de mars 2023, trouve tout de même une majorité contre elle à l’Assemblée. Face à ce constat, le nouveau Premier ministre Michel Barnier a donc tenté d’arrondir les angles en annonçant le 6 septembre, sur le plateau de TF1, son souhait d’ « ouvrir le débat sur l’amélioration de cette loi pour les personnes les plus fragiles », sans pour autant « tout remettre en cause ». « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme » Quelles « améliorations » le gouvernement Barnier pourrait-il apporter au texte ? Au sein de la droite et du bloc central, le retour à la retraite à 62 ans semble en tout cas exclu. « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme. On l’a votée avec beaucoup de difficultés, on garde les acquis », défend un cadre de la majorité sénatoriale. Quelques ajustements du texte ne sont donc pas à exclure, ne serait-ce que pour « répondre », estime-t-il, à l’initiative parlementaire du RN et aux syndicats, qui prévoient une manifestation le 1er octobre. La ligne rouge des 64 ans n’interdit pas, par ailleurs, de rediscuter d’autres points de la réforme. Au Sénat, l’introduction de nouvelles mesures sur l’emploi des seniors semble par exemple faire consensus au sein de la majorité. À l’occasion de l’examen du texte, la chambre haute s’était déjà exprimée en faveur de l’instauration d’un « index seniors », censé pousser les entreprises à davantage de transparence sur l’emploi des salariés en fin de carrière, et sur la création d’un « CDI seniors », nouveau contrat de travail exonéré de certaines cotisations. Les deux amendements avaient finalement été censurés par le Conseil constitutionnel. « Il faut reprendre cet aspect là des choses, pour associer à cette réforme des retraites un véritable changement de politique vis-à-vis de l’emploi des seniors. Il faut sans doute aussi travailler, en lien avec les partenaires sociaux, sur la question de la pénibilité notamment dans les métiers du bâtiment ou de l’aide à la personne », propose la sénatrice centriste Élisabeth Doineau. En revanche, pour la rapporteure générale du budget de la Sécurité sociale, une remise en cause complète de la réforme serait « suicidaire » : « Il faut être lucide face aux réalités budgétaires du pays, pour ne pas entraîner la France vers de nouvelles dépenses qui seraient un naufrage. » « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans » Les déclarations de Michel Barnier, qui a indiqué que les « améliorations » qu’il entendait proposer respecteraient « le cadre budgétaire », ont donc de quoi rassurer les défenseurs de la réforme. À gauche, l’accueil de l’annonce du nouveau Premier ministre est évidemment beaucoup plus froid. « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans, puisque l’essence même de cette réforme c’est le report de l’âge de départ à la retraite », dénonce la sénatrice Monique Lubin, qui défendait déjà en février dernier une proposition d’abrogation de la réforme. L’élue socialiste doute par ailleurs de la sincérité de l’initiative du nouveau Premier ministre, qui défendait du temps de la primaire des Républicains en 2021 un report de l’âge légal à 65 ans. « Sa déclaration me laisse songeuse. Je pense qu’elle a surtout pour but de donner des gages, de contrebalancer la tendance à droite de ce futur gouvernement, au moment où il cherche des ministres de centre-gauche pour le composer », estime Monique Lubin. Du côté des syndicats, le scepticisme est aussi de mise. Au micro de France Inter le 8 septembre, la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon a réclamé « a minima » une suspension de la réforme, le temps de la réouverture des discussions, pour bloquer l’augmentation progressive de l’âge de départ à la retraite. De son côté, la CGT a fait de l’abrogation de la réforme l’un des mots d’ordre de la journée de mobilisation syndicale du 1er octobre.

Le

Paris: Passation Gabriel Attal et nouveau Premier Ministre Michel Barnier
4min

Politique

Après une journée de flottement, Michel Barnier finalement présent aux journées parlementaires d’Horizons et d’Ensemble pour la République

Alors que se tiennent mardi et mercredi les journées parlementaires des groupes Ensemble pour la République et Horizons, une incertitude planait sur la venue du Nouveau Premier ministre. Le parti d’Edouard Philippe a envoyé une invitation à Michel Barnier. Du côté du groupe Ensemble pour la République dirigé par Gabriel Attal, on semblait vouloir garder ses distances.

Le