La gauche part désunie aux législatives et blâme Mélenchon
Malgré un consensus sur la nécessité de constituer une force solide d'opposition à Emmanuel Macron, partis et mouvements de gauche partent...

La gauche part désunie aux législatives et blâme Mélenchon

Malgré un consensus sur la nécessité de constituer une force solide d'opposition à Emmanuel Macron, partis et mouvements de gauche partent...
Public Sénat

Par Lucile MALANDAIN

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Malgré un consensus sur la nécessité de constituer une force solide d'opposition à Emmanuel Macron, partis et mouvements de gauche partent désunis pour les législatives, une dispersion potentiellement coûteuse en sièges dont beaucoup rendent Jean-Luc Mélenchon responsable.

A la clôture des candidatures, le constat est évident: dans une écrasante majorité de circonscriptions, communistes, Insoumis et Ecologistes mettent leurs candidats en concurrence.

Après le spectaculaire score de M. Mélenchon (19,58%) à la présidentielle, et malgré son ambition affichée d'imposer une cohabitation à M. Macron, ses chances d'obtenir une majorité le 18 juin paraissent du coup faibles sur le papier.

Le député socialiste Daniel Vaillant lors d'une réunion au siège du PS à Paris, le 14 décembre 2015
AFP

Car indépendamment de la réussite de sa campagne présidentielle, c'est bien un désaccord profond de stratégie politique qui a plombé toute alliance entre La France insoumise, devenue leader de fait à gauche, et les autres.

Au point de donner parfois le sentiment de privilégier l'invective au compromis.

"On ne peut pas se partager les places parce que ce monde-là est fini", a déclaré le leader de La France insoumise jeudi, estimant qu'il ne pouvait pas dire à ses sept millions d'électeurs: "Ecoutez, je me suis mis d'accord sur un coin de table avec mon vieux copain Pierre Laurent et dorénavant 50% du pays est appelé à voter pour un autre programme et pour des communistes".

Un "accord de coin de table", de la "tambouille politicienne"? M. Mélenchon a même parlé lundi de "gauche gouvernementale et partidaire", soucieux de distinguer sa propre dynamique de tout appareil politique, après avoir déjà abandonné pendant la campagne le terme "gauche", préférant parler du "peuple".

A quoi répond en général un soupir du côté des partis qui auraient souhaité des candidatures communes.

- Chute de popularité -

"Même quand on fait une offre de rassemblement intelligente, respectueuse de tous, le fait que la main ne soit pas saisie est assez terrible", a commenté lundi M. Laurent, secrétaire national du parti communiste, convaincu d'une "attente profonde de rassemblement dans le pays".

"Il y a une erreur à penser qu'une seule formation politique, celle de La France insoumise, va définitivement remplacer absolument tout le monde à gauche", a-t-il renchéri mardi.

Pierre Laurent, secrétaire national du parti communiste, lors du lancement de la campagne de son parti pour les législatives, le 11 mai 2017 à Paris
Pierre Laurent, secrétaire national du parti communiste, lors du lancement de la campagne de son parti pour les législatives, le 11 mai 2017 à Paris
AFP

"Soit il n'y a que des Insoumis soit il n'y a personne", a déclaré David Cormand, secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, pour résumer la stratégie selon lui suivie par M. Mélenchon. Il s'est interrogé sur "le niveau de pureté" qu'il faut avoir pour traiter avec un mouvement dont "l'exigence, c'est la soumission".

De fait, sa main tendue juste après le premier tour n'a pas résisté aux conditions imposées par La France insoumise: se réclamer du programme de M. Mélenchon, l'Avenir en commun, signer une charte d'engagement à une discipline de vote et au rattachement financier à son association de financement, et enfin faire campagne avec un matériel reprenant la charte graphique du mouvement, y compris le "phi" devenu caractéristique.

"Quand (les Insoumis) sont en difficulté, ils ouvrent, quand ils sont en dynamique, ils freinent", analyse un soutien de la première heure de M. Mélenchon, rappelant le précédent de 2012 où le candidat n'avait pas réussi à faire fructifier ses 11% à la présidentielle.

"Dans l'histoire récente, on a vu qu'il ne suffisait pas d'avoir la main" pour emporter une majorité, ajoute cette source. François Bayrou en 2007, Olivier Besancenot en 2002: les exemples sont nombreux de succès à la présidentielle restés stériles aux législatives.

La personnalité "hégémonique" de M. Mélenchon est souvent mise en cause, alors que sa popularité a chuté de 17 points par rapport au mois d'avril, selon le baromètre Elabe.

"Il paye sa difficulté à reconnaître son élimination au soir du premier tour, qui lui a donné l'image d'un mauvais perdant, mais aussi son refus de donner une consigne de vote claire dans l'entre-deux-tours", décrypte Yves-Marie Cann, directeur des études politiques d'Elabe.

Pour lui ce sont les nouveaux convertis des dernières semaines avant le premier tour de la présidentielle qui ont aussi été les premiers à déserter M. Mélenchon.

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