La guerre plonge l’Ukraine dans une situation humanitaire « critique »

La guerre plonge l’Ukraine dans une situation humanitaire « critique »

« Le pays est en train d’être décimé sous les yeux du monde », alertait le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres le 14 mars lors d’une conférence de presse. Depuis cette date, le décompte du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) ne cesse de grimper et le nombre de personnes nécessitant une aide humanitaire d’urgence poursuit sa croissance exponentielle.
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« Ce scénario horrible démontre quelque chose qui est toujours malheureusement toujours vrai : les civils paient toujours le prix le plus élevé », a déclaré l’ex-premier Ministre Portugais lors de sa visite en Ukraine. Le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Antonio Guterres s’était rendu dans les villes martyres d’Irpin, de Borodynaka et de Boutcha.

25 % de la population ukrainienne, nécessite une assistance humanitaire d’urgence

« Au moins 15,7 millions de personnes ont maintenant un besoin urgent d’aide humanitaire et de protection », précisait le 21 avril Amin Awad, sous-secrétaire général de l’ONU et coordinateur des Nations Unies pour la crise en Ukraine lors d’une conférence de presse à Lviv. Depuis le 24 février, l’armée de Vladimir Poutine a semé selon le haut fonctionnaire international, « la souffrance, la dévastation et la destruction à une échelle massive » en Ukraine. Au total, c’est près de 25 % de la population ukrainienne qui a besoin d’une assistance humanitaire d’urgence.

2 899 civils tués depuis le 24 février

Au 29 avril, le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme avait également enregistré 6 134 victimes civiles, dont 2 899 tués et 3 235 blessés depuis le début de la guerre. Les combats ont également causé des dégâts lourds sur les infrastructures civiles. D’après un décompte établi le 18 avril par le ministère ukrainien de l’Education, repris par l’ONU : « 976 établissements scolaires ont été endommagés, et 95 écoles détruites dans le pays. » Toujours d’après le coordinateur de l’ONU en Ukraine Amin Awad, « plus de 136 établissements de santé ont été attaqués » depuis le 24 février.

Les situations les plus critiques se concentrent plus particulièrement à l’Est et dans le Nord du pays, deux régions où les combats sont particulièrement intenses et violents. Dans un bulletin d’information publié le 11 avril, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires responsable (BCAH) de l’ONU affirme que les conditions sont « catastrophiques » dans les villes de Kharkiv, Marioupol et Sievierodonestk. Les combats entre Russes et Ukrainiens ont également impacté le réseau d’approvisionnement en eau potable. L’ONU estime à 1,4 millions d’Ukrainiens privés d’un accès à l’eau. Des dizaines de milliers de personnes n’auraient pas accès au chauffage, à l’électricité, à la nourriture et aux soins de santé.

« Un tiers des terres agricoles pourraient ne pas être cultivées en 2022 »

Sur l’aspect alimentaire, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a alerté l’opinion sur le risque de crise alimentaire. « Le problème n’est pas tant la disponibilité de nourriture mais plutôt l’accès à la nourriture, que ce soit physiquement ou économiquement », explique Jakob Kern, coordinateur des urgences du PAM. La nourriture est l’une « des trois principales préoccupations des gens après la sécurité et le carburant pour le transport », a-t-il déclaré.

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) indique que la guerre va profondément désorganiser le système agricole ukrainien. « Un tiers des terres agricoles pourraient ne pas être cultivées en 2022 », explique l’agence Onusienne. Les raisons : la destruction d’infrastructures, des cultures et la mobilisation importante de la population active. Cette paralysie ne « décime pas seulement l’Ukraine », expliquait le directeur du PAM David Beasly à l’agence Reuters le 30 mars, mais « aura un impact mondial qui dépassera tout ce que nous avons pu connaître depuis 1945. »

Marioupol, « une crise dans la crise »

Lors de son déplacement à Moscou le 26 avril, le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres a intensifié les appels auprès des autorités russes afin de créer des couloirs humanitaires pour qu’une aide puisse être acheminée et les civils piégés, évacués. « Crise dans la crise » d’après le secrétaire général, le sort des civils piégés à Marioupol inquiète l’organisation. Début avril, le gouverneur ukrainien de la région de Donestsk, Pavlo Kirilenlo faisait état lors d’un entretien à CNN qu’entre « 20 000 et 22 000 personnes sont mortes à Marioupol », un chiffre pour le moment invérifiable et non confirmé par l’ONU.

Assiégée par les Russes depuis plusieurs semaines et pilonnée par l’artillerie, la situation dans la ville côtière est particulièrement critique. Peuplée d’un demi-million d’habitants avant le début des hostilités, la population est aujourd’hui estimée entre 100 000 et 120 000 personnes. Interrogée sur BFMTV ce lundi 2 mai, Tatiana Lomakina, conseillère de la présidence ukrainienne, affirmait que l’évacuation des derniers civils retranchés dans le complexe industriel d’Azovstal, « se poursuit » sous le contrôle de l’ONU et du Comité international de la Croix Rouge. Les civils évacués sont conduits vers Zaporijjia, ville sous contrôle de l’Ukraine située à 230 kilomètres au nord.

La crise migratoire sans précédent

L’offensive russe a également poussé des millions d’Ukrainiens sur les routes de l’exode. « La guerre a déraciné plus de 12,4 millions de personnes au cours des deux derniers mois », précise le HCR le 26 avril. 5,4 millions d’entre eux ont fui et traversés les frontières pour trouver refuge dans les pays voisins, principalement en Pologne. Une situation migratoire inédite depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Face à cette situation inédite, l’Ukraine peut compter sur le principe de « solidarité européenne. » « Nous accueillons à bras ouverts les Ukrainiens qui sont contraints de fuir les bombardements de Poutine et je suis fière de l’accueil chaleureux que les Européens leur ont déjà réservé », avait indiqué la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 27 février.

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