La jeune garde LR pousse ses pions dans un parti en crise profonde

La jeune garde LR pousse ses pions dans un parti en crise profonde

Ils sont loin d'être tous sur la même ligne, mais la nouvelle génération des députés LR a en commun de vouloir peser dans la reconstruction du...
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Par Charlotte HILL

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Ils sont loin d'être tous sur la même ligne, mais la nouvelle génération des députés LR a en commun de vouloir peser dans la reconstruction du parti, dont la crise s'amplifie avec le départ de Valérie Pécresse.

"Il n'est pas besoin chez nous de surjouer des différences artificielles pour exister", a dit dans l'hémicycle mercredi soir l'un des ces jeunes LR, Fabien di Filippo, au sujet de la présidente de la région Ile-de-France qui venait d'opter pour une refondation "à l'extérieur du parti".

Malgré ce départ fracassant, qui suit celui de Laurent Wauquiez après la déroute des européennes, la jeune garde tient ferme "sur la même ligne : rester dans le mouvement" a affirmé l'un d'eux à l'AFP.

Mardi, cette dizaine d'élus déjà roués - même si la plupart sont entrés pour la première fois au Palais Bourbon en 2017 - avaient affiché leur détermination, en présentant groupés leur projet de "Comité du renouvellement" au sein du parti.

Ils venaient d'être adoubés par le patron des députés LR Christian Jacob qui avait salué leur "bonne initiative", insistant aussi sur la "volonté d'unité" du groupe. Une démarche également jugée "intelligente" jeudi dans le Parisien par le président par intérim des Républicains Jean Leonetti, qui entend faire une place à certains dans les instances LR.

Marine Brénier à l'Assemblée nationale, le 10 janvier 2017 à Paris
Marine Brénier à l'Assemblée nationale, le 10 janvier 2017 à Paris
AFP

Il faut permettre à "une nouvelle génération de faire respirer les idées" de la droite, affirme le collectif.

Pour Thibault Bazin, la jeune garde est "convaincue qu'il faut revenir à un état d'esprit d'équipe" alors que "la logique des primaires a encouragé des stratégies de différenciation pour exister médiatiquement".

"Nous mettons de côté nos différences pour reconstruire la droite de demain", affirme Marine Brenier, proche de Christian Estrosi, alors que ces députés sont issus de chapelles couvrant largement le spectre de LR.

Parmi eux figurent Aurélien Pradié, Pierre-Henri Dumont ou encore Virginie Duby-Muller.

Le jeune élu de l'Essonne Robin Reda, 28 ans, qui a quitté LR dans le sillage de Valérie Pécresse, n'était pas parmi les onze ayant lancé la démarche. Il n'a pas prévu de quitter le groupe à l'Assemblée "pour le moment", car, a-t-il dit à l'AFP, "c'est le seul de droite dans l'opposition".

- "Ils ont du jus" -

Quid de l'avenir de la démarche ? Elle "a le mérite d'exister" mais on ne peut les classer "nulle part", observe un responsable LR, selon qui ils n'ont "pas de poids ni d'accord entre eux". Christian Jacob juge "plutôt sain" cette diversité, à l'image du parti.

D'après un collègue à peine plus âgé, ils "se sont fait tacler" par leurs pairs en début de semaine. Un autre affirme que leur initiative a été "très très mal perçue par les 90 autres députés" du groupe. C'était "plutôt amical et paternaliste", tempère M. Jacob.

Il reconnaît que le parti a une "difficulté à parler aux jeunes", alors que selon plusieurs enquêtes, le score de LR chez les moins de 35 ans était encore inférieur au résultat global historiquement bas aux européennes (8,48%).

Le nouveau collectif veut justement "parler aux jeunes Français qui ne regardent plus" leur formation et s'atteler aux sujets "abandonnés" par la droite comme le handicap ou l'environnement, selon Aurélien Pradié.

Ces élus occupent déjà largement le terrain parlementaire depuis le début de la législature: ils sont les trublions des questions au gouvernement et portent souvent la parole de leur groupe sur les textes.

Ils sont "solides sur le fond, et sur la forme ils ont du jus", selon M. Jacob. Et ils parviennent à "terroriser les députés de la majorité", d'après Marc Le Fur (LR).

Mais un ténor déplore qu'ils n'aient pas apporté "tant que ça d'idées nouvelles". "Ils se voyaient tous shadow-ministres", dans le contre-gouvernement LR présenté en novembre, selon cet élu. "C'est juste une petite poussée de boutons parce qu'ils se sont sentis pas suffisamment pris en compte".

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