La justice va enquêter sur la rumeur du « compte aux Bahamas » d’Emmanuel Macron

La justice va enquêter sur la rumeur du « compte aux Bahamas » d’Emmanuel Macron

La justice a ouvert jeudi une enquête pour savoir qui a lancé la rumeur, reprise la veille devant des millions de Français par...
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Par Andréa BAMBINO

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La justice a ouvert jeudi une enquête pour savoir qui a lancé la rumeur, reprise la veille devant des millions de Français par Marine Le Pen lors du débat d'entre-deux-tours, sur un compte aux Bahamas de son adversaire Emmanuel Macron.

Dernier soubresaut judiciaire d'une campagne marquée par les affaires, ce nouvel épisode intervient au lendemain d'un face-à-face tendu entre les deux candidats.

Vers la fin du duel, alors que le candidat centriste accusait le FN d'être "le parti des affaires", Marine Le Pen a lancé, comme un avertissement: "J'espère que l'on n'apprendra pas que vous avez un compte offshore aux Bahamas."

L'attaque n'avait rien d'anodin ni de hasardeux. Car à ce moment-là circulaient déjà sur la Toile des allégations similaires, avec des documents censés le démontrer.

Dès jeudi matin, Emmanuel Macron a déposé plainte et le parquet de Paris a immédiatement ouvert une enquête pour faux, usage et recel, ainsi que divulgation de fausses nouvelles en vue de détourner les suffrages, un délit prévu par le code électoral, a indiqué une source judiciaire.

En déplacement en fin d'après-midi dans le Tarn, le candidat a évoqué "une action extrêmement organisée sur internet". "Ces +fake news+ qui peuvent déstabiliser les gens (...) quand elles touchent des sujets aussi graves que celles-là, il faut réagir de manière immédiate", a ajouté M. Macron.

Les investigations ont été confiées à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), qui tentera de déterminer d'où est partie cette rumeur.

- 'Falsification grossière' -

L'équipe de campagne du candidat d'En Marche! a cherché à décortiquer son circuit et l'a présenté dans un document de huit pages sur ce qu'elle a appelé un "cas d'école" de "fake news".

D'après l'équipe du candidat, cette "manipulation", "minutieusement préparée" et d'un "degré élevé de sophistication", a commencé à 19H00, deux heures avant le début du débat, sur le forum 4chan.

Un anonyme assure que les journalistes français refusent de diffuser des informations en leur possession sur des faits d'évasion fiscale d'Emmanuel Macron. Il joint deux documents censés montrer que le candidat possède une société, baptisée "La Providence" à Nevis, une île des Caraïbes. Avec une "falsification grossière" de la signature d'Emmanuel Macron, assure son équipe, qui a reproduit le vrai et le faux paraphe pour montrer la supercherie. Les documents accusateurs ont aussi été reproduits par le site disobediantmedia.com.

Quelques minutes plus tard, l'information apparaît sur Twitter et va être "massivement relayée" par "des comptes Twitter de soutien" au président américain Donald Trump, puis sur des comptes proches de sites favorables au chef d'Etat russe Vladimir Poutine comme Sputnik et RussiaToday, affirme l'équipe d'En Marche!.

L'entourage du candidat se demande aussi pourquoi Marine Le Pen a pris "la précaution curieuse de présenter" l'information "comme encore à venir, comme si elle en avait l'intuition prémonitoire", alors que l'opération était déjà en cours.

Pour une source proche du dossier interrogée par l'AFP, "il n'est pas certain du tout que les enquêteurs puissent remonter à l'auteur de la diffusion de l'information", surtout si elle émane de l'étranger.

Ancien banquier chez Rothschild, Emmanuel Macron a dû plusieurs fois faire face à des attaques sur l'évolution de son patrimoine, alors que la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), chargée de contrôler les déclarations de patrimoine des élus et des ministres, n'avait rien trouvé de problématique.

"J'entends parler de tout. Il y a un héritage caché, j'ai des comptes dans des paradis fiscaux", avait-il ironisé quelques jours avant le premier tour, avant de se livrer à une "opération transparence" pour expliquer ce qu'il avait fait de ses trois millions d'euros gagnés entre 2009 et 2014.

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