La loi Elan  « est dangereuse » pour l’architecte Christian de Portzamparc
Invité de l’émission « On va plus loin », l’architecte et urbaniste, Christian de Portzamparc, alerte sur les dangers de la loi Elan, actuellement en discussion au Sénat.

La loi Elan « est dangereuse » pour l’architecte Christian de Portzamparc

Invité de l’émission « On va plus loin », l’architecte et urbaniste, Christian de Portzamparc, alerte sur les dangers de la loi Elan, actuellement en discussion au Sénat.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Alors que la loi Elan est toujours en discussion au Sénat, de nombreuses associations et organisations professionnelles se mobilisent contre le texte. C’est le cas des architectes. Ces derniers estiment que cette loi viendrait affaiblir leur travail et leur liberté.

Parmi eux, l’architecte et urbaniste, Christian de Portzamparc, très investi. Celui qui vient de recevoir le preamium Imperiale 2018, le « Nobel » des arts, explique : « L’architecture est un art public. On a une loi qui a été faite en 77 qui disait en son titre : « l’architecture est d’intérêt public ». Pour cela, il faut que tous les bâtiments publics soient soumis à des concours (…) Sans cette loi-là, je ne serais pas là à vous parler (…) On a tous commencer plus ou moins par des concours de logements sociaux. »

 Il poursuit : «  Je suis impressionné et heureux des réformes que fait le gouvernement. [Mais] je dis que cette loi, qui veut changer les choses est dangereuse. Elle a un slogan qui dit : « Il faut qu’on construise plus vite, moins cher et mieux ». Je trouve que c’est un peu fou et dangereux. Qu’on fasse plus vite et qu’on fasse moins cher, nous essayons toujours. Prétendre qu’on va être mieux parce que c’est moins cher, c’est déjà un peu dangereux. Tout n’est pas mauvais dans cette loi (…) Mais il y a ce danger que soulignent en ce moment les architectes, c’est qu’on enlève les concours pour le logement social (…) je suis pour des concours nouveaux, rapides, avec oral, qui fassent toujours venir deux débutants. Et je suis sûr qu’(avec) ces oraux, les promoteurs comprendront qui ils ont en face d’eux.  Je suis d’accord avec eux, qu’il faut qu’ils choisissent leur architecte. Il ne faut pas leur imposer avec un concours quelqu’un qu’ils ne comprennent pas, avec qui ils vont se disputer pendant 5 ans. »

 

Pour Christian de Portzamparc, cette loi Elan risque de marquer un retour en arrière, d’avant la loi de 1977 : « Ne revenons pas dans un bâclé trop vite pour les logements sociaux, qui vont faire les logements problématiques de demain. Ne recommençons pas ça. »

Et d’ajouter, toujours à propos de la loi Elan : « Il y a des choses vraiment très fausses (…) Il y a des phrases qui disent « les concours, il faut les supprimer parce que ça ne juge que des aspects esthétiques » (…) c’est (…) faux. Les architectes que nous sommes, quand on fait un concours, on se préoccupe du prix (…) Il faut préserver absolument dans ce cadre nouveau l’intérêt public. C'est-à-dire que l’architecte doit être indépendant. Il ne faut pas que je devienne une sorte de salarié d’Eiffage, parce que je ne serais plus, pour le coup, libre. »

 Autre conséquence possible de cette loi Elan pour l’architecte, si les concours sont retirés  dans le public, peu à peu le privé fera de même et il y a un risque alors que «le fils, le neveu de quelqu’un (…) soit choisi » et non plus un architecte reconnu pour son travail.

 

Vous pouvez voir et revoir cet entretien, en intégralité :

Interview de l'architecte Christian de Portzamparc (en intégralité)
09:29

Partager cet article

Dans la même thématique

« Déni démocratique », « inqualifiable » : la nomination de Michel Barnier fait l’unanimité contre elle dans la gauche du Sénat
5min

Politique

Budget 2026 : la gauche dénonce un budget qui fait payer « à tous les Français les avantages de quelques-uns »

Après les annonces de François Bayrou, la gauche sénatoriale dénonce un budget « profondément inégalitaire », qui fait payer à tous les « largesses fiscales » du gouvernement à l’égard des grandes fortunes ces dernières années. Alors que le spectre de la censure plane sur le gouvernement Bayrou, les socialistes semblent miser sur la contribution de solidarité mais préviennent : si le dispositif n’est pas à la hauteur, « ça ne sera pas possible. »

Le

France Budget
6min

Politique

Budget de François Bayrou : « Ce n’est pas d’une violence inouïe, par rapport à ce qu’on risque si on ne fait pas d’efforts », selon François Patriat

Après le plan d’économies de près de 44 milliards d’euros annoncé par le premier ministre, le socle commun est à peu près satisfait au Sénat, d’autant que les propositions de la Haute assemblée ont été en partie reprises. Mais sur la question des collectivités, ça grince chez les LR.

Le

Conclusion of the Summit for the Future of New Caledonia at the ÉlysÃ’e Palace
6min

Politique

Nouvelle-Calédonie : « Cet accord offre une solution pérenne »

C’est une signature « historique ». Un an après les violences insurrectionnelles en Nouvelle-Calédonie qui ont fait 14 morts, un accord a été trouvé entre les indépendantistes et les non-indépendantistes. Principale mesure : la création d’un Etat calédonien dans la Constitution française assortie d’une nationalité calédonienne. Le sénateur non-indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, Georges Naturel pointe un texte qui va « améliorer la qualité de vie des citoyens ».

Le

Budget 2026 : suivez en direct les annonces de François Bayrou
12min

Politique

Budget 2026 : suppression de 2 jours fériés, année blanche, contribution des hauts revenus... Ce qu'il faut retenir des annonces de François Bayrou sur le budget

C'était un moment attendu. Le Premier ministre a présenté à partir de 16 heures ses grandes orientations budgétaires. Pour tenir la trajectoire de réduction de déficit, le gouvernement prévoit finalement 43,8 milliards d’euros d’effort budgétaire. Pour ce faire, le premier ministre propose notamment une année blanche, la suppression de 2 jours fériés. Retrouvez ici l'ensemble des annonces de François Bayrou.

Le