La majorité veut réorienter l’épargne des Français vers les PME
Beaucoup d'épargne, mais trop peu de financement pour les entreprises: les acteurs financiers ont dévoilé lundi devant la...

La majorité veut réorienter l’épargne des Français vers les PME

Beaucoup d'épargne, mais trop peu de financement pour les entreprises: les acteurs financiers ont dévoilé lundi devant la...
Public Sénat

Par Valentin BONTEMPS, Eleonore DERMY

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Beaucoup d'épargne, mais trop peu de financement pour les entreprises: les acteurs financiers ont dévoilé lundi devant la majorité leurs pistes pour mieux orienter l'argent des Français vers les PME, qui peinent à se développer faute de fonds propres suffisants.

"Je ne crois pas que les Français soient fâchés avec l'économie, avec les entreprises ou avec la Bourse: nous sommes en réalité un vieux pays capitaliste", a déclaré le Premier ministre Edouard Philippe en ouverture d'une rencontre organisée à l'Assemblée nationale par les députés LREM de la commission des Finances.

Mais si la France "dispose d'une épargne abondante, de l'ordre de 15%", l'un des taux les plus élevés au monde, cette épargne "ne finance pas assez l'économie nationale", les Français privilégiant la pierre ou des placements réglementés tels que le livret A ou l'assurance-vie, a-t-il regretté.

Selon la Banque de France, près de 1.920 milliards d'euros dorment sur des contrats d'assurance-vie, dont le rendement baisse de plus en plus. Et les comptes bancaires des Français renferment quelque 400 milliards d'euros non alloués.

Une manne que la majorité souhaite mieux exploiter. L'objectif, c'est de "doubler la part de l'épargne des Français qui va dans les PME", actuellement de 5 milliards d'euros, pour qu'elle atteigne 10 milliards d'ici la fin du quinquennat, a souligné la députée LREM Amélie de Montchalin, à l'initiative de l'événement.

"Les politiques que nous sommes avons rempli notre part du contrat de confiance", avec la réforme fiscale votée cette année, a estimé la parlementaire, évoquant un "passage de relais" aux acteurs financiers. "Vous devez tous redevenir de réels intermédiaires entre l'épargne des Français et nos entrepreneurs", a-t-elle lancé.

- 120 propositions -

La première loi de finances du quinquennat Macron a acté la suppression de l'impôt sur la fortune (ISF) et sa transformation en impôt sur la fortune immobilière (IFI), ainsi que la mise en place d'un prélèvement unique forfaitaire (PFU) de 30% sur les revenus du capital mobilier.

Ces deux mesures, destinées selon la majorité à libérer l'épargne, ont été critiquées par l'opposition socialiste, communiste et Insoumise, qui a dénoncé "un cadeau aux plus riches" et mis en garde contre l'absence de garantie de résultats pour le financement des entreprises.

"Ne laissez jamais dire (...) que nous faisons une politique pour les riches", s'est défendu lundi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, assurant que les réformes gouvernementales allaient soutenir les "PME", "et donc l'emploi".

Le ministre a toutefois appelé les acteurs financiers, en premier lieu les banquiers et assureurs, à faire en sorte que l'argent des Français soit mieux utilisé. "On ne transformera la France que si chacun exerce pleinement ses responsabilités", a-t-il insisté.

Face à cet appel, les intermédiaires financiers conviés au colloque ont élaboré 120 propositions, comme le développement de l'épargne retraite collective et individuelle, la refonte du produit Euro-croissance ou la simplification des conditions de commercialisation des PEA (épargne en actions) et PEA-PME pour les rendre plus attractifs.

"La priorité aujourd'hui est d'imaginer de nouveaux produits d'épargne, plus productifs pour notre économie", a souligné de son côté le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, saluant une initiative en ce sens prévue dans la loi Pacte, qui sera présentée fin avril.

Les Français "sont de plus en plus orientés vers le long terme du fait notamment de la nécessité de préparer leur retraite", a-t-il observé, jugeant "bienvenue" l'idée d'une "assurance-vie de long terme, moins liquide, mais assortie d'une forme de protection du capital, et significativement investie en actions".

Les propositions seront soumises à Edouard Philippe et Bruno Le Maire "dans les prochaines semaines", selon un document de synthèse. Et les intermédiaires financiers devraient de nouveau se réunir à l'Assemblée nationale dans environ six mois, selon Amélie de Montchalin.

Partager cet article

Dans la même thématique

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

La majorité veut réorienter l’épargne des Français vers les PME
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le

Photo horizontale Hollande
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : « Je vois des victimes qui sortent du Bataclan, le regard hagard… », se remémore François Hollande

ENTRETIEN – Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, l'ancien président de la République revient auprès de Public Sénat sur le déroulé des attaques terroristes de Seine-Saint-Denis et de Paris. Il détaille la gestion de la crise et les décisions prises cette nuit-là, mais analyse aussi l'évolution du pays face à cette épreuve.

Le