La passation version Macron: la fabrique d’un monarque républicain
La passation de pouvoirs version Emmanuel Macron: orthodoxie traditionnelle, des accents gaulliens voire guerriers, un discours de "coach" et...

La passation version Macron: la fabrique d’un monarque républicain

La passation de pouvoirs version Emmanuel Macron: orthodoxie traditionnelle, des accents gaulliens voire guerriers, un discours de "coach" et...
Public Sénat

Par Laurence BENHAMOU

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La passation de pouvoirs version Emmanuel Macron: orthodoxie traditionnelle, des accents gaulliens voire guerriers, un discours de "coach" et une re-sacralisation du "monarque républicain", aux antipodes de la "normalité" hollandaise, selon des analystes contactés dimanche par l'AFP.

- Renouveau ou tradition? -

Les deux, expliquent ces analystes. "C'est la fin de la normalité sur laquelle avait misé François Hollande. Emmanuel Macron revisite tous les marqueurs: la remontée des Champs-Élysées debout dans un véhicule militaire comme de Gaulle, les bises à la foule comme Chirac" et "une marche seul vers l'Arc de Triomphe (comme Valéry Giscard d'Estaing, NDLR) pour désigner sa détermination", estime Florian Silnicki, expert en communication politique. "Régalien toujours quand il choisit de rendre visite aux soldats blessés, des gestes essentiels qui signent une présidence dès ses premières heures."

"C'est un putsch générationnel, qui force le départ de la génération de Hollande, et pourtant il n'est pas dans la rupture, ce qui est paradoxal quand on a fait toute sa campagne sur le renouvellement", renchérit son confrère Philippe Moreau-Chevrolet. "Tout change pour que rien ne change. Le roi est mort, vive le roi."

- Style décontracté ou solennel? -

Le président Emmanuel Macron observe une minute de silence devant la tombe du soladat inconnu à l'Arc de Triomphe, à Paris le 14 mai  2017
Le président Emmanuel Macron observe une minute de silence devant la tombe du soladat inconnu à l'Arc de Triomphe, à Paris le 14 mai 2017
POOL/AFP

Un style grave, s'accordent à dire tous les observateurs. "Il est soucieux de verticalité, de hauteur, de gravité. Il veut entrer dans les habits du chef de l’État", souligne le politologue Olivier Ihl. "Il coche méthodiquement tout ce qui peut contribuer à lui donner une image présidentielle qu'il n'a pas encore", note M. Moreau-Chevrolet, qui remarque au passage "le manteau mitterrandien, qui alourdit un peu les épaules et donne une stature".

"Il tente aussi un savant dosage entre hauteur nécessaire et proximité, et met en scène sa capacité d'écoute et d'échange avec les Français en prenant du temps pour dire un mot à chacun", nuance M. Silnicki.

- Le chef de guerre -

La remontée des Champs-Élysées debout dans une "Command Car", sorte de jeep militaire ouverte, a frappé les esprits. "C'est une image étonnante, qu'on verrait plutôt en Amérique du Sud. Un symbole plus gaullien que socialiste, qui rappelle le défilé du 14 juillet, voire la Libération de Paris. C'est très différent de Hollande, qui était dans une voiture décapotable sous des trombes d'eau et de Chirac qui avait refusé qu'on tire les 21 coups de canons" à sa réélection, explique M. Moreau-Chevrolet.

- Des différences avec François Hollande? -

François Hollande (g) et son successeur Emmanuel Macron, le 14 mai 2017 à L'Elysée
François Hollande (g) et son successeur Emmanuel Macron, le 14 mai 2017 à L'Elysée
POOL/AFP

Beaucoup: "Emmanuel Macron choisit de s'enraciner dans la fonction présidentielle en citant tous ses prédécesseurs, comme une inscription dans notre histoire, un élément essentiel ayant manqué à François Hollande, qui n'avait pas loué Nicolas Sarkozy. Et les Français sont attachés à la figure présidentielle pour le consensus qu'elle incarne", commente Florian Silnicki. "Il a compris que ce qui a manqué à François Hollande, c'est le recours aux symboles, pour une mue du candidat élu en monarque républicain. Et il évite les erreurs de François Hollande et Nicolas Sarkozy qui avaient surexposé leur vie privée, ce que rejettent les Français. D'où la discrétion de Brigitte Macron au cours de cette cérémonie."

La première journée du président Emmanuel Macron
Le candidat à la présidentielle française Emmanuel Macron (g) et la chancelière allemande Angela Merkel, lors d'un entretien, le 16 mars 2017 à Berlin
AFP

- Un discours de coach -

"Son apport au discours politique, c'est ce style de discours de thérapie collective, un vocabulaire de coach motivationnel pour dire que non, nous ne sommes pas condamnés au déclin et qu'on peut restaurer une forme d'optimisme. Et il appelle les Français à se mobiliser. On a élu un coach à l’Élysée!" lance M. Moreau-Chevrolet.

Partager cet article

Dans la même thématique

La passation version Macron: la fabrique d’un monarque républicain
5min

Politique

Budget de l’agriculture : le Sénat adopte des crédits en baisse, la gauche dénonce les coupes dans la transition écologique

Dans la nuit de vendredi à samedi, le Sénat a adopté les crédits de la mission agriculture du budget 2026. En prenant en compte les crédits européens, les dépenses fiscales et sociales, l’enveloppe allouée à l’agriculture s’élève à 25 milliards. Toutefois les crédits sont en baisse par rapport au dernier exercice effectivement exécuté en 2024. A gauche, les sénateurs ont dénoncé les fortes coupes dans la transition écologique.

Le

La passation version Macron: la fabrique d’un monarque républicain
2min

Politique

Dermatose des bovins : « Nous ne laisserons aucun éleveur seul », promet Annie Genevard

Alors que le Sénat examine les crédits de la mission agriculture du budget 2026, la ministre, Annie Genevard a assuré que l’Etat serait aux côtés des éleveurs de bovins touchés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et a réaffirmé la politique d’abattage de toutes les bêtes des foyers affectés et d’une vaccination élargie.

Le

Paris : Session of the examination of the government of the finance bill PLF
11min

Politique

Budget : les tractations ont commencé pour tenter d’arracher un accord en commission mixte paritaire

Au moment où les sénateurs s’apprêtent à terminer l’examen du budget, les esprits sont déjà dans l’étape suivante, la commission mixte paritaire. Malgré de très grosses différences entre les députés et le texte du Sénat, l’idée d’un accord en CMP fait son chemin. Mais avant de voir une fumée blanche, beaucoup de chemin reste à faire. Pour préparer le terrain, les échanges informels ont déjà commencé.

Le