La police face aux jeunes : la violence par défaut

La police face aux jeunes : la violence par défaut

Indésirables, voilà comment sur les registres de police, les jeunes sont parfois qualifiés. Dans son film « Police, illégitime violence », le réalisateur Marc Ball interroge la légitimité de ces violences, morales et physiques, commises par la police sur des jeunes de cité. Un film qui s’appuie sur des témoignages édifiants de victimes, et de policiers qui dénoncent les dérives de leurs collègues sur fond de malaise dans leur profession.
Public Sénat

Par Mariétou Bâ

Temps de lecture :

2 min

Publié le

Mis à jour le

« Là-bas ! En position de contrôle ! », le documentaire de Marc Ball commence par une scène banale mais qui dérange. Sans nécessité apparente, une policière procède à un contrôle d’identité de deux jeunes, sur un ton agressif. La confrontation est directe, la tension immédiate, à l’image de la relation toujours tendue entre les forces de l’ordre et les habitants des quartiers populaires.

Une première plainte collective portée devant la justice

Des contrôles qui trop souvent tournent mal. Mai 2015. Une dizaine de jeunes flânent dans une rue du XIIe arrondissement de Paris. Certains sont assis sur un banc, d’autres bavardent. Arrivés sur les lieux des officiers de police leur demandent de partir. Avant de s’exécuter Ryan, 14 ans à l’époque des faits, leur adresse une moue de colère. Immédiatement le ton monte et les trois des policiers le plaquent contre le mur. Les coups pleuvent, jusqu’aux insultes sur ses origines libanaises.

Rayan, 18 ans, victime de violences policières
00:22

 

« Là-bas ! En position de contrôle ! »

L’affaire aurait pu ne pas connaître de suite. Sauf que cette fois-ci, Rayan et ses amis déposent plainte. C’est ce combat contre les comportements abusifs des policiers qu’a décidé de raconter le cinéaste dans son enquête minutieuse. Trois ans après les faits début 2018, aidés par un collectif d’avocats emmené par maître Slim Bern Achour, les jeunes « du douzième » entament une procédure. C’est la première fois qu’une plainte collective pour violences policières est portée devant la justice. 

Jeunes et policiers : deux bandes face-à-face ?

Comment sortir de ce face-à-face parfois mortel, entre des policiers mal formés, et des jeunes « indésirables » qui se transmettent de générations en générations la peur des « flics » ? Des pistes existent, comme ces ateliers de paroles. Des moments de vérités, où chacun quand il le peut, reconnait ses torts. Y compris dans la police, où, même si les choses changent, témoigner contre les agissements d’une minorité reste difficile à visage découvert.

Des policiers qui dénoncent aussi les moyens qui manquent, les risques psychosociaux et la pression du chiffre. Un poids parfois trop lourd qui pèse sur les hommes, derrière les uniformes.

"Un policier, s'il veut compter sur ses collègues, il doit se taire"
00:41

Fait rare, le procureur de la République condamnera les policiers à cinq mois de prison avec sursis, pour violence illégitime sur des mineurs. Ils ont fait appel de la décision.

Dans la même thématique

Weekly cabinet meeting at Elysee Palace, Paris, France – 12 Jan 2024
5min

Société

Prostitution : un nouveau plan de lutte présenté ce jeudi, huit ans après la loi pénalisant les clients

Alors que la loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées, peine encore à produire ses effets, le gouvernement a annoncé la présentation d’un nouveau plan pour lutter contre la prostitution, à l’aube d’une augmentation inquiétante des chiffres chez les mineurs. Selon les associations, ils seraient entre 7 000 et 10 000 à être aujourd’hui prostitués, un chiffre qui a doublé ces dernières années.

Le

Enfants et ecrans
4min

Société

Rapport sur l’usage des écrans chez les enfants : « Nous avons perdu six ans », déplore la sénatrice Catherine Morin-Desailly

Commandé par l’exécutif, le rapport d’experts sur l’usage des écrans chez les enfants a été remis au président de la République ce 30 avril. En 2018, le sujet avait déjà fait l’objet d’une proposition de loi largement votée au Sénat, mais jamais discutée à l’Assemblée. Auteure du texte, la sénatrice centriste Catherine Morin-Desailly dénonce aujourd’hui « une perte de temps ».

Le

A national gendarmerie van entering the Paris courthouse
7min

Société

Meurtre de Matisse à Châteauroux : qu’est-ce que l’excuse de minorité, que le gouvernement souhaite réformer ?

Alors que de multiples faits divers concernant des mineurs font l’actualité ces dernières semaines, le dernier en date, le meurtre de Matisse, 15 ans, poignardé à mort, samedi dernier à Châteauroux, par un mineur afghan âgé lui aussi de 15 ans et placé sous contrôle judiciaire, cinq jours avant le meurtre, Gabriel Attal a annoncé, le 18 avril dernier, souhaiter « ouvrir le débat » sur l’excuse de minorité. Mais au fait, à quoi fait référence cette qualification pénale, qui revient régulièrement dans les discussions ?

Le