La rivalité Hamon-Mélenchon éloigne l’hypothèse d’une nouvelle « gauche plurielle »
Benoît Hamon a puisé vendredi et samedi au Portugal "l'inspiration politique" d'une majorité de gauche plurielle, pendant que l'hypothèse d'une...

La rivalité Hamon-Mélenchon éloigne l’hypothèse d’une nouvelle « gauche plurielle »

Benoît Hamon a puisé vendredi et samedi au Portugal "l'inspiration politique" d'une majorité de gauche plurielle, pendant que l'hypothèse d'une...
Public Sénat

Par Lucile MALANDAIN

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Benoît Hamon a puisé vendredi et samedi au Portugal "l'inspiration politique" d'une majorité de gauche plurielle, pendant que l'hypothèse d'une alliance avec Jean-Luc Mélenchon semblait s'effondrer en France.

"Je ne courrai pas après Jean-Luc Mélenchon, je ne cours après personne, je n'oblige personne", a prévenu un Benoît Hamon ferme samedi, à l'issue d'un déplacement au pas de course, à la rencontre de la formule magique de la gauche portugaise.

"Oui maintenant je le dis, je suis le mieux placé pour faire gagner la gauche", a précisé le candidat socialiste rappelant n'avoir jusqu'ici "jamais fait un préalable" de sa popularité visible dans les intentions de vote à toute négociation avec des concurrents.

La veille, le candidat de La France insoumise avait affirmé qu'il n'avait "pas l'intention de s'accrocher à un corbillard" en parlant du Parti socialiste.

Semblant découvrir samedi les propositions européennes de M. Hamon, il a également dénigré dans un billet posté sur Facebook des "simagrées unitaires actuelles" alors qu'il est en désaccord total avec ce projet.

Jean-Luc Melenchon, le 18 février 2017 à Paris lors d'une manifestation contre les violences policières
Jean-Luc Melenchon, le 18 février 2017 à Paris lors d'une manifestation contre les violences policières
AFP

Les deux hommes se sont pourtant parlés au téléphone vendredi, et ont assuré avoir convenu de se rencontrer à la fin de la semaine prochaine.

"Ce sketch va finir par lasser les Français, on va discuter avec les forces de gauche mais on va surtout discuter avec les électeurs", a commenté Pascal Cherki, un très proche de M. Hamon présent à Lisbonne. "Quand on veut discuter, on ne dit pas ça aux gens", a-t-il estimé, constatant que M. Mélenchon "a fermé la porte des discussions".

Le très hypothétique accord entre les deux hommes court depuis trois semaines maintenant que l'ancien ministre de l'Education a remporté la primaire socialiste.

M. Cherki a rappelé néanmoins que des discussions se poursuivaient avec le Parti communiste, où certaines voix plaident pour un rapprochement, le Parti radical de gauche, le Mouvement républicain et citoyen mais aussi qu'un accord avec le candidat écologiste Yannick Jadot était imminent.

- Un plan pour relancer l'UE -

La volonté de M. Hamon de s'entendre avec M. Mélenchon était censée s'illustrer par ce premier déplacement, symboliquement au Portugal, où un gouvernement socialiste conduit le pays avec l'appui d'une majorité composée des communistes et de la gauche radicale.

Samedi d'ailleurs, après avoir rencontré le Premier ministre Antonio Costa qui a réalisé cet exploit, M. Hamon a répété son admiration devant cette "majorité bringuebalante mais qui fonctionne".

Il avait pu constater la veille, en rencontrant Catarina Martins, la responsable du Bloc de gauche, combien les divergences, notamment sur l'intégration européenne, demeuraient entre ces différents partis qui ne se sont entendus qu'après les élections législatives.

Avec M. Costa, le climat a semblé plus harmonieux, même si les deux hommes ont constaté qu'à l'heure actuelle "le poids de la gauche en Europe n'est pas le plus favorable qui soit", a reconnu M. Hamon.

Ce dernier était également venu au Portugal dans le but de porter son projet européen, notamment l'écriture d'un nouveau traité budgétaire pour créer une assemblée de la zone euro.

Composée de députés nationaux, en proportion de la population de chaque pays, l'objectif de cette assemblée est de sortir du huis clos des Eurogroupes, où les ministres des Finances de l'union monétaire prennent entre eux des décisions aussi importantes que la dette grecque ou l'harmonisation fiscale.

M. Hamon plaide aussi pour une "nouvelle défense européenne" et un traité sur la transition énergétique, sur le modèle de la communauté européenne de l'acier et du charbon.

"Je mets sur la table les premières briques de ce qui pourrait être une stratégie de relance de la construction européenne", a-t-il expliqué vendredi en arrivant à Lisbonne.

M. Hamon a également trouvé dans la capitale portugaise l'inspiration pour une de ses mesures phares: la légalisation du cannabis.

"La légalisation du cannabis est un moyen de tuer les trafics, plutôt que les trafics tuent", a déclaré M. Hamon à l'issue d'une rencontre avec João Goulão, directeur de l'organisme qui a présidé au choix portugais, il y a quinze ans, de dépénaliser toutes les drogues. Un choix qui a fait ses preuves avec notamment la division par deux du nombre de consommateurs d'héroïne.

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