Le départ d’un proche de Mélenchon provoque une crise à LFI
Le départ d'un proche de Jean-Luc Mélenchon, Djordje Kuzmanovic, assorti d'un grand déballage sur le "manque profond de...

Le départ d’un proche de Mélenchon provoque une crise à LFI

Le départ d'un proche de Jean-Luc Mélenchon, Djordje Kuzmanovic, assorti d'un grand déballage sur le "manque profond de...
Public Sénat

Par Baptiste BECQUART

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le départ d'un proche de Jean-Luc Mélenchon, Djordje Kuzmanovic, assorti d'un grand déballage sur le "manque profond de démocratie" dans une France insoumise "aux mains d'un petit groupe de nouveaux apparatchiks", fait éclater au grand jour les tensions qui agitent le mouvement.

Les dissensions s'accumulaient en interne depuis six mois, et une première vague de départs avait eu lieu à l'été. Mais une seconde crise, plus violente, a éclaté mercredi avec la tribune abrasive dans Marianne par laquelle M. Kuzmanovic, qui a corédigé le programme de LFI en matière internationale, annonce et justifie pourquoi il quitte le camp mélenchoniste.

"Ras-le-bol des médias qui nous grillent la moitié de notre temps de parole à nous faire commenter les déclarations personnelles de tel ou tel des 500.000 insoumis", s'est borné à commenter Jean-Luc Mélenchon sur Twitter.

M. Kuzmanovic connaît pourtant Jean-Luc Mélenchon depuis 2005. Il est le tenant d'une ligne associant "souverainisme", défense stricte de la laïcité et héritage social de Jean Jaurès. Sa volonté d'"assécher les flux migratoires" avait provoqué la controverse à gauche en septembre. La goutte d'eau, pour lui, a été son éviction de la liste LFI pour les élections européennes de mai, a-t-il expliqué à l'AFP.

Plusieurs avant lui, tels l'économiste Liêm Hoang-Ngoc et le Collectif des insoumis démocrates (CID), avaient pointé la mainmise d'un cercle autour de Jean-Luc Mélenchon. Mais c'est en réalité "la vaste majorité des militants et des responsables régionaux" qui regrette le "manque profond de démocratie" au sein de LFI, selon Djordje Kuzmanovic.

"La forme horizontale et gazeuse du mouvement, censée reposer sur les initiatives du terrain, recouvre, comme souvent, l'extrême concentration du pouvoir aux mains d'un petit groupe de nouveaux apparatchiks", écrit Djordje Kuzmanovic.

"La critique interne, même bienveillante, est vécue comme une attaque, le pas de côté comme une trahison", a raconté dimanche sur Facebook Corinne Morel Darleux, conseillère régionale d'Auvergne Rhône-Alpes, en actant son départ de la direction du Parti de gauche (PG), composante fondatrice de LFI.

LFI justifie sur son site: "Le comité électoral a décidé de retirer Djordje Kuzmanovic de la liste" pour "des propos considérant comme secondaires les luttes féministes et LGBT", et après "des remarques sexistes".

- "Bras armé" -

Alors que LFI vient d'être sèchement battue, dimanche dans une partielle de l'Essonne, et que la cote de popularité de Jean-Luc Mélenchon s'est affaissée dans divers sondages, un cadre du mouvement confie à l'AFP le climat délétère qui règne en son sein: "Il y a quelque chose dans l'air, entre les affaires, le pilotage sectaire et l'effondrement personnel de Mélenchon suite aux perquisitions. C'est la question de la mort de LFI qui est en question".

En renonçant il y a deux semaines à copiloter avec le directeur des campagnes Manuel Bompard la liste des européennes, Charlotte Girard entendait envoyer un signal que Jean-Luc Mélenchon n'a pas entendu, estime ce cadre.

Le leader insoumis défend le caractère "gazeux" du mouvement, pour éviter de reproduire les travers des vieux partis.

Le rôle du comité électoral est en cause, pour François Cocq, évincé lui aussi lundi de la liste pour les européennes à la suite, de l'aveu même du comité, de ses "prises de positions publiques sur les réseaux sociaux et dans Le Figaro".

Il estime auprès de l'AFP que la "force et le talent des députés" leur ont donné une place trop importante dans le mouvement, le comité électoral étant de son côté devenu "le bras armé" de la direction.

Des accusations "absurdes" selon Martine Billard du comité électoral. Si c'était vrai, "on aurait pu faire une liste avec beaucoup de membres du PG", mais "on a un conducteur de TER, une aide soignante".

Manuel Bompard a souvent répondu aux critiques en faisant valoir que le comité -dont il fait partie- était composé pour moitié de militants tirés au sort.

Mais "des cadres démocratiques forts" faciliteraient les choses "quand des conflits apparaissent", admet un député insoumis.

Le député et coordinateur du PG Éric Coquerel, lui, tient à relativiser. Pour lui, LFI est surtout victime d'une "crise de croissance": "le mouvement avance, à sa création il n'y avait par exemple pas de convention, il y en a désormais, et un forum de débats pourrait être créé".

En l'état, la députée PCF Elsa Faucillon, qui défend pourtant dans sa famille politique un rapprochement avec les Insoumis, regrette que LFI soit "un mouvement qui absorbe plus qu'il n'agrège la diversité".

Partager cet article

Dans la même thématique

Le départ d’un proche de Mélenchon provoque une crise à LFI
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Le départ d’un proche de Mélenchon provoque une crise à LFI
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le

Bruno Retailleau public meeting at Docks 40 in Lyon.
5min

Politique

Tribune de LR sur les énergies renouvelables : « La droite essaye de construire son discours sur l’écologie dans une réaffirmation du clivage gauche/ droite »

Après la publication d’une tribune sur le financement des énergies renouvelables, le parti de Bruno Retailleau s’est retrouvé sous le feu des critiques. Pourtant, en produisant un discours sur l’opposition aux normes écologiques, LR semble revitaliser le clivage entre la gauche et la droite.

Le