Le gouvernement abaisse à 80 km/h la vitesse sur les routes secondaires

Le gouvernement abaisse à 80 km/h la vitesse sur les routes secondaires

Le gouvernement a abaissé mardi de 90 à 80 km/h la limitation de vitesse sur les routes secondaires à double sens, une décision contestée mais...
Public Sénat

Par Simon VALMARY et Marc PRÉEL

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Le gouvernement a abaissé mardi de 90 à 80 km/h la limitation de vitesse sur les routes secondaires à double sens, une décision contestée mais qu'il juge indispensable pour endiguer la hausse de la mortalité routière.

"Notre obsession, c'est de sauver toujours plus de vies chaque année sur les routes", a déclaré le Premier ministre Edouard Philippe à la sortie d'un Conseil interministériel de sécurité routière (CISR) organisé à Matignon.

Ce plan entend faire reculer le nombre de morts sur les routes, reparti à la hausse (3.477 tués en 2016) depuis le plus bas historique de 2013 (3.268). La France n'a plus connu de hausse aussi durable depuis 1972.

Ces 18 "mesures de rupture" ont pour principaux objectifs de "faire baisser la vitesse sur les routes", "lutter contre l'alcool et la consommation de produits stupéfiants" et "l'utilisation de téléphones portables au volant", et "renforcer la sécurité des piétons", a-t-il précisé.

Le Premier ministre Edouard Philippe à Paris, le 21 décembre 2017
Le Premier ministre Edouard Philippe à Paris, le 21 décembre 2017
AFP/Archives

Sa mesure la plus emblématique, l'abaissement à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée sur les 400.000 kilomètres de routes à double sens sans séparateur central (terre-plein, glissière), entrera en vigueur le 1er juillet prochain. Les "deux fois deux voies", soit une centaine de kilomètres "peu accidentogènes", resteront limités à 90 km/h.

"Cette mesure peut permettre de sauver chaque jour une nouvelle vie, soit entre 350 et 400 chaque année", a souligné le Premier ministre, précisant que le surplus de recettes engendré par les PV serait dédié "en intégralité" aux soins des accidentés.

Le gouvernement prévoit d'évaluer ses effets d'ici au "1er juillet 2020". "Si les résultats ne sont pas à la hauteur de nos espérances, le gouvernement prendra (alors) ses responsabilités", a-t-il ajouté.

Source d'interminables débats, cette mesure a toujours été redoutée par les gouvernants en termes d'opinion publique. "Si pour sauver des vies, il faut être impopulaire, j'accepte de l'être" avait prévenu Edouard Philippe dimanche dans le JDD.

Selon un sondage Harris Interactive publié mardi pour RMC et Atlantico, 59% des Français sont opposés à cette mesure, et 83% pensent qu'elle vise surtout à accroître le montant total des contraventions.

Le plan sanctionne plus durement l'usage du téléphone au volant tenu en main qui, combiné avec une autre infraction, conduira immédiatement à la "retenue" du permis et ouvrira la voie à une suspension par les autorités préfectorales.

Il prévoit également d'étendre l'utilisation d'éthylotests antidémarrage (EAD), qui seront désormais obligatoires pour les récidivistes de conduite en état alcoolique.

Il entend protéger davantage les passages piétons avec des marquages au sol imposant aux véhicules de s'arrêter "jusqu'à cinq mètres" en amont et des sanctions plus systématiques pour les automobilistes qui ne les respectent pas.

- "Mesure répressive" -

Environ 40% du réseau routier français est concerné par l'abaissement de la vitesse maximale.

Limitations de vitesse dans l'UE
Limitations de vitesse dans l'UE
AFP

Cette mesure est prônée depuis plusieurs années par des associations de sécurité routière comme la Ligue contre la violence routière. "La priorité des priorités, c'est de diminuer la vitesse sur le réseau le plus dangereux de notre pays", s'est réjouie mardi auprès de l'AFP sa présidente, Chantal Perrichon.

Les routes à double sens hors agglomération ont en 2016 concentré 55% des accidents mortels (1.911 tués).

L'impact précis de cette mesure reste toutefois à ce stade impossible à prédire, faute d'expérimentation sur une durée assez longue notamment. Des observations réalisées sur ces tronçons-tests ont toutefois montré que la vitesse moyenne a baissé, les bouchons n'ont pas augmenté et l'accidentologie est en baisse.

Favorable à la mesure des 80 km/h, le directeur de communication de la Prévention routière Thomas Thieulin a estimé que "plus on diminue la vitesse moins les chocs sont violents et moins les dégâts le sont également".

"La communication sera clé", admet-on à Matignon. Les associations d'automobilistes et de motards, elles, contestent son efficacité.

L'abaissement de la vitesse est "une mesure politique regrettable", a déclaré à l'AFP le président de 40 millions d'automobilistes, Daniel Quéro, en revendiquant 600.000 signataires pour une pétition contre les 80 km/h. "Il n'y a pas de raison de toucher à la vitesse, les véhicules s'améliorent, la qualité des routes aussi", peste-t-il, dénonçant "une mesure répressive de plus".

Le Front national a annoncé qu'il lançait également une pétition et présenterait mercredi un plan de rénovation des routes.

Opposé au 80 km/h, le vice-président des Républicains, Guillaume Peltier, a plaidé pour "des solutions profondes et concrètes plutôt que des solutions marketing", préconisant notamment "une taxation exceptionnelle des grandes sociétés d'autoroutes".

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