Le gouvernement veut « modifier » la SNCF sans toucher à son « caractère public »
Le gouvernement souhaite "modifier les missions, l'organisation, la gouvernance et la forme juridique" de la SNCF sans toutefois remettre en...

Le gouvernement veut « modifier » la SNCF sans toucher à son « caractère public »

Le gouvernement souhaite "modifier les missions, l'organisation, la gouvernance et la forme juridique" de la SNCF sans toutefois remettre en...
Public Sénat

Par Jean LIOU

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le gouvernement souhaite "modifier les missions, l'organisation, la gouvernance et la forme juridique" de la SNCF sans toutefois remettre en question son "caractère public", selon le projet de loi qui permettra le recours à des ordonnances pour accélérer la réforme du secteur ferroviaire.

Présenté mercredi matin au Conseil des ministres par la ministre des Transports Elisabeth Borne, le texte doit être débattu en avril à l'Assemblée nationale et en mai au Sénat. Il comprend huit articles, énumérant sur quatre pages les points à réformer.

"L'objectif est simple, c'est un meilleur service public ferroviaire au meilleur coût pour les usagers et pour les contribuables. C'est aussi une SNCF plus efficace, plus unifiée et ayant tous les atouts dans l'ouverture à la concurrence", a résumé Mme Borne à l'issue du Conseil des ministres.

La ministre des Transports Elisabeth Borne quitte l'Elysée le 8 février 2018 à Paris
La ministre des Transports Elisabeth Borne quitte l'Elysée le 8 février 2018 à Paris
AFP/Archives

Au grand dam des syndicats qui menacent d'une grève dure, le gouvernement entend en particulier "modifier le cadre de la négociation sociale d'entreprise, ainsi que les conditions de recrutement et de gestion des emplois des salariés du groupe public ferroviaire". L'exposé des motifs évoque directement le point ultra-sensible de "l'arrêt des recrutements au statut (de cheminot) des nouveaux agents".

Le texte prévoit aussi la transposition dans la loi française du "quatrième paquet ferroviaire", l'ensemble de textes européens régissant l'arrivée de la concurrence, et ses aspects techniques et sociaux.

"Comme la concertation débute, le projet de loi ne fait qu'indiquer le cadre de la réforme. Au fil de la concertation, dès qu'un sujet aura suffisamment avancé, il sera introduit par amendement dans le débat parlementaire à la place des ordonnances", a expliqué Mme Borne, qui a pour objectif l'adoption de la "loi pour un nouveau pacte ferroviaire" avant l'été.

Quelques recours aux ordonnances sous la Ve République
Sélection de recours controversés aux ordonnances sous la Ve République
AFP

La ministre a déjà indiqué mercredi vouloir ouvrir les TER à la concurrence dès 2019 pour les régions intéressées, les autres ayant encore la possibilité de confier leurs trains à la SNCF jusqu'en 2023.

Déjà inquiets de la perspective d'une réforme de l'entreprise et de l'annonce de la fin des recrutements au statut, les syndicats de cheminots ont très mal pris la décision du gouvernement de recourir aux ordonnances.

- intersyndicale jeudi soir -

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a encore accusé mardi soir le gouvernement de "choisir l'affrontement".

Le poids des syndicats à la SNCF
Le poids des syndicats à la SNCF
AFP

"S'il y a un conflit, il sera de la responsabilité totale du gouvernement" s'il refuse de revoir ses positions et son calendrier, a-t-il averti après avoir été reçu par le Premier ministre Edouard Philippe, à qui la CGT, premier syndicat de l'entreprise ferroviaire, a remis un contre-projet censé "réorienter les décisions du gouvernement".

Quant au secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, il s'est demandé mercredi si le gouvernement n'était pas dans la "stratégie" de l'affrontement sur la réforme , mettant en garde "tous ceux qui, d'un côté ou d'un autre", ne voudront pas "creuser le fond" du problème.

Les quatre organisations représentatives --CGT, Unsa, SUD Rail et CFDT-- ont toutefois choisi d'attendre jeudi soir avant de décider s'ils lançaient ou non une grève dure.

"J'ai bien noté que les organisations (syndicales) se réunissent demain (jeudi). Moi je leur redis qu'il y a des concertations (...), que sur tous les sujets, il y a des choses importantes à discuter, des choses qui sont très attendues par les cheminots", a réagi Elisabeth Borne.

SUD Rail a déjà indiqué qu'il "(exigerait) de l'intersyndicale qu'elle fixe unitairement une date de départ en grève reconductible". Outre des arrêts de travail le 22 mars pour permettre aux cheminots de manifester, on parle chez les syndicalistes du week-end de Pâques, ou des jours suivants.

"Il est très probable qu'on ressorte avec une annonce de grève reconductible", a confirmé mardi soir le secrétaire général de la CGT Cheminots, Laurent Brun.

Le patron de la SNCF Guillaume Pepy doit de son côté expliquer jeudi matin à Mme Borne comment il compte s'y prendre pour préparer le "projet stratégique" qu'il doit présenter avant l'été.

Il doit réorganiser le groupe public et surtout le rendre plus efficace. Edouard Philippe lui a en particulier demandé d'"aligner ses coûts sur les standards européens", quand "faire rouler un train en France coûte 30% plus cher qu'ailleurs".

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture
5min

Politique

Un accord de libre-échange entre la Chine et l'Union européenne serait "extrêmement dangereux" pour cette eurodéputée

Scandale Shein, restrictions sur les terres rares, déferlement d'exportations sur le Continent : ces dernières semaines ont fourni aux européens de nombreux motifs d'inquiétude dans leur relation avec Pékin. Alors que Donald Trump a scellé un accord d'un an avec le président Xi Jin Ping, l'UE semble sur le banc de touche. Un sursaut est-il possible ? Ou bien sommes-nous condamnés à rester à la remorque de la Chine ? Débat dans "Ici l'Europe" avec les eurodéputés Sandro Gozi (Renew, France) et Estelle Ceulemans (S&D, Belgique).

Le

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

Le gouvernement veut « modifier » la SNCF sans toucher à son « caractère public »
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le