Le gouvernement « veut neutraliser le Parlement » s’inquiète Roger Karoutchi

Le gouvernement « veut neutraliser le Parlement » s’inquiète Roger Karoutchi

Roger Karoutchi était ce vendredi l’invité de Parlement Hebdo, sur Public Sénat et LCP-AN. Le sénateur LR des Hauts-de-Seine s’est dit « inquiet » de la dérive vers l’ « antiparlementarisme » du régime et a formulé plusieurs lignes rouges à la révision constitutionnelle envisagée par le gouvernement.
Public Sénat

Par Alice Bardo

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Mercredi, le gouvernement a bloqué le vote du Sénat sur la proposition de loi communiste pour revaloriser les retraites agricoles, en ayant recours à l’article 44.3 de la Constitution. « Trop c’est trop » avertit Roger Karoutchi, pour qui « le Sénat comme l’Assemblée peuvent avoir le sentiment que l’exécutif n’a pas beaucoup de considération pour le Parlement ».

« Sous couvert de réformer les pouvoirs, on veut en réalité neutraliser le Parlement », s’inquiète-t-il également à l’évocation de la réforme constitutionnelle initiée par le gouvernement.

La restriction du droit d’amendement, « une aberration »

« Inquiet », il a formulé plusieurs lignes rouges à la révision de la Constitution, à commencer par la restriction du droit d’amendement. « Le droit d’amendement est un droit individuel » tient à rappeler le sénateur LR des Hauts-de-Seine alors que « le gouvernement actuel veut en faire un droit collectif de groupe ». Selon lui, « c’est une aberration et ce n’est pas constitutionnel ». Il rappelle que lors de la révision constitutionnelle de 2008, l’exécutif avait souhaité un « simple encadrement » de ce droit mais le Conseil constitutionnel avait dit que « ce n’était pas acceptable » : « Comment est-ce que le Conseil constitutionnel pourrait accepter que les parlementaires perdent leur droit individuel d’amendement ? » renchérit l’ancien secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement.

Au-delà, Roger Karoutchi a tenu a rappelé qu’« il y a quinze jours, personne n’évoquait le droit d’amendement ». « Chaque semaine on nous apporte des éléments nouveaux (…) Ce que l’on veut mettre à l’intérieur de cette réforme a beaucoup changé en quatre mois » fustige-t-il.

Outre la restriction du droit d’amendement, le sénateur dit ne pas comprendre l’inscription de la Corse dans la Constitution. Quant à la réduction du nombre de parlementaires, il est « prêt à en discuter » : « Si le Président veut aller à 400 députés, ça me casse les pieds mais on peut regarder. »

L’introduction d’une dose de proportionnelle le crispe un peu plus : « La proportionnelle ce n’est pas franchement notre tasse de thé. » Pour lui, les « 15, 20 voire 25% » souhaités par le gouvernement reviennent à « casser le système politique ».

« Respectons les droits du Parlement »

Concernant la limitation des mandats dans le temps, il met en garde : « Respectons le droit des électeurs de choisir, c’est le minimum dans un pays démocratique. Et respectons les droits du Parlement ! »

 « Je déconseille au Président de recourir au référendum »

Sur la méthode employée pour faire passer cette réforme, Roger Karoutchi « déconseille au Président de recourir au référendum ». Il rappelle que lorsque Matteo Renzi y a eu recours, « l’échec du référendum a marqué le début de la fin » de l’ancien président du Conseil. Et de conclure : « On ne se lance pas dans un référendum institutionnel sans ceintures ni bretelles. Là il n’y a pas de bretelles et la ceinture n’est pas bouclée. »

Dans la même thématique

Le gouvernement « veut neutraliser le Parlement » s’inquiète Roger Karoutchi
6min

Politique

Agences de l’état : Laurent Marcangeli ne veut pas fixer d’objectif chiffré pour éviter la « formation d’anticorps »

Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.

Le

Le gouvernement « veut neutraliser le Parlement » s’inquiète Roger Karoutchi
7min

Politique

Présidence des LR : Laurent Wauquiez cible le « en même temps » de Bruno Retailleau

A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.

Le