Le groupe LR du Sénat prêt à accueillir « Agir » ?
Deux jours après le lancement officiel du nouveau parti « Agir, la droite constructive », Alain Juppé était présent, ce mardi, au groupe  Les Indépendants - République et Territoires, les « Constructifs » du Sénat. Au groupe LR, on ne ferme pas la porte aux membres d’Agir.

Le groupe LR du Sénat prêt à accueillir « Agir » ?

Deux jours après le lancement officiel du nouveau parti « Agir, la droite constructive », Alain Juppé était présent, ce mardi, au groupe  Les Indépendants - République et Territoires, les « Constructifs » du Sénat. Au groupe LR, on ne ferme pas la porte aux membres d’Agir.
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Hasard du calendrier, Alain Juppé était invité ce mardi au groupe Les Indépendants - République et Territoires. Deux jours après le lancement officiel « Agir, la droite constructive »» dans les colonnes du Figaro, l’ancien Premier ministre est un soutien de poids pour cette toute jeune formation politique qui ne revendique, pour le moment, que 19 élus. Mais Alain Juppé n’était pas venu pour prendre sa carte.

Alain Juppé « Il faut toujours construire. Je ne suis pas quelqu’un de destructeur »

Alain Juppé: « Il faut toujours construire. Je ne suis pas quelqu’un de destructeur »
00:29

« Il est au-dessus de la mêlée ». « Il ne mettra pas les mains dans le cambouis ». Claude Malhuret, président du groupe Les Indépendants - République et Territoires, évacue d’emblée cette hypothèse. Il n’empêche. Le timing est parfait pour les fondateurs de cette droite qui refuse « de s'enfermer dans une ligne identitaire, autoritaire eurosceptique et ultra-conservatrice » (voir notre article). Une allusion à peine voilée à la très probable prochaine présidence LR de Laurent Wauquiez.

À en croire les participants la visite d’Alain Juppé était donc « prévue de longue date ». À la sortie, le candidat malheureux à la primaire de droite explique avoir « beaucoup d’amis au Sénat » qu’il « a eu plaisir à retrouver ». « Nous avons parlé du fond, du développement économique de la France, de la nécessité d’une solidarité accrue entre les métropoles et les zones rurales ». Et des constructifs alors ? « Il faut toujours construire. Je ne suis pas quelqu’un de destructeur » lâche-t-il.

Selon un sénateur présent lors à la réunion, Alain Juppé a bien évidemment évoqué l’avenir d’« Agir ». « Il nous a dit qu’il n’était pas venu avec sa boule de cristal depuis Bordeaux ». 

« Pas de périmètre strict » entre le groupe LR et le parti

De l’autre côté de la rue de Vaugirard, au sous-sol du Palais du Luxembourg, Les Républicains du Sénat tiennent leur réunion hebdomadaire. Ici, la ligne à tenir vis-à-vis du nouveau parti Constructif est claire. « Le groupe Les Républicains du Sénat comprend, pour la très grande majorité, des élus qui sont adhérents, qui sont membres des Républicains. Mais il en comprend aussi qui sont adhérents à aucun parti. Il n’y a pas de périmètre strict entre l’un et l’autre » détaille Bruno Retailleau, président du groupe LR.

C'est-à-dire qu’un sénateur pourrait très bien adhérer à « Agir » tout en restant membre du groupe LR, comme l’expliquait Fabienne Keller, hier, sur le plateau de Sénat360. La cofondatrice du parti Constructif indiquait que le président du Sénat, Gérard Larcher et  Bruno Retailleau lui avaient « donné des assurances comme quoi ce groupe serait ouvert aux différentes sensibilités ». « D’ailleurs un changement de nom (du groupe) est en cours » ajoutait-elle. Au sein du groupe LR, seule la sénatrice et le sénateur Robert del Picchia figurent parmi les cofondateurs « d’Agir ». Interrogé par publicsenat.fr, lundi, Robert del Picchia n’était, lui, pas certain de poursuivre l’aventure « constructive » jusqu’au bout. Le sénateur LR de Haute-Saône, Michel Raison, qui avait soutenu Bruno Le Maire, lors de la primaire, n’envisage pas de rejoindre « Agir ». « Si je devais changer, ce qui n'est pas du tout d'actualité, ce serait pour LREM. Tout dépendra du fonctionnement des Républicains sous la présidence de Laurent Wauquiez. Les Constructifs, ce sont des gens qui font des partis pour exister. Moi, je suis constructif de nature.  

Pour ce qui est de la possibilité « d’une double appartenance » autorisée pour le moment par les Constructifs (les statuts devront être débattus le 5 décembre prochain, avant d’être définitivement déposés NDLR), elle semble se fracasser du côté LR. Le psychodrame qui a entouré l’exclusion de Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Franck Riester ou encore Thierry Solère est encore dans les têtes. 

« On ne peut pas être un « boubique » : moitié bouc, moitié bique »

Rejet de la double appartenance LR/Constructifs: « On ne peut pas être un boubique : moitié bouc, moitié bique » pour Pierre Charon
01:09

Sarkozyste historique, le sénateur LR de Paris, Pierre Charon a une formule imagée pour affirmer son rejet de cette fameuse double appartenance. « On ne peut pas être à moitié enceinte. Et comme on dit chez moi, on ne peut pas être un boubique : moitié bouc, moitié bique » (…) À mon avis, LR va prendre rapidement, à la demande d’un certain nombre d’entre nous, une décision comme quoi on ne peut pas être à la fois « Agir » c'est-à-dire proche du gouvernement, et LR c'est-à-dire dans l’opposition ».

Vidéo: Fabien Recker, Jérôme Rabier

Partager cet article

Dans la même thématique

Restos du Coeur depot departemental des Alpes-Maritimes
7min

Politique

Les associations seront-elles sacrifiées par le serrage de vis budgétaire ?

Il l’a annoncé mardi, François Bayrou veut faire 43,8 milliards d’euros d’économies. Tous les ministères sont priés de contribuer à l’effort, sauf la défense, la sécurité, la santé et l’écologie. Une des missions qui voit ses crédits diminuer, c’est la mission Sport, jeunesse et vie associative. Cette baisse, conjuguée à la baisse des crédits alloués à la mission Aide publique au développement est un mauvais signal pour les associations françaises, qui sont déjà dans une mauvaise passe. En France, le 1,27 million d’associations sont financées de trois manières : par les subventions de l’Etat, des collectivités locales et par les dons, qui permettent de bénéficier de réduction d’impôts. L’inspection générale des finances chiffre à 53 milliards d’euros le financement public alloué aux associations en 2023. -17,6 % sur la mission Sport, jeunesse et vie associative La mission Sport, jeunesse et vie associative finance de très nombreux dispositifs : la politique en faveur du sport, des Jeux olympiques de 2030, de la politique en faveur de la jeunesse mais aussi de la vie associative. D’autres missions budgétaires participent à ce financement, comme l’Aide publique au développement. Or, ces deux missions voient leurs crédits diminuer dans le projet de budget pour 2026. Dans le tiré à part, le document qui liste les dépenses prévues pour chaque mission budgétaire, présenté le 15 juillet, les crédits de la première sont prévus à 1,2 milliard d’euros pour 2026, contre 1,5 milliard en 2025, soit une baisse de 300 millions d’euros. Pour l’APD, c’est une baisse de 700 millions d’euros. Pour Éric Jeansannetas, sénateur PS de la Creuse et rapporteur des crédits de la mission Sport, jeunesse et vie associative au Sénat, cette baisse est « extrêmement inquiétante ». « C’est une baisse de 300 millions d’euros sur un budget de 1 700 millions, la plus petite mission du budget. On la sacrifie, c’est elle qui perd le plus de crédits en proportion », juge-t-il. Cela inquiète les associations. « 300 millions d’euros, c’est -17,6 % », s’inquiète Pauline Hery, chargée de plaidoyer à France Générosités, « cela montre un recul du financement de la solidarité ». Mais à ce stade, il est difficile pour elle de savoir à quoi s’attendre, le budget n’en est qu’au début de son parcours. Elle n’est pas très optimiste : « On s’attend à des baisses, on sait qu’il y aura des efforts à faire partout ». Lors de son audition devant le Sénat le 16 juillet dernier, Amélie de Montchalin l’a pourtant sous-entendu : ces 300 millions d’euros de baisse ne toucheront pas directement les associations. « 100 millions concerneront l’unification des guichets d’aides aux collectivités territoriales en matière d’équipements sportifs », a-t-elle expliqué. Elle a également assuré que le Service national universel ne serait « pas pérennisé dans sa forme actuelle ». Une explication qui n’a pas convaincu Éric Jeansannetas. « L’année dernière, nous étions tous d’accord au Sénat pour maintenir les crédits de la mission, l’engagement associatif, ce n’est ni de droite ni de gauche », justifie-t-il. 6 % du financement des associations provient d’une niche fiscale Le point d’attention principal du secteur associatif se trouve sur la niche fiscale dont il bénéficie. Pour toutes les associations reconnues d’utilité publique en France, les dons ouvrent le droit à une réduction d’impôts de 66 % du montant donné, dans la limite de 20 % du revenu imposable. Une autre disposition existe pour les associations d’aide aux personnes en difficulté ou victimes de violences, la niche « Coluche » : la réduction d’impôt s’élève alors jusqu’à 75 % du montant, dans la limite de 1 000 €, après quoi le dispositif à 66 % s’applique. Ces deux dispositifs fiscaux représentent 6 % du financement des associations françaises. L’inspection générale des finances a publié, le 16 juillet dernier, un rapport de revue des dépenses publiques en direction des associations. Il pointe une forte augmentation de celles-ci, de 44 % entre 2019 et 2023. S’il reconnaît que « les associations du secteur social, […] paraissent fragilisées par l’inflation et l’augmentation de leur masse salariale », il propose néanmoins de faire un à trois milliards d’euros d’économies. Parmi les pistes de réforme, l’IGF émet l’idée de supprimer la niche « Coluche » et d’abaisser le plafond d’exonération d’impôt de 20 % du revenu à 2000€. Il propose aussi de réformer le crédit d’impôt mécénat, qui s’adresse aux entreprises, en passant d’un système de réduction d’impôt à un système de déduction (c’est l’assiette initiale qui est déduite du montant). Devant ce texte, les associations ont fait part de leur vive inquiétude. « Nous avons été particulièrement alertés par ce rapport. La mise en place des mesures concernant la niche fiscale et le mécénat d’entreprise engendreraient une diminution de 19 à 26 % de la générosité déclarée dans le pays », explique Pauline Hery. Devant l’inquiétude du secteur, François Bayrou a assuré que les dispositifs fiscaux n’étaient pas en danger. « Nous allons y rester attentifs », assure-t-elle. Plus de subventions des collectivités locales ? Autre source d’inquiétude pour les associations : les économies demandées aux collectivités locales, à hauteur de 5,3 milliards d’euros. Elles sont elles aussi pourvoyeuses de financement, et la contrainte sur leur budget risque également de diminuer les subventions. D’après le rapport de l’IGF, en 2023, 49 % des financements publics des associations provenaient des communes, départements et régions. Au sein des collectivités territoriales, ce sont les départements qui pèsent le plus dans les budgets des associations, car ils sont en charge de la politique sociale, et délèguent leurs missions à de nombreuses associations. « Les cinq milliards d’euros d’économies sur les collectivités locales vont mettre un frein aux subventions aux associations », prédit le sénateur socialiste, « les premières victimes de ces réductions budgétaires, ce sont les associations culturelles, sportives ». « Cela nous inquiète depuis l’année dernière », explique Pauline Hery. Les subventions des collectivités, fortement contraintes budgétairement depuis l’augmentation rapide de l’inflation, ont déjà été coupées dans certains cas. « Nous avons beaucoup d’exemples de collectivités qui ont drastiquement coupé les financements des associations dans le secteur de la culture, par exemple. Quand on demande de l’effort aux collectivités territoriales, les associations sont en première ligne sur ces coupes », raconte-t-elle. « Si les financements de la vie associative baissent, cela se répercutera sur les missions d’intérêt général qu’elles mènent » La morosité budgétaire ambiante inquiète. Les coupes budgétaires, combinées à l’année blanche annoncée par le Premier ministre font craindre une augmentation de la pauvreté et des besoins d’aide, par exemple alimentaire. « Si les financements de la vie associative baissent, cela se répercutera sur les missions d’intérêt général qu’elles mènent, et elles devront être remplies par l’Etat, ce qui coûtera plus cher et risque de détruire le tissu social », regrette Pauline Hery, « on a du mal à comprendre que les associations soient mises en première ligne des économies ». Éric Jeansannetas abonde : « Il y aura un retrait des collectivités territoriales des associations d’insertion sociale. Les politiques en direction des jeunes vont être sacrifiées dans ce budget qui va nous être présenté. Cela met en péril nos politiques publiques ». A l’heure où nous écrivons ces lignes, tout reste encore ouvert. La version finale du budget, s’il est voté en temps et en heure, a rarement été aussi imprévisible.

Le

PARIS, Conseil constitutionnel, Constitutional Council, Palais Royal
7min

Politique

Municipales : après le dépôt de plusieurs recours, l’avenir de la loi « Paris-Lyon-Marseille » entre les mains du Conseil constitutionnel

Adoptée le 10 juillet, la proposition de loi visant à « réformer le mode d’élection des membres du conseil de Paris et des conseils municipaux de Lyon et de Marseille » doit désormais passer sous les fourches caudines du Conseil constitutionnel. Au moins deux recours ont été déposés sur ce texte, dont l’un porté par la droite sénatoriale. Passage en revue des points litigieux.

Le

Paris: Les Jeunes Republicains au Parc Floral de Paris avec Valerie Pecresse
11min

Politique

Entre House of Cards et Kill Bill : les dessous de la législative partielle qui pourrait opposer Rachida Dati à Michel Barnier à Paris

Rien ne va plus dans la 2e circonscription de Paris, où les prétendants de marque se bousculent pour la législative partielle prévue à la rentrée. L’ancien premier ministre LR, Michel Barnier, vise cette circonscription en or pour « revenir dans l’arène », tout comme la ministre de la Culture, Rachida Dati, qui pourrait en faire un « lancement de campagne » pour les municipales, sans oublier sa collègue du gouvernement, Clara Chappaz, pour Renaissance…

Le

Algérie : la droite salue la « fermeté » de Bruno Retailleau, les socialistes dénoncent une « diplomatie indexée sur la campagne des LR »
9min

Politique

Gel des pensions, abattement de 10 % : les LR font-ils leur mue sur la participation des retraités à l’effort budgétaire ?

Alors que François Bayrou veut mettre à contribution les retraités par le gel de leur pension et la limitation de l’abattement forfaitaire de 10 %, son allié LR critique cette double contribution, mais sans fermer la porte à un effort des retraités. Une évolution pour la droite, qui avait pour habitude de se montrer très sourcilleuse sur les inactifs, qui constituent une part essentielle de son électorat.

Le