Le groupe LR du Sénat prêt à accueillir « Agir » ?

Le groupe LR du Sénat prêt à accueillir « Agir » ?

Deux jours après le lancement officiel du nouveau parti « Agir, la droite constructive », Alain Juppé était présent, ce mardi, au groupe  Les Indépendants - République et Territoires, les « Constructifs » du Sénat. Au groupe LR, on ne ferme pas la porte aux membres d’Agir.
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Hasard du calendrier, Alain Juppé était invité ce mardi au groupe Les Indépendants - République et Territoires. Deux jours après le lancement officiel « Agir, la droite constructive »» dans les colonnes du Figaro, l’ancien Premier ministre est un soutien de poids pour cette toute jeune formation politique qui ne revendique, pour le moment, que 19 élus. Mais Alain Juppé n’était pas venu pour prendre sa carte.

Alain Juppé « Il faut toujours construire. Je ne suis pas quelqu’un de destructeur »

Alain Juppé: « Il faut toujours construire. Je ne suis pas quelqu’un de destructeur »
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« Il est au-dessus de la mêlée ». « Il ne mettra pas les mains dans le cambouis ». Claude Malhuret, président du groupe Les Indépendants - République et Territoires, évacue d’emblée cette hypothèse. Il n’empêche. Le timing est parfait pour les fondateurs de cette droite qui refuse « de s'enfermer dans une ligne identitaire, autoritaire eurosceptique et ultra-conservatrice » (voir notre article). Une allusion à peine voilée à la très probable prochaine présidence LR de Laurent Wauquiez.

À en croire les participants la visite d’Alain Juppé était donc « prévue de longue date ». À la sortie, le candidat malheureux à la primaire de droite explique avoir « beaucoup d’amis au Sénat » qu’il « a eu plaisir à retrouver ». « Nous avons parlé du fond, du développement économique de la France, de la nécessité d’une solidarité accrue entre les métropoles et les zones rurales ». Et des constructifs alors ? « Il faut toujours construire. Je ne suis pas quelqu’un de destructeur » lâche-t-il.

Selon un sénateur présent lors à la réunion, Alain Juppé a bien évidemment évoqué l’avenir d’« Agir ». « Il nous a dit qu’il n’était pas venu avec sa boule de cristal depuis Bordeaux ». 

« Pas de périmètre strict » entre le groupe LR et le parti

De l’autre côté de la rue de Vaugirard, au sous-sol du Palais du Luxembourg, Les Républicains du Sénat tiennent leur réunion hebdomadaire. Ici, la ligne à tenir vis-à-vis du nouveau parti Constructif est claire. « Le groupe Les Républicains du Sénat comprend, pour la très grande majorité, des élus qui sont adhérents, qui sont membres des Républicains. Mais il en comprend aussi qui sont adhérents à aucun parti. Il n’y a pas de périmètre strict entre l’un et l’autre » détaille Bruno Retailleau, président du groupe LR.

C'est-à-dire qu’un sénateur pourrait très bien adhérer à « Agir » tout en restant membre du groupe LR, comme l’expliquait Fabienne Keller, hier, sur le plateau de Sénat360. La cofondatrice du parti Constructif indiquait que le président du Sénat, Gérard Larcher et  Bruno Retailleau lui avaient « donné des assurances comme quoi ce groupe serait ouvert aux différentes sensibilités ». « D’ailleurs un changement de nom (du groupe) est en cours » ajoutait-elle. Au sein du groupe LR, seule la sénatrice et le sénateur Robert del Picchia figurent parmi les cofondateurs « d’Agir ». Interrogé par publicsenat.fr, lundi, Robert del Picchia n’était, lui, pas certain de poursuivre l’aventure « constructive » jusqu’au bout. Le sénateur LR de Haute-Saône, Michel Raison, qui avait soutenu Bruno Le Maire, lors de la primaire, n’envisage pas de rejoindre « Agir ». « Si je devais changer, ce qui n'est pas du tout d'actualité, ce serait pour LREM. Tout dépendra du fonctionnement des Républicains sous la présidence de Laurent Wauquiez. Les Constructifs, ce sont des gens qui font des partis pour exister. Moi, je suis constructif de nature.  

Pour ce qui est de la possibilité « d’une double appartenance » autorisée pour le moment par les Constructifs (les statuts devront être débattus le 5 décembre prochain, avant d’être définitivement déposés NDLR), elle semble se fracasser du côté LR. Le psychodrame qui a entouré l’exclusion de Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Franck Riester ou encore Thierry Solère est encore dans les têtes. 

« On ne peut pas être un « boubique » : moitié bouc, moitié bique »

Rejet de la double appartenance LR/Constructifs: « On ne peut pas être un boubique : moitié bouc, moitié bique » pour Pierre Charon
01:09

Sarkozyste historique, le sénateur LR de Paris, Pierre Charon a une formule imagée pour affirmer son rejet de cette fameuse double appartenance. « On ne peut pas être à moitié enceinte. Et comme on dit chez moi, on ne peut pas être un boubique : moitié bouc, moitié bique » (…) À mon avis, LR va prendre rapidement, à la demande d’un certain nombre d’entre nous, une décision comme quoi on ne peut pas être à la fois « Agir » c'est-à-dire proche du gouvernement, et LR c'est-à-dire dans l’opposition ».

Vidéo: Fabien Recker, Jérôme Rabier

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