Le groupe LREM se lance au Sénat avec 25 sénateurs dont beaucoup de socialistes

Le groupe LREM se lance au Sénat avec 25 sénateurs dont beaucoup de socialistes

Le sénateur François Patriat a officialisé la création du groupe La République en marche au Sénat avec 25 membres. D’autres, issus du groupe PS ou UDI, pourraient vite arriver. Après les sénatoriales de septembre, l’objectif est de faire du groupe le deuxième du Sénat.
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« Ce sont des précurseurs ». C’est entouré des premiers « marcheurs » du Sénat, que François Patriat a annoncé la création officielle du nouveau groupe La République en marche (LREM) du Sénat, ce mardi. Comme nous l’évoquions hier, ils sont 25. Mais l’ex-sénateur PS annonce de nouvelles arrivées très rapides pour être 28 ou 30 d’ici « la rentrée parlementaire ». Le groupe sera formellement déposé auprès du Sénat dans les 48 heures et devrait compter 26 sénateurs lors du dépôt. On est loin des 308 membres du groupe fleuve de l’Assemblée.

François Patriat parle d’un « groupe pluraliste et divers ». En réalité, seuls 3 sénateurs ne sont pas issus du groupe PS : l’écologiste André Gattolin, proche de Daniel Cohn-Bendit et sensible à la fibre européenne d’Emmanuel Macron. Il quitte le groupe écologiste et y met ainsi fin avec un peu d’avance ; le sénateur du groupe RDSE, Michel Amiel, membre de la Force du 13, le parti de Jean-Noël Guérini. Le nom de Jean-Baptiste Lemoyne, premier parlementaire LR à avoir apporté son soutien à Emmanuel Macron, figure sur la liste bien qu’il vienne d’être nommé au gouvernement. Sa suppléante va rejoindre le groupe, selon le sénateur de la Côte-d’Or. En toute logique, François Patriat, à la manœuvre depuis des semaines pour constituer le groupe, pourrait en assurer la présidence.

Ralliés de la première heure

L’essentiel du groupe est pour le moment composé de socialistes, des ralliés de la première heure, comme Bariza Khiari, Nicole Bricq ou Yves Rome. On trouve aussi Stéphanie Riocreux, qui était porte-parole de Manuel Valls pour la primaire. Elle s’est décidée hier soir. L’ancien ministre de la Défense Alain Richard rejoint le groupe, tout comme l’ancien président de la région Lorraine, Jean-Pierre Masseret, Patricia Schillinger, Delphine Bataille, Michel Berson, Bernard Cazeau, Anne Emery-Dumas, Jean-Jacques Filleul, Claude Haut, Gérard Miquel, Maurice Vincent et Richard Yung. Le groupe compte quatre sénateurs ultramarins, membres du groupe PS, avec Thani Mohamed Soilihi, Jacques Gillot, Jacques Cornano, Antoine Karam et Georges Patient. Ces deux derniers, élus de Guyane, menaçaient de créer un groupe Outre-mer s’ils n’étaient pas entendus (voir notre article).

L’objectif premier était de créer un groupe avec 40 ou 60 sénateurs. François Patriat avait invité les sénateurs Macron-compatibles à le rejoindre en envoyant la charte du groupe, comme publicsenat.fr l’avait révélé. Mais pour le moment, chacun reste chez soi. Les sénateurs du groupe UDI-UC comme ceux du groupe RDSE préfèrent conserver leur groupe. Mais les centristes débattent ce matin de leur positionnement. De quoi peut-être attirer un ou deux sénateurs de plus. Le groupe PS peut aussi être une source de marcheurs. Le groupe vote ce matin sur la ligne à tenir sur le vote de confiance au gouvernement. De quoi attirer de nouvelles recrues, espèrent les sénateurs du groupe LREM.

« Je ne me vois pas aller quémander du temps de parole »

Entre les premiers marcheurs, qui en réalité se réunissent déjà de manière informelle depuis des semaines, un débat a eu lieu sur l’opportunité de lancer le groupe à moins de trente. Mais il a été décidé d’y aller. « Il faut démarrer pour être attractif » explique Bariza Khiari. Un choix interne, assure François Patriat : « Cette naissance n’est pas issue d’une commande d’où que ce soit », explique le sénateur, qui met aussi en avant l’arrivée d’« une session parlementaire importante » qui débute la semaine prochaine. La volonté de clarification a aussi précipité les choses. « Je ne me vois pas aller siéger au groupe PS où il y aura un groupe d’opposants, un groupe de soutien à géométrie variable. Ces débats, on n’en peut plus. Et je ne me vois pas aller quémander du temps de parole » explique Bariza Khiari.

Pour voir arriver d’autres sénateurs, il faut laisser un peu de temps. « On est dans un mouvement où le vieux et le neuf cohabitent. Il y a une recomposition qui n’est pas achevée » souligne Nicole Bricq. « Le Sénat joue le rôle d’amortisseur. (…) Il faut que ce changement de logiciel (avec l’élection de Macron) trouve un nouveau codage au sein des habitudes du Sénat » sourit Yves Rome, interrogé sur l’antenne de Public Sénat. Regardez :

Des candidats aux sénatoriales « dans la plupart des départements »

Les sénatoriales sont l’étape suivante dans l’esprit des sénateurs marcheurs. François Patriat ambitionne de faire du groupe LREM « le deuxième groupe du Sénat » après le scrutin. « C’est notre objectif ». De quoi alléger le poids des ex-socialistes dans le groupe. Comme nous l’avions expliqué début mai, le parti présentera des candidats « dans la plupart des départements » explique François Patriat, « forcément dans les départements avec la proportionnelle ». Dans les départements les moins peuplés, qui élisent un ou deux sénateurs au scrutin majoritaire, « il pourrait y avoir des accords ».

Reste que le mode d’élection au suffrage universel indirect des sénateurs va théoriquement limiter l’effet Macron. 95% du corps électoral des grands électeurs est composé des conseillers municipaux et la droite a remporté les municipales de 2014. Mais LREM pense que les sénatoriales n’échapperont pas au mouvement. « Beaucoup n’ont pas compris que le monde a changé. Ils disent que le corps électoral est le même pour les sénatoriales. Mais les gens ont changé » souligne Nicole Bricq.

« Les charmes du Sénat »

Pour l’heure, si le groupe LREM ne compte que 25 sénateurs sur 348, cela n’empêchera pas Emmanuel Macron de trouver des majorités au Sénat, selon les textes. « Des UDI, des Républicains, des RDSE et notre groupe allons soutenir » l’exécutif, souligne François Patriat. C’est ce qu’il appelle « les charmes du Sénat ».

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