Au cœur du "Midi rouge", des viticulteurs de l'Aude jettent, pour la présidentielle, un regard sans enthousiasme à gauche ou, au contraire, un...
Le « Midi rouge » entre gauche sans enthousiasme et tentation FN
Au cœur du "Midi rouge", des viticulteurs de l'Aude jettent, pour la présidentielle, un regard sans enthousiasme à gauche ou, au contraire, un...
Par Anne LEC'HVIEN
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Publié le
Au cœur du "Midi rouge", des viticulteurs de l'Aude jettent, pour la présidentielle, un regard sans enthousiasme à gauche ou, au contraire, un coup d’œil intéressé vers le FN.
"J'ai toujours voté à gauche, mais je ne sais plus trop". Dans le vignoble envahi par les fleurs blanches, debout dans la terre meuble, un viticulteur de 53 ans taille ses pieds de vigne à Canet d'Aude, non loin de Narbonne, en ce début mars.
"Hamon ne me plaît pas trop. Je pense à Macron, parce qu'il est peut-être plus à gauche qu'à droite..."
Si voter pour Marine Le Pen est pour lui "impensable", il admet qu'"elle a quelques idées qui ne (lui) déplaisent pas. Par exemple: revoir ce système européen, qui nous fait du mal, quand même".
Dans ces territoires ruraux historiquement ancrés à gauche, le FN grimpe depuis quelques années. En 2012, le département avait placé François Hollande en tête au 1er tour (30,4%), devant Marine Le Pen (23,2%). Et aux régionales 2015, le FN est arrivé en tête au 1er tour (37,06%) avant d'être battu au second par le PS, dans un contexte de forte abstention (45%).
Dans le vignoble de Pépieux, dans l'Aude, le 3 février 2017
AFP/Archives
Depuis la révolte des vignerons en 1907 en raison d'une surproduction, la viticulture audoise, construite sur un réseau de coopératives, a traversé des crises récurrentes et une contestation parfois violente.
La filière connaît une embellie depuis 2014, mais la sécheresse a frappé l'été dernier et les cours des vins de pays et de table s'effritent. Les plus touchés protestent contre la concurrence des vins ibériques qu'ils jugent déloyale. Une manifestation est prévue le 25 mars à Narbonne.
"On est à l'aube d'une crise qui nous fait peur", estime une autre quinquagénaire, qui fustige pèle-mêle les "petites retraites" agricoles, le poids des charges, le manque "d'harmonisation" au niveau européen. "Je n'ai plus confiance en personne. On est un peu désabusés".
-'On se sent abandonnés'-
"J'essaye de me modérer, mais j'aurais tendance, parfois, à faire quelque chose que je n'aurais jamais fait: voter Le Pen, tellement on se sent abandonnés", s'agace-t-elle, avant d'ajouter: "elle est dangereuse. Il y a une façade, et derrière, des gens qui ont des idées très dures, radicales".
Jean, 57 ans, avait choisi Hollande en 2012 - "je ne me suis pas trompé, c'est lui qui m'a trompé". Mais ce vigneron installé près de Carcassonne pense qu'"il faudrait revoir un peu tout ça, l'Europe. On a tendance à écouter le discours de Marine Le Pen", dit-il, tout en restant "prudent".
Les aides européennes de la PAC, que la candidate d'extrême droite veut remettre en cause ? "On ne demande pas des aides, on demande à vivre de notre labeur", évacue-t-il. "Le discours xénophobe, j'adhère pas", mais dans le domaine de l'immigration, "il faut mettre de l'ordre, parce qu'on est allé un peu trop loin", ajoute-t-il.
"Le Pen, je ne veux pas en entendre parler", balaye au contraire Florent, viticulteur dans les Corbières, qui envisage de voter, par défaut, pour Emmanuel Macron.
Vue, le 3 février 2017, du mémorial dédié à Marcelin Albert, un des chefs de la révolte de 1907, à Argeliers dans l'Aude
AFP/Archives
"Tous les petits villages du coin sont des villages d'immigrés: les Espagnols dans les années 1930, les Italiens dans les années 1950, les Portugais...Quand on voit le FN qui monte, ça fait mal. Il ne faut pas oublier d'où l'on vient".
Longtemps terre de production d'un vin d'entrée de gamme, la filière a effectué une conversion à partir des années 1980 vers la qualité: dans l'Aude, les surfaces ont été divisées par deux entre 1995 et 2012. Aujourd'hui, certaines appellations ont acquis une renommée internationale, et la viticulture régionale exporte environ 35% de sa production.
Philippe, dont le domaine près de la cote méditerranéenne est florissant, pense "au-delà de M. Fillon" à Henri Guaino ou "Macron, qui n'effraye pas les gens de droite, loin de là". "Tout le monde a voté contre Maastricht, mais au-delà de ça, l'Europe nous a apporté", estime-t-il.
Pour Alexandre, vigneron bio indépendant des Corbières encore indécis, ce ne sera de toutes façons pas les "extrêmes": "en agriculture, on vit de l'export. Ceux qui votent Le Pen, je ne comprends pas."
Au Sénat, la droite et une partie de la gauche tombent d’accord sur une chose : la procédure parlementaire permettra à la droite et le centre d’enterrer la suspension de la réforme des retraites. Un fait qui inspire de la sérénité à Claude Malhuret (Horizon) sur la possibilité de réécrire la copie de Sébastien Lecornu, et pousse au contraire Cécile Cukierman (PCF) à enjoindre les députés de gauche à le prendre en compte dans leur vote de la censure ce jeudi.
Avec le non-recours au 49.3, les socialistes ont été entendus par Sébastien Lecornu. Mais ils sont désormais contraints à voter le budget de la Sécurité sociale pour valider la suspension de la réforme des retraites. Un véhicule législatif confirmé par le Premier ministre, ce mercredi. Sans cette arme du parlementarisme rationalisé, les budgets de la Sécurité sociale comme celui de l’Etat seront également amendés par la droite. Ce qui pourrait amener à des copies finales difficiles à assumer pour les socialistes.
Le Premier ministre s'est exprimé devant les sénateurs pour sa déclaration de politique générale. Suspension de la réforme des retraites, décentralisation, budget...Le discours de Sébastien Lecornu était différent de celui prononcé à l'Assemblée la veille. Si l'ambiance était plus calme qu'au Palais Bourbon, l'accueil des sénateurs n'en était pas pour autant très enthousiaste.
« Le scénario économique pour l’année 2026 repose sur une hypothèse optimiste », affirme devant le Sénat Pierre Moscovici, président du Haut conseil des finances publiques. Il doute de la capacité du gouvernement à atteindre ses objectifs, avec un budget dont la copie finale est très incertaine. Seule « bonne nouvelle » : « Un début d’amélioration de nos finances publiques » en 2025, après « le bug majeur de 2024 ».
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