« Le Pass Culture doit jouer un rôle particulier au moment de la réouverture des lieux culturels »
Alors que le Pass Culture va être généralisé, avec une enveloppe ramenée de 500 à 300 euros par an, pour chaque jeune de 18 ans, les sénateurs ont fait le bilan de cette expérimentation. Le contexte sanitaire et la fermeture des lieux culturels l’ont biaisée. 128.000 jeunes sont pour l’heure inscrits. Les deux tiers des réservations concernent les livres.
La culture est à l’arrêt, mais pas le Pass culture. Dispositif lancé par le gouvernement en 2019, le Pass Culture permet, dans sa version de départ, de donner 500 euros à un jeune, l’année de ses 18 ans, à utiliser pour profiter de l’offre culturelle près de chez lui. Il ne s’agit pour le moment que d’une expérimentation, sur laquelle la commission de l’éducation et de la culture du Sénat a tiré un bilan d’étape, ce mercredi.
Commencée il y a deux ans dans cinq départements et pour une durée de 12 mois, l’expérimentation a ensuite été étendue à quatorze départements sur 24 mois. « Un rapport d’évaluation a été produit en janvier 2021 », souligne Damien Cuier, président de Pass Culture, en vue de passer à sa généralisation, que la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a annoncé pour l’année à venir. Entre le lancement et aujourd’hui, la somme allouée à l’application a été revue à la baisse, lors du dernier budget. Elle va passer à 300 euros, car « les jeunes ont consommé en moyenne un peu moins de 230 euros », souligne le président de Pass Culture. Manière aussi, peut-être, de faire quelques économies. D’un coût de 450 millions d’euros par an à son lancement, « il pourrait être de 250 millions d’euros chaque année, après la baisse », remarque le sénateur LR Jean-Raymond Hugonet, président du groupe de travail sénatorial sur le Pass Culture.
« La fermeture des lieux culturels et l’isolement des jeunes ont impacté l’activité du Pass Culture »
Reste que l’expérimentation s’est retrouvée biaisée par le contexte sanitaire. « C’est une période particulière, car elle a été marquée par des circonstances d’exception : la fermeture des lieux culturels et l’isolement des jeunes, qui ont impacté l’activité du Pass », souligne Damien Cuier, qui mise « sur l’inventivité pour proposer des offres en ligne. De ce fait-là, le Pass Culture peut et doit jouer un rôle particulier, au moment de la relance et de la réouverture des lieux culturels, dont on espère qu’elle sera très prochaine », affirme le responsable.
Pour ce secteur exsangue et en crise, le Pass Culture pourrait ainsi donner un coup de pouce bienvenu pour la culture, tout en s’adressant aux jeunes, public touché en premier lieu par la crise et avides de culture, notamment dans sa dimension de partage, lors des festivals ou des concerts. L’occasion de faire d’une pierre deux coups pour Emmanuel Macron, avant la présidentielle.
« Un jeune sur deux a fait une réservation de livres »
La fermeture des musées et des salles de concert a logiquement impacté les statistiques d’utilisation du Pass Culture. Fin 2020, « près de 128.000 jeunes étaient inscrits sur le Pass, qui ont réalisé 766.000 réservations, qui concernent majoritairement le livre, pour 400.000 réservations, soit deux tiers. Viennent ensuite la musique, puis l’audiovisuel », détaille le président de Pass Culture. Le montant des réservations payantes s’élève à 12,3 millions d’euros, soit 90 % des offres.
2.500 lieux sont partenaires, dont près de 1.000 libraires. « Un jeune sur deux a fait une réservation de livres. Et on réserve en moyenne neuf livres. Il y a une pratique très importante du livre, qu’on retire chez son libraire de proximité. C’est un véritable phénomène qui est celui des libraires. Et le Pass permet de connaître les ouvrages à trouver près de chez soi. Il permet cette médiation » se félicite le président de la structure, qui reconnaît que « c’est plus difficile de tirer des conclusions sur les secteurs beaucoup plus impactés du spectacle vivant, de la musique, du cinéma ». Mais quand les lieux vont rouvrir, il y aura « un vrai engouement des jeunes pour la musique et le cinéma ».
« Pour le livre, la première consommation, ce sont les mangas » tempère Sonia de La Provôté
« Pour le livre, la première consommation, ce sont les mangas. On n’est pas tout à fait dans un parcours d’autonomie culturelle, quand on regarde ça », tempère la sénatrice du groupe centriste, Sonia de La Provôté. Ce qui pose la question de la diversité de l’offre.
« Comment assurer la promotion de la diversité culturelle ? » demande Jean-Raymond Hugonet, qui pointe les limites du Pass à l’origine : « A l’époque, on a bataillé avec Françoise Nyssen, ancienne ministre de la Culture, pour que ces 500 euros puissent être dédiés à l’achat d’un instrument de musique », rappelle ce musicien professionnel, joueur de batterie. Parlant « d’opacité totale », il regrette qu’un seuil de 200 euros maximum d’achat de biens physiques, identique au seuil pour les biens numériques, ait été ensuite fixé, alors que les 500 euros n’étaient « pas une somme extraordinaire pour un instrument ». Avec la nouvelle enveloppe fixée à 300 euros, « il n’y aura plus qu’un seul plafond, qui sera numérique », répond le président, mais « il vaut mieux multiplier les pratiques », estime ce dernier.
Jean-Raymond Hugonet rappelle aussi que « lors de l’examen budgétaire, nous avons bataillé avec la ministre Roselyne Bachelot. Le ton est un peu monté ce soir-là », raconte le sénateur de l’Essonne. « Elle était étonnée que nous puissions, non pas remettre en cause le bien-fondé du Pass, mais l’espèce d’obstination, dont personne ne parle vraiment : c’est un désir du président de la République, depuis la campagne électorale. Donc on peut comprendre pourquoi, arrivant en vue de la banderole d’arrivée, le Président accélère le mouvement. On a compris que les ministres étaient obligés d’avancer ».
Le président de Pass Culture souligne pour sa part que le dispositif est source d’accès à la culture : « 42 % des jeunes Bretons (seule région où tous les départements expérimentent le Pass, ndlr) qui ont utilisé le Pass, sont allés dans un musée pour la première fois, 30 % ont assisté à un spectacle pour la première fois et ils sont 47 % à être retournés dans un lieu culturel découvert grâce au Pass ». Un travail fait aussi en lien avec « les collectivités, qui sont les premiers offreurs culturels en France », et avec la volonté de toucher les jeunes qui sont moins favorisés. Reste que seulement « un peu plus de 8 % sont des jeunes inscrits qui sont concernés par la politique de la ville », mais ce chiffre est « équivalent à la proportion générale » observée dans le pays.
« Réflexion pour que le Pass puisse aussi concerner des jeunes de moins de 18 ans »
Si on ne connaît pas encore la date de la généralisation du Pass Culture, une « réflexion » est déjà « en cours, avec l’Education nationale, pour avoir un continuum des outils pour que le Pass puisse aussi concerner des jeunes de moins de 18 ans. Les discussions techniques sont en cours et les arbitrages ne sont pas rendus », explique Damien Cuier. Autre piste d’évolution : « Le rechargement du Pass », ajoute Gilles Duffau, président par intérim du comité stratégique de la société du Pass Culture. « Il faudra voir si le jeune le recharge lui-même, si cela se fait par des cadeaux ou des abondements par les collectivités territoriales. Tout cela reste à définir », précise-t-il. L’idée est qu’« une fois que les 20 ans sont passés, on considère que le Pass ne s’arrête pas ». Selon Gilles Duffau, « le Pass doit être un GPS de la culture territoriale pour tout le monde ».
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