Le Pen évince deux hauts responsables FN en plein débat de refondation
Marine Le Pen a fait évincer vendredi deux responsables régionaux FN rivaux, dont une lieutenante de Florian Philippot, faisant ainsi acte d...

Le Pen évince deux hauts responsables FN en plein débat de refondation

Marine Le Pen a fait évincer vendredi deux responsables régionaux FN rivaux, dont une lieutenante de Florian Philippot, faisant ainsi acte d...
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Par Guillaume DAUDIN

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Marine Le Pen a fait évincer vendredi deux responsables régionaux FN rivaux, dont une lieutenante de Florian Philippot, faisant ainsi acte d'autorité pour tenter de "cadrer" un débat interne sur la "refondation" du parti en train de s'envenimer.

Concrètement, Pascal Gannat, patron du FN en Pays-de-la-Loire, pourrait perdre sa présidence lundi lors d'une réunion du groupe FN, un haut responsable FN espérant une solution à l'amiable.

Sophie Montel, son homologue en Bourgogne-Franche-Comté, a vu elle se constituer sur ordre de Marine Le Pen un groupe FN "officiel" dans sa région, composé d'une quinzaine de membres, la laissant siéger avec sept à huit autres conseillers régionaux parmi les non-inscrits.

Elément déclencheur: la confiance maintenue par Sophie Montel à deux de ses proches, les conseillers régionaux Julien Acard et Antoine Chudzik, suspendus par la direction du parti pour des "propos très hostiles" à l'encontre de l'organisation de la campagne législative.

Les deux s'en sont pris à "l'incompétence" dans les sphères dirigeantes FN, et notamment à des livraisons jugées trop tardives de documents électoraux pour les candidats aux législatives de juin.

Sophie Montel, responsable régionale FN, le 28 octobre 2015 à Besançon
Sophie Montel, responsable régionale FN, le 28 octobre 2015 à Besançon
AFP/Archives

Le sujet est éminemment sensible, le FN étant dans l'attente d'un procès après une enquête s'étant penchée sur l'organisation logistique et financière des campagnes présidentielle et législatives de 2012.

Mais cette mini-purge intervient aussi au moment où un débat de "refondation" est engagé, après une présidentielle et des législatives jugées décevantes en interne, en vue d'un séminaire fin juillet et d'un congrès début 2018.

Marine Le Pen a dit vouloir "tout changer" sans "tabou", même si certains s'inquiètent au FN d'un débat plus structurel qu'idéologique.

- Philippot demande "l'apaisement" -

Mme Montel comme M. Gannat, rivaux internes tous deux au FN depuis plus de 30 ans, ont été parmi les plus critiques quant aux orientations actuelles du parti. La première a jugé "anxiogène" le discours frontiste sur l'immigration, le second a qualifié d'"épouvantail" la volonté de Mme Le Pen et de M. Philippot de sortir de l'UE et de l'euro.

Réagissant à cette décision, M. Gannat a déclaré à l'AFP avoir "toujours été loyal à Marine ; c'est un clan manipulateur qui lui a fait croire l'inverse".

Pascal Gannat, responsable régional FN, le 4 novembre 2015 à Andard dans le Maine-et-Loire
Pascal Gannat, responsable régional FN, le 4 novembre 2015 à Andard dans le Maine-et-Loire
AFP/Archives

Mme Montel, qui s'imagine prochainement suspendue du FN, a elle estimé que cette éviction manquait de "finesse", arguant de sa "loyauté" mais aussi de son "courage" après avoir déposé "19 signalements" ayant abouti à une enquête judiciaire sur des soupçons d'emplois fictifs d'assistants parlementaires d'eurodéputés de divers partis français hors FN.

Marine Le Pen avait exprimé à plusieurs reprises son agacement à l'égard de la Montbéliardaise mais aussi de M. Philippot, qui ont lancé en pleine campagne législative une association "Les Patriotes", et que des frontistes accusent de fonctionner de manière clanique.

Avec cette décision, plusieurs responsables FN ont salué un "juste retour des choses" pour "l'équilibre interne du parti", très instable en ce début d'été.

"Au FN, on est avant tout mariniste, on n'est pas philippotiste ou marioniste", a mis en garde un influent membre du bureau politique FN, pour qui ces deux cas n'avaient "pu être réglés pendant les campagnes électorales".

"On doit tout au mouvement. Le mouvement ne nous doit rien. Ce qui implique le respect des règles et de l'autorité de la présidente", a sèchement mis en garde Louis Aliot, compagnon de Marine Le Pen interrogé par l'AFP.

Elle a eu raison de "sanctionner l'indiscipline", abonde Jean Messiha, qui a coordonné le projet présidentiel.

Alors que certains ont vu dans la sanction de Pascal Gannat, très anti-Philippot, une manière de contrebalancer celle visant Sophie Montel, Wallerand de Saint Just, trésorier du parti, a estimé auprès de l'AFP, qu'on "pourrait le penser mais c'est une coïncidence dans le temps".

Reste que la décision de Mme Le Pen place en porte à faux son bras droit Florian Philippot. David Rachline, un de ses proches qui dirigeait la campagne présidentielle, n'a pas souhaité réagir.

"Une solution d'apaisement doit être trouvée rapidement" a demandé quant à lui Florian Philippot, affichant ensuite sur Twitter une photo de lui et de sa protégée, imité en cela par leurs soutiens.

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