Le Pen table sur Dupont-Aignan pour sortir de l’isolement

Le Pen table sur Dupont-Aignan pour sortir de l’isolement

Avec le ralliement du souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout La France, qu'elle compte nommer Premier ministre...
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Par Guillaume DAUDIN

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Avec le ralliement du souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout La France, qu'elle compte nommer Premier ministre si elle remporte l'élection présidentielle, Marine Le Pen tente de répondre aux accusations de ses détracteurs sur son isolement.

Depuis son accession à la tête du FN début 2011, la dirigeante du parti d'extrême droite avait rallié quelques personnalités individuelles, comme Gilbert Collard, Robert Ménard, des élus de second rang de la droite traditionnelle ou quelques ex-chevènementistes, mais aucun parti, excepté le Siel -petite formation créée pour l'occasion qui a récemment repris sa liberté.

Le Rassemblement bleu marine, lancé en 2012 pour grouper ces soutiens, n'a guère eu de réalité concrète et les Comités bleu marine évoqués fin 2015 n'ont connu aucune postérité.

Dans un salon huppé dans l'ouest de Paris, la candidate "Au nom du peuple", selon son slogan, et l'ex-candidat de Debout la France ont rivalisé samedi matin de superlatifs au moment de sceller le revirement de celui qui excluait jusque-là toute alliance. "Historique", ont-ils martelé.

"C'est comme un mariage, y'a la famille du marié d'un côté..." a plaisanté Marion Maréchal-Le Pen, la nièce de Marine Le Pen.

En cadeau d'alliance, le député-maire de Yerres (Essonne) s'est vu promettre Matignon en cas de victoire frontiste au second tour de la présidentielle.

Après avoir affirmé vendredi soir qu'il n'y aurait pas d'alliance de premier tour dans les 577 circonscriptions aux législatives, Nicolas Dupont-Aignan est apparu plus flou samedi. "Il y aura le temps des législatives, il faut d'abord gagner la présidentielle. Mais c'est l'esprit... pour moi."

Pour les deux dirigeants politiques, cette alliance est un pari.

- Il s'est 'flingué' -

Marine Le Pen a concédé à Nicolas Dupont-Aignan "six engagements précis", avec l'objectif de s'ouvrir les portes de l’Élysée en récupérant une partie de l'électorat de droite.

Principal signal visant les retraités, qui ont fortement voté François Fillon et qui sont hostiles à une sortie de l'euro, l'accord ne présente plus comme une urgence la transformation de la monnaie unique en monnaie commune, avec retour parallèle au franc.

"La transition de la monnaie unique à la monnaie commune européenne n'est pas un préalable à toute politique économique, le calendrier sera adapté aux priorités et défis immédiats que le gouvernement de la France devra relever", est-il écrit dans l'accord diffusé samedi.

Marion Maréchal-Le Pen a d'ailleurs indiqué samedi que la négociation sur l'UE et l'euro débuterait "en 2018" pour durer "plusieurs mois", voire "années", alors que la candidate FN promettait jusqu'à présent de débuter sitôt élue cette négociation, pour une durée de six mois.

Absents en revanche de l'accord, donc maintenus dans le programme FN, la "priorité nationale" ou l'abrogation de la loi Taubira.

Marine Le Pen, qui bénéficie déjà du soutien implicite de Philippe de Villiers, veut créer une majorité présidentielle de "patriotes", contre les "mondialistes" qui seraient "coalisés" autour d'Emmanuel Macron.

Nicolas Dupont-Aignan, qui a fait campagne ces dernières années en rejetant "l'arrière-boutique" frontiste "extrémiste", a récupéré au sein de sa formation certains déçus du FN. Il a aussi flirté avec la thèse du "grand remplacement" (selon laquelle les Africains et Maghrébins musulmans prendraient la place des Blancs chrétiens dans l'Hexagone) en vogue au sein de l'extrême droite et chez des dirigeants FN, mais rejetée par Marine Le Pen.

Il a pourtant rallié la patronne "en congé" du FN le jour où ce parti a remplacé son président par intérim Jean-François Jalkh, accusé de propos négationnistes qu'il a démentis, par Steeve Briois, maire FN d'Hénin-Beaumont renvoyé en correctionnelle pour provocation à la haine raciale.

Pour le président de DLF, qui pense pouvoir absorber le FN comme François Mitterrand avait absorbé le PCF via le Programme commun, ce choix ne s'est "pas fait de gaieté de cœur", d'après un de ses soutiens, selon lequel cela doit "permettre au parti de grandir".

Au moins deux-vice présidents de Debout la France, Dominique Jamet et Anne Boissel, ont pourtant annoncé leur départ du parti. Et, selon une source policière, 200 à 250 personnes ont protesté samedi contre cette décision devant la mairie de Yerres.

L'alliance avec le FN résulterait-elle d'un enjeu financier pour celui qui ne sera remboursé que pour la moitié de ses 1,5 million d'euros de frais de campagne électorale, faute d'avoir obtenu 5% des voix au premier tour, comme évoqué par Emmanuel Macron ou par le centriste Jean-Christophe Lagarde ?

Nicolas Dupont-Aignan a démenti samedi tout "accord financier". Mais, selon un ex-collaborateur, il "s'est flingué" pour "deux millions d'euros", alors que les enquêtes d'opinion n'annoncent pas une victoire frontiste.

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