Le programme FN, 45 ans de petites et grandes évolutions
Marine Le Pen, candidate à la présidentielle, a pris la tête du FN en 2011 en saluant son père Jean-Marie Le Pen, qui avait "eu raison" dès la...

Le programme FN, 45 ans de petites et grandes évolutions

Marine Le Pen, candidate à la présidentielle, a pris la tête du FN en 2011 en saluant son père Jean-Marie Le Pen, qui avait "eu raison" dès la...
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Par Guillaume DAUDIN

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Marine Le Pen, candidate à la présidentielle, a pris la tête du FN en 2011 en saluant son père Jean-Marie Le Pen, qui avait "eu raison" dès la fondation du parti en 1972. Le programme du FN, présenté samedi à Lyon, a pourtant connu lui aussi son lot d'évolutions majeures.

- IMMIGRATION

Dans "Défendre les Français", premier programme publié en 1973, l'immigration n'est pas au cœur du logiciel frontiste. Elle n'apparaît que deux fois en 32 pages, malgré une mise en garde contre la "constitution de véritables quartiers ou villes étrangères".

Rien à voir avec la suite de l'histoire du parti, ses déclarations xénophobes, ses affiches 1, 2, 3 "millions de chômeurs, c'est" 1, 2 ,3 "millions d'immigrés de trop" et sa demande constante d'"inversion des flux migratoires".

Aujourd'hui, le FN a pour slogan d'"arrêter l'immigration", mais dans le détail, il demande un solde annuel de "10.000 immigrés", ce qui est nettement différent.

- EURO, UE

À entendre Marine Le Pen, l'UE, un "totalitarisme", et l'euro, un "échec total", sont le mal absolu.

Marine Le Pen
Marine Le Pen
AFP

A une autre époque, pourtant, avant le traité de Maastricht (1992), le FN était partisan de la construction européenne. En 1978 par exemple, Jean-Marie Le Pen voulait "européaniser les forces armées". La Politique agricole commune (PAC), vilipendée aujourd'hui, était acceptée, quitte à l'"améliorer" pour éviter de "laisser chaque État se débrouiller seul dans la compétition mondiale" ("L'espoir", 1989).

Dans le même livre, Jean-Marie Le Pen jugeait que "créer une monnaie européenne est une des tâches prioritaires des prochaines années." La monnaie commune (l’Écu) pourrait être "la force de frappe financière de l'Europe". Une position déjà défendue en 1978 dans "Droite et démocratie économique", premier programme économique du parti.

Le FN, d'ailleurs, y revient, insistant depuis 2016 sur cette monnaie commune qui viendrait accompagner le franc retrouvé.

- FAMILLE, SANTÉ, SOCIAL

Aujourd'hui défenseur auto-proclamé de la Sécu face au programme Fillon, le FN placardait des affiches dans les années 1980 affirmant que "la Sécurité sociale ruine les Français".

L'avortement n'est plus considéré lui comme un "suicide forcé" (fin des années 1970) : Marine Le Pen a certes promis en 2011 le déremboursement de l'IVG, mais elle est désormais favorable à sa "non-remise en cause".

Le FN, qui fustigeait par ailleurs autrefois les chômeurs, assimilés à des "parasites" (1984), se veut leur premier défenseur. La proposition de 2007 de leur interdire de refuser plus de trois offres d'emploi est passée à la trappe.

- ÉCONOMIE

Qu'elles sont loin, les deux premières décennies du FN ! À l'époque, le parti pourfend l’État "Moloch", le Pen père s'affiche avec le président américain Ronald Reagan.

Jusqu'à sa dernière campagne présidentielle, en 2007, dirigée par sa fille Marine, Jean-Marie Le Pen proposera d'abolir l'impôt sur le revenu, mais aussi les 35 heures.

Mais depuis Maastricht, et plus encore depuis l'arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti en 2011, le parti promeut le "protectionnisme".

Après une campagne 2012 économiquement très portée sur le social, et de nombreuses attaques de la droite assimilant son programme économique à celui de Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen essaie de rééquilibrer son message pour 2017 : "libéral à l'intérieur des frontières, protectionniste à l'extérieur", résume l'un de ceux qui tiennent la plume économique.

- DROITE, GAUCHE

"Ni droite, ni gauche", vous avez dit ? Longtemps, pourtant, Jean-Marie Le Pen est candidat de la "vraie droite", "nationale", "populaire" et "sociale", face à la "pseudo-droite". En 1986, les 36 députés FN veulent d'ailleurs être des "aiguillons", à l'Assemblée nationale, de la majorité chiraquienne, pourtant peu avare en privatisations, pour lui éviter une "dérive à gauche".

Mais dans les années 1990, sous l'influence de Samuel Maréchal, alors patron du Front national de la jeunesse, le FN adopte la ligne "ni droite ni gauche", qui prévaut encore aujourd'hui, même si certains plaident en interne pour s'afficher plus franchement à droite, et notamment... la fille de M. Maréchal, Marion Le Pen.

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