« Le rapprochement de TF1 et de M6 conduirait à des parts de marché publicitaire considérables », juge Isabelle de Silva

« Le rapprochement de TF1 et de M6 conduirait à des parts de marché publicitaire considérables », juge Isabelle de Silva

L’ancienne présidente de l’Autorité de la concurrence était auditionnée, lundi 13 décembre, par la commission d’enquête sur la concentration des médias. Alors qu’elle avait dit ses réserves sur la fusion TF1 - M6, le mandat d’Isabelle de Silva n’a pas été renouvelé. La commission sénatoriale l’a interrogée sur ce point. 
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Par Héléna Berkaoui

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L’éviction de la présidente de l’autorité de la concurrence a nourri les spéculations sur la fusion entre TF1 et M6, en octobre dernier. Pourtant saluée par ses pairs pour son « bilan solide », Isabelle de Silva a, en effet, été remerciée. Elle avait émis des doutes sur ce projet de fusion.

Auditionnée devant la commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias, lundi 13 décembre, Isabelle de Silva a été questionnée à ce sujet par les sénateurs.

Citant un article du Monde, le rapporteur de la commission sénatoriale, David Assouline, a rappelé les spéculations qui pèsent sur son éviction. Le sénateur PS a aussi évoqué certains éléments qu’il juge troublants, comme le fait que son successeur par intérim, Emmanuel Combe, ait reçu la Légion d’honneur des mains du Président, une semaine après cette décision.

L’autorité de la concurrence jouera un rôle important dans ce projet. C’est à elle qu’il échoue de donner son accord pour modifier les « marchés pertinents », en l’occurrence celui de la publicité télévisée sur lequel TF1 et M6 deviendraient dominants en cas de fusion.

« Le rapprochement de TF1 et de M6 conduirait à des parts de marché publicitaire très considérables, de l’ordre de 70 %, ce qui est une opération d’une ampleur jamais vue dans l’audiovisuel français depuis la loi de 86 », a souligné Isabelle de Silva devant la commission d’enquête.

 

« Je souhaitais être renouvelée, pour autant je ne crois pas que ce soit cette opération qui ait conduit au choix d’un nouveau président ».

L’ancienne présidente de l’Autorité de la concurrence a éludé toutes les questions sur son éviction. « Moi, je souhaitais être renouvelée, pour autant je ne crois pas que ce soit cette opération qui ait conduit au choix d’un nouveau président », a-t-elle simplement déclaré.

La commission d’enquête l’a également interrogée sur son bilan. Sous sa présidence, L’Autorité de la concurrence a sanctionné Google à hauteur de 220 millions d’euros pour avoir favorisé ses propres services dans le secteur de la publicité en ligne. Une autre amende, cette fois de l’ordre de 500 millions d’euros, avait été prononcée contre le géant pour son manque de « bonne foi » dans ses négociations avec les éditeurs de presse sur les droits voisins.

A une autre échelle, Isabelle de Silva a expliqué le fonctionnement de l’autorité face à la concentration des médias dans la presse quotidienne régionale. L’ancienne présidente fait de décisions tendant à imposer des rédactions séparées.

« L’autorité de la concurrence mériterait de voir ses moyens renforcés »

Interrogée sur les moyens alloués à l’autorité de la concurrence, Isabelle de Silva a dit le besoin de moyens supplémentaires : « Les opérations de concentration sont extrêmement complexes et je crois vraiment que l’autorité de la concurrence mériterait de voir ses moyens renforcés notamment pour traiter des enjeux numériques ».

Les auditions de la commission d’enquête sur la concentration des médias se poursuivent ce lundi avec les représentants de la presse écrite.

 

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