Le Sénat adopte une résolution pour lutter contre toutes les formes de l’antisémitisme
Le Sénat a adopté une résolution non contraignante sur la lutte contre toutes les formes d’antisémitisme. Lors des débats, plusieurs élus ont rappelé que l’antisémitisme prenait également la forme du révisionnisme et « de tentatives de réhabilitation de l’Etat français du Maréchal Pétain », en faisant référence sans le nommer à Éric Zemmour.
« Hier comme aujourd’hui, un antisémite est un antisémite. Nous ne devons rien céder […] l’objet de cette résolution, c’est d’adopter une définition nouvelle (de l’antisémitisme) à la hauteur de cette exigence. Parce qu’on ne combat bien, que ce qu’on nomme bien », a fait valoir Bruno Retailleau, président du groupe LR du Sénat et co-auteur avec son homologue du groupe centriste, Hervé Marseille, d’une proposition de résolution portant sur la lutte contre toutes les formes d’antisémitisme.
Le texte reprend la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA) que la France a signé en 2016 : « L’antisémitisme est une certaine perception des Juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte ».
« Hier, l’antisémitisme était principalement le fait d’une idéologie, de l’extrême droite. Aujourd’hui, un autre écosystème s’est mis en place dans les territoires perdus de la République, gagnés par l’islamisme. Des territoires où on ne peut plus enseigner à l’école la Shoah […] Dans ces territoires combien de familles ont dû s’exiler la peur au ventre », a mis en avant le président du groupe LR, visant un antisémitisme « qui se cache dans l’ombre de discours prétendument antiracistes ».
Fin 2019, une résolution similaire sur la lutte contre l’antisémitisme telle que définie par l’IHRA avait été adoptée de justesse à l’Assemblée nationale (154 députés ont voté pour, 72 contre). En cause, les exemples qui font suite à cette définition, associent l’antisionisme à une nouvelle forme d’antisémitisme.
« Les critiques de la politique du gouvernement israélien ne peuvent y être assimilées »
Raison pour laquelle, la résolution déposée par Bruno Retailleau et Hervé Marseille prend soin de rappeler que cette définition « ne remet pas en cause la liberté fondamentale de critiquer les politiques menées par l’État d’Israël ».
Si la résolution a été adoptée par les sénateurs, la définition de l’antisémitisme n’a pas pour autant fait consensus. Le sénateur écologiste, Guy Benarroche a souligné qu’Emmanuel Macron lui-même avait indiqué vouloir élargir la notion d’antisémitisme à l’antisionisme. « Si l’on peut considérer qu’il existe dans certaines attaques formulées à l’encontre d’Israël des dérives antisémites, les critiques de la politique du gouvernement israélien ne peuvent y être assimilées […] Nous refuserons toujours cette instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme ».
Le sénateur communiste, Pierre Ouzoulias a quant à lui déploré « l’utilisation politique très partisane » de la définition de l’IHRA, lui préférant la déclaration de Jérusalem de 2020 « plus pertinente puisqu’elle inscrit les antisémitismes d’hier et d’aujourd’hui dans le même processus d’assimilation des juifs aux forces du mal ». Pierre Ouzoulias a également estimé que la définition de l’IHRA « ne mentionne aucunement la nouvelle irruption dans le débat public de thèses négationnistes et de tentatives de réhabilitation de l’Etat français du Maréchal Pétain ».
« Les négationnistes classiques qui font de Pétain le protecteur des juifs français »
Cette référence au polémiste d’extrême droite Éric Zemmour s’est retrouvée dans les prises de parole d’un bout à l’autre de l’hémicycle. « Nous sommes en face d’un antisémitisme protéiforme […] les négationnistes classiques qui font de Pétain le protecteur des juifs français (car) il livrait les juifs étrangers. Comme si livrer des gens à la déportation avait une gradation. C’est absolument insupportable », a appuyé le sénateur LR, Roger Karoutchi
Le sénateur socialiste, Rachid Temal a indiqué « avoir mal à (s)a France » lorsqu’il entend « certains élus de la République courir après un polémiste révisionniste ou refuser de le condamner ».
Le racisme et l’antisémitisme étant déjà pénalement répréhensible, la résolution, sans valeur contraignante, n’en est pas moins un « un instrument utile » a fait valoir Marlène Schiappa. La ministre en charge de la Citoyenneté a rappelé que cette définition de l’antisémitisme allait servir de base « à l’application de la loi et des politiques publiques dans les tâches de prévention, de pédagogie comme de répression ».
Ce jeudi, Véronique Louwagie, ministre déléguée du Commerce, était l’invitée de la matinale de Public Sénat. Elle a annoncé que la mesure visant à baisser le seuil d’exonération de la TVA pour les micro-entreprises, ferait l’objet d’une concertation avec les parlementaires “début mai”.
Les Républicains ont plus que doublé leur nombre d’adhérents, à un mois du vote qui doit départager Laurent Wauquiez de Bruno Retailleau pour la présidence du parti. L’Ile-de-France rassemble le quart des militants, l’ancienne région de Laurent Wauquiez plus de 16 %. Dans son fief de la Haute-Loire, « on est passé de 200 à plus de 2000 adhérents », revendique le sénateur Laurent Duplomb. « Les fiefs vont s’égaliser, c’est le reste de la France qui fera la différence », selon Max Brisson, soutien du ministre de l’Intérieur.
Le Parquet national antiterroriste a ouvert une enquête après une série d’attaques contre plusieurs établissements pénitentiaires. Le garde des Sceaux y voit la réponse du grand banditisme à la politique de lutte contre le trafic de stupéfiants conduite par le gouvernement. Auprès de Public Sénat, le rapporteur de la commission d’enquête du Sénat sur le narcotrafic alerte sur le caractère « gravissime » de cette affaire.
Presque trois ans après sa première lecture au Sénat, la proposition de loi transpartisane du Sénat encadrant l’intervention des cabinets de conseil dans les politiques publiques n’a pas fini son parcours législatif et est en attente d’une deuxième lecture à l’Assemblée nationale. La présidente du groupe communiste du Sénat, Cécile Cukierman demande au Premier ministre son inscription à l’ordre du jour.