Le Sénat lance une mission d’information sur l’avenir de la sidérurgie

Le Sénat lance une mission d’information sur l’avenir de la sidérurgie

Les sénateurs veulent approfondir leurs travaux sur l’état de la sidérurgie en France. Une mission d’information, crée à l’initiative du groupe Union centriste, se met en place, afin de répondre aux enjeux et aux défis de l’acier français « au XXIe siècle ».
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« Pauvre Lorraine, dont une grande partie de la population vivait de la sidérurgie ! Notre région était généralement considérée comme un pays de cocagne […] que les temps sont changés ! » Cette remarque, presque désespérée, lancée par un sénateur de Meurthe-et-Moselle, aurait pu être entendue dans la dernière décennie. Elle a été prononcée lors d’une séance de 1978. Il n’est pas rare de retrouver dans les comptes rendus du Sénat des prises de paroles s’alarmant du déclin de l’acier en France, législature après législature. Le secteur a poursuivi sa lente érosion ces dernières années. L’emploi salarié dans la sidérurgie a chuté de 21% entre 2008 et 2017, selon l’Insee.

Les fermetures retentissantes, dans le bassin mosellan, de l’aciérie de Gandrange et des hauts-fourneaux de Florange ont marqué l’histoire industrielle récente. Plus proche de nous, la reprise in extremis de l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord), un site de pointe, fleuron de la métallurgie, a offert une petite lueur d’espoir dans un environnement bien sombre. « On peut avoir une sidérurgie du XXIe siècle », croit Valérie Létard, sénatrice (Union centriste) du Nord. « La vieille industrie peut se moderniser. On peut trouver des niches d’activité, des secteurs à valeur ajoutée. »

« Opportunité de croissance et de développement »

Fin janvier, le Sénat a mis sur pied une mission d’information sur l’avenir de la filière, sur demande de l’Union centriste, qui a bénéficié de son droit de tirage. Au sein du groupe parlementaire, c’est Valérie Létard qui est à l’origine de la proposition. L’intitulé du groupe de travail se veut positif dans cette prospective : « Enjeux de la filière sidérurgique dans la France du XXIe siècle : opportunité de croissance et de développement ».

Durant six mois, les sénateurs enchaîneront des auditions et les visites sur le terrain, pour croiser les expériences et les expertises, que ce soit en France ou à l’étranger. « La réalité de la situation, de la filière, on doit l’analyser à trois niveaux. Au niveau national, au niveau européen, et au bien sûr au niveau international », explique à Public Sénat, Valérie Létard.

L’objectif : dresser un état des lieux de l’ensemble de la filière dans le pays, de son rôle, de ses préoccupations, de son imbrication dans le tissu industriel, pour identifier les « attentions » qu’il faut porter à l’égard du secteur et de ses préoccupations. Il s’agira d’identifier de quelle manière certaines usines peuvent se rénover pour aller sur des secteurs à haute valeur ajoutée.

Une filière pleine de contrastes

« On va commencer le travail par le bilan de l’analyse fait dans les précédentes missions », précise la vice-présidente du Sénat. En 2011, une mission d’information au Sénat avait travaillé sur la désindustrialisation des territoires. Deux ans plus tard, une commission d’enquête à l’Assemblée nationale s’était penchée plus spécifiquement sur la situation de la sidérurgie et de la métallurgie française et européenne. Un rapport avait formulé 26 propositions pour conforter la production d’acier français.

Cette photographie, datée désormais, sera en tout cas une base pour savoir d’où vient la filière. « Les choses ont bien évolué depuis […] le contexte est très mouvant », reconnaît Valérie Létard. D’autres problématiques sont aussi apparues entre-temps. Avec l’entrée en vigueur récente de l’Accord de Paris sur le climat, il sera aussi question de répondre aux enjeux environnementaux.

Aux réalités de la filière, elles sont aussi plurielles, avec des méthodes de travail et des débouchés variés. « La filière est en même temps stratégique sur certains volets, assez solide je dirais, et sur d’autres, elle est fragilisée par la concurrence internationale », résume la sénatrice du Nord.

De nombreux élus de Lorraine et du Nord prennent part à la mission

La mission d’information sera également l’occasion pour le Sénat de suivre attentivement des dossiers brûlants d’actualité, longuement évoqués pendant les questions d’actualité au gouvernement ces derniers mois, comme celui d’Ascoval. « On suivra la façon dont la reprise se met en place », fait savoir Valérie Létard.

Au total, 27 sénateurs ont été nommés dans cette mission d’information. Près des deux tiers d’entre eux sont élus de trois territoires marqués par l’acier : Nord-Pas-de-Calais, Lorraine, ou les départements alpins. La mission s’installera officiellement le 6 février, au cours d’une réunion où seront désignés les membres du bureau.

Au terme de ses six mois d’activité, elle rendra un rapport d’information, avec des recommandations.

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