Le Sénat perd son action en diffamation contre un journaliste auteur d’un livre sur l’institution

Le Sénat perd son action en diffamation contre un journaliste auteur d’un livre sur l’institution

Le Sénat a perdu vendredi à Paris l'action en diffamation qu'il avait intentée à un journaliste, lui reprochant certains passages...
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Le Sénat a perdu vendredi à Paris l'action en diffamation qu'il avait intentée à un journaliste, lui reprochant certains passages de son livre "Le Sénat, un paradis fiscal pour des parlementaires fantômes".

Tout en estimant que certains des propos incriminés présentaient "un caractère diffamatoire", le tribunal correctionnel a relaxé le journaliste Yvan Stefanovitch "au bénéfice de la bonne foi" ainsi que son éditeur, et débouté le Sénat qui s'était constitué partie civile.

Le président de la Haute assemblée Gérard Larcher avait saisi le 29 juin 2016 le procureur de la République de Paris, six jours après le vote à la quasi-unanimité d'une délibération l'autorisant à requérir l'engagement de poursuites pour diffamation publique.

"Ce n'est pas la première fois que nous sommes critiqués. (...) Toutefois, cet ouvrage m'a paru dépasser la limite de l'acceptable", avait déclaré M. Larcher lors de la délibération.

Dans son ouvrage publié en juin 2016 aux Editions du Rocher, Yvan Stefanovitch affirme que le Sénat est "le royaume des niches fiscales", tandis que l'indemnité représentative de frais de mandat "légalise le black des sénateurs". Il accuse aussi le Sénat de "pratiques anticonstitutionnelles" et dénonce "un système de triche organisé", au sujet de l'absentéisme des sénateurs.

Le tribunal a notamment considéré que des propos employant les termes de "paradis fiscal" et comparant le Sénat "avec les Bermudes, Jersey, Monaco ou le Liechtenstein", aussi "désagréables" qu'ils soient, n'étaient pas diffamatoires.

Pour les juges, "s'interroger sur le fonctionnement effectif de la Chambre haute du Parlement et notamment sur le statut fiscal des sénateurs, le système des délégations de vote, la façon dont les excuses des absents sont acceptées ou non, ainsi que sur la transparence de cette institution créée par la Constitution (...) constitue un sujet d'intérêt général majeur".

L'ouvrage "s'inscrit dans une critique d'une institution, certes parfois virulente mais dans un objectif affiché de réforme allant dans le sens de davantage de transparence", est-il ajouté dans le jugement consulté par l'AFP.

Les éditions du Rocher et Yvan Stefanovitch "se félicitent de cette décision historique du tribunal correctionnel de Paris qui consacre la liberté d'expression en justifiant que l'on s'intéresse au fonctionnement des institutions de la République", a réagi dans un communiqué l'éditeur Bruno Nougayrède.

Cette action en diffamation intentée par l'une des deux assemblées parlementaires était "la première dans l'Histoire de la Ve République", selon l'avocat du Sénat, Emmanuel Marsigny.

Dans la même thématique

Le Sénat perd son action en diffamation contre un journaliste auteur d’un livre sur l’institution
6min

Politique

Agences de l’état : Laurent Marcangeli ne veut pas fixer d’objectif chiffré pour éviter la « formation d’anticorps »

Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.

Le

Le Sénat perd son action en diffamation contre un journaliste auteur d’un livre sur l’institution
7min

Politique

Présidence des LR : Laurent Wauquiez cible le « en même temps » de Bruno Retailleau

A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.

Le