Le Sénat refuse que les sages-femmes puissent pratiquer des IVG instrumentales
Les sénateurs ont retiré l’article du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) qui prévoyait d’autoriser à titre expérimental la réalisation par les sages-femmes d’interruptions volontaires de grossesse instrumentales. Mais ils ont approuvé le tiers payant obligatoire en cas d’IVG, pour des raisons de confidentialité.

Le Sénat refuse que les sages-femmes puissent pratiquer des IVG instrumentales

Les sénateurs ont retiré l’article du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) qui prévoyait d’autoriser à titre expérimental la réalisation par les sages-femmes d’interruptions volontaires de grossesse instrumentales. Mais ils ont approuvé le tiers payant obligatoire en cas d’IVG, pour des raisons de confidentialité.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Deux articles du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2021 prévoyaient de renforcer l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Le Sénat en a maintenu un et en a supprimé un autre, ce 13 novembre en séance. Non à l’autorisation, à titre expérimental, des réalisations d’IVG instrumentales par les sages-femmes. Mais oui à l’extension du tiers payant à toutes les assurées au titre des frais relatifs à une IVG.

Dans un premier temps, l’hémicycle n’a pas suivi la rapporteure de la branche maladie, Corinne Imbert (LR), qui voulait s’opposer à un amendement adopté à l’Assemblée nationale. Le texte adopté par les députés prévoyait de pratiquer systématiquement le tiers payant intégral en cas de frais relatifs à une IVG, afin de garantir le respect du secret d’une prise en charge d’une assurée. Il s’agissait de reprendre l’une de mesures contenues dans une proposition de loi adoptée début octobre pour renforcer le droit à l’avortement.

La rapporteure a indiqué que des dispositions permettaient déjà de garantir cette confidentialité dans certains cas : pour la prise en charge de mineures sans consentement parental, ou encore via une feuille de soins aménagée, pour les assurées majeures. Selon elle, le dispositif aurait surtout concerné les IVG médicamenteuses prescrites dans le cadre de la médecine de ville. Corinne Imbert a, en outre, précisé que cette disposition ne relevait pas du champ d’une loi de financement.

Le point de vue d’Adrien Taquet, secrétaire d’État en charge de l’Enfance et des Familles, l’a emporté dans les débats. « Il semble plus opportun de le mettre en place le plus rapidement possible », a estimé le ministre, soucieux de « rendre le plus efficace le recours à l’IVG » et d’être « le plus protecteur » vis-à-vis de ces assurées. Le sénateur Bernard Jomier (apparenté PS) a ajouté que l’adoption de l’amendement de suppression de l’article aurait envoyé « un message négatif ».

« Il y a une exigence sur laquelle nous ne transigerons pas : c’est la qualité et la sécurité des soins », a promis Adrien Taquet

La position de la commission des affaires sociales a en revanche été entendue, lorsque Corinne Imbert a demandé la suppression de l’article proposant d’autoriser, à titre expérimental, la réalisation par les sages-femmes d’interruptions volontaires de grossesse instrumentales (article 34 quinquies du projet de loi). Ces dernières peuvent, depuis la loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé, pratiquer des IVG médicamenteuses. La sénatrice a affirmé que cette nouvelle extension proposée dans le texte en discussion ne faisait pas l’unanimité et que cette opération chirurgicale, pratiquée par des médecins, était technique. Avant de répéter que cette mesure concernant les compétences d’une profession ne relevait donc pas non du PLFSS.

Sans convaincre cette fois, Adrien Taquet a rappelé que les sages-femmes pratiquaient déjà des gestes endo-utérins et que cette disposition allait permettre aux femmes de choisir plus librement le type d’IVG souhaitée. « Il y a une exigence sur laquelle nous ne transigerons pas : c’est la qualité et la sécurité des soins », a-t-il voulu rassurer, indiquant que l’article allait entraîner des conséquences sur la formation et l’expérience des sages-femmes.

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture 2
3min

Politique

Cancers : l’Union européenne n’a pas « d’excuse pour ne rien faire »

Un sommet européen sur le Cancer doit se tenir à Bruxelles du 19 au 20 novembre. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité sur le Vieux Continent. Chaque année, 2,6 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués. Tabac, alcool, pesticides, polluants divers, nos modes de vie et conditions de travail sont en cause. Alors, comment endiguer le fléau du cancer dans l’Union européenne ? Pourquoi sommes-nous aussi touchés ? Ici l’Europe ouvre le débat avec les eurodéputés Laurent Castillo (PPE, France) et Tilly Metz (Verts, Luxembourg). L'UE n'a pas "d'excuse pour ne rien faire", estime cette dernière.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le