Le Sénat supprime une aide à l’hébergement des réfugiés à la demande du gouvernement
Les sénateurs ont supprimé, à la demande du gouvernement, le crédit d’impôt de 5 euros par nuit pour les personnes qui hébergent des réfugiés. La mesure avait pourtant été adoptée à l’initiative de députés LREM.

Le Sénat supprime une aide à l’hébergement des réfugiés à la demande du gouvernement

Les sénateurs ont supprimé, à la demande du gouvernement, le crédit d’impôt de 5 euros par nuit pour les personnes qui hébergent des réfugiés. La mesure avait pourtant été adoptée à l’initiative de députés LREM.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

C’est une mesure adoptée à l’initiative de députés LREM. Le gouvernement l’a pourtant fait supprimer, avec l’aide de la majorité sénatoriale de droite. Parfois, en politique, les choses ne sont pas toujours évidentes. Dans le cadre de l’examen du budget 2019, les sénateurs ont en effet supprimé une aide pour les personnes qui hébergent des réfugiés gratuitement.

« Extrêmement difficile à mettre en place »

Il s’agit d’un crédit d’impôt de 5 euros par nuitée, dans la limite d’un plafond annuel de 1.500 euros. La mesure avait été adoptée à l’Assemblée à l’initiative du député LREM Aurélien Taché. « Le gouvernement salue le travail d’Aurélien Taché mais ne partage pas l’intégralité des préconisations » a affirmé le secrétaire d’Etat, Olivier Dussopt. « L’outil fiscal n’est pas la meilleure solution » et « ce dispositif serait extrêmement difficile à mettre en place » a-t-il justifié.

Le rapporteur LR du budget, Albéric de Montgolfier, a émis en séance un avis de sagesse. Sa commission s'était en réalité montrée ouverte à la mesure. Le sénateur LR Roger Karoutchi a de son côté ironisé face au ministre, se disant « admiratif devant la capacité d’innovation de l’Assemblée nationale, dans un groupe qui vous soutient ». S’il a salué « un geste généreux », il estime « la pratique compliquée ». Roger Karoutchi « ne voi(t) pas bien comment ce sera contrôlé et contrôlable » (voir la première vidéo).

« Ce dispositif est très efficace en termes d’intégration et permet de répondre à un manque cruel de places »

La sénatrice PS, Marie-Pierre de la Gontrie, a au contraire salué « le travail très important du député LREM Aurélien Taché » et en particulier cette mesure qui « encourage la générosité des Français qui décident d’héberger gratuitement des réfugiés ». « Ce dispositif est très efficace en termes d’intégration et permet de répondre à un manque cruel de places » ajoute la sénatrice de Paris (voir la vidéo ci-dessous). Son collègue socialiste Rémi Féraud souligne que les 5 euros d’aide permettent « une grande économie budgétaire comparée à l’hébergement dans des structures publiques », qui coûte « entre 17 et 25 euros la nuit » selon Marie-Pierre de la Gontrie.

Marie-Pierre de la Gontrie (PS) défend un système d'une aide à l’hébergement des réfugiés
02:18

Sur ce sujet, les députés LREM, du moins une partie, ne sont pas les seuls à tenir tête au gouvernement. Le sénateur LREM Richard Yung a pris aussi parti pour la mesure votée par ses collègues de l’Assemble. Il regrette « un effort insuffisant » pour les réfugiés. « Je n’ose pas dire que c’est la honte de la République, mais c’est une des grandes difficultés de la République que de ne pas pouvoir accueillir convenablement les réfugiés statuaires » pointe-t-il du doigt, écartant les difficultés de mise en œuvre du dispositif proposé : « On passe par des associations d’utilité publique. C’est la garantie qu’il y aura une mécanique raisonnable ». Richard Yung ajoute : « La République s’honore en n’adoptant pas cet amendement ». La majorité sénatoriale a préféré l’adopter. Et donc supprimer cette aide. Une fois n’est pas coutume, le gouvernement peut dire merci aux sénateurs de droite et à leur coup de main.

Partager cet article

Dans la même thématique

Le Sénat supprime une aide à l’hébergement des réfugiés à la demande du gouvernement
3min

Politique

Santé mentale : « 25% des lycéennes ont déjà pensé à la mort », s’alarme la spécialiste Angèle Malâtre-Lansac

Décrété « Grande cause nationale » en 2025, les troubles de la santé mentale concernent 13 millions de français. Un enjeu de santé publique qui touche fortement la jeunesse. Si la question est au centre du débat public, les solutions tardent à être mises en place et le secteur de la psychiatrie manque de moyens. Cette semaine dans Et la Santé ça va ?, Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Céline Brulin et Angèle Malâtre-Lansac, déléguée générale de l’Alliance pour la Santé mentale pour en débattre.

Le

Le Sénat supprime une aide à l’hébergement des réfugiés à la demande du gouvernement
4min

Politique

Armement : Kaja Kallas appelle la France à « augmenter les cadences de production »

C’est la voix de la diplomatie européenne. Au moment où le cessez le feu connait des ratés à Gaza, et où la guerre s’enlise en Ukraine, quelle place pour les Européens ? Comment peser sur les grands conflits en cours ? Guerre en Ukraine, cessez-le-feu à Gaza, ou encore traité de libre-échange avec les pays du Mercosur, la Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité Kaja Kallas défend son action et répond sans détour aux questions de Caroline de Camaret et d’Armen Georgian dans Ici l’Europe.

Le