Le témoignage d’une femme voilée : « Je ne me sens plus française comme je l’étais auparavant »
Une mère portant le voile, en visite au Sénat, se désole du débat sur l’interdiction de signes religieux dans les sorties scolaires. Elle se sent aujourd’hui « dénigrée ».

Le témoignage d’une femme voilée : « Je ne me sens plus française comme je l’étais auparavant »

Une mère portant le voile, en visite au Sénat, se désole du débat sur l’interdiction de signes religieux dans les sorties scolaires. Elle se sent aujourd’hui « dénigrée ».
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Deux semaines que le débat politique se grippe et gravite autour des questions de laïcité et de la lutte contre le communautarisme. Premières concernées par un proposition de loi qui entend assurer la neutralité religieuse dans le cadre des sorties scolaires, les mères de famille qui portent le voile se sont rarement exprimées. L’une d’entre elles, Fatia Bibi, en visite au Sénat, tient à témoigner et fait part de sa « souffrance » à notre micro. « Je ne me sens plus française comme je l’étais auparavant », confie cette habitante de Marseille. « J’ai grandi dans un pays de liberté, de fraternité, d’égalité. J’ai été à l’école républicaine et je me sens dénigrée, de par ma religion et de par mon foulard. »

Elle fait partie d’un groupe de femmes et d’enfants d’un centre social de Marseille, invités à la Haute-Assemblée par la sénatrice des Bouches-du-Rhône, Samia Ghali. Hasard du calendrier, cette initiative se concrétise le jour même de l’examen de la proposition de loi des Républicains pour interdire le port du voile lors des sorties scolaires. Selon l’ancienne socialiste, cette visite était programmée depuis plusieurs mois.

« Touchée » par le contenu de la proposition de loi, car elle pourrait en payer les conséquences demain, Fatia Bibi y voit du « racisme pur et simple contre l’islam et contre les femmes voilées ». Elle redoute également les effets pervers du texte, pour les écoles où les accompagnants et accompagnatrices se comptent sur les doigts d’une main. « Les premiers pénalisés seront les enfants et ça va engendrer d’autres problèmes », anticipe-telle.

« On ne porte pas une arme, on n’est pas des terroristes »

« On ne porte pas une arme, on n’est pas des terroristes. Il faut arrêter avec ce faux débat ». Depuis l’incident du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, où une accompagnante scolaire voilée a été prise à partie par un élu du Rassemblement national, le contexte met mal à l’aise Fatia Bibi. « Ça commence à devenir fatiguant car il y a d’autres problèmes plus importants que celui-là ! […] On ne porte pas une arme, on n’est pas des terroristes. Il faut arrêter avec ce faux débat. »

Elle estime que le climat actuel « crée des tensions ». « On le voit avec l’agression qu’il y a eu à Bayonne. C’est le résultat de tout ce qui se passe en ce moment. » Elle accuse également une partie des responsables politiques et des médias de chercher à « diviser les Français ».

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