Le vaccin russe « n’est pas autorisable avant la fin du mois de juin », indique Clément Beaune

Le vaccin russe « n’est pas autorisable avant la fin du mois de juin », indique Clément Beaune

Le secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes était auditionné, ce jeudi, au Sénat quelques jours après le Conseil européen où il a surtout été question de la stratégie vaccinale de l’Union, Clément Beaune est aussi revenu sur le vaccin russe fustigeant la stratégie de division de la Russie.
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Par Héléna Berkaoui

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« La perception de l’Europe aujourd’hui n’est pas bonne et j’en suis parfaitement conscient. Une fois que les gens auront une dose de vaccin dans le bras, c’est là que leur perception changera », a exposé le secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes devant les sénateurs, ce jeudi. Quelques jours après le Conseil européen sur la stratégie vaccinale de l’Union, et au lendemain de l’allocution d’Emmanuel Macron, Clément Beaune est revenu sur le renforcement voulu par les pays membres en matière de contrôle des vaccins.

« L’Union européenne a exporté 40 % de sa production de vaccins quand les Etats-Unis ou le Royaume-Uni donnaient la priorité à la vaccination de leurs citoyens et n’exportaient rien », a rappelé le président de la commission des Affaires européennes Jean-François Rapin. Les retards de livraison de l’AstraZeneca et le rôle du Royaume-Uni ont particulièrement été pointés du doigt.

Des critiques pleinement partagées par le secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes pour qui « l’Europe doit éviter toute naïveté. Nous ne pouvons exporter des doses d’un vaccin pour un laboratoire qui ne respectera pas ses engagements, je pense à AstraZeneca, ou, ce qui est parfois lié, je regarde vers le Royaume-Uni, vers un pays qui, lui, n’assurerait aucun flux dans l’autre sens », a-t-il affirmé.

Vaccins : « l'Europe doit éviter toute naïveté », prévient Clément Beaune
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L’Union européenne s’est dotée d’un mécanisme de contrôle dont le principe se résume à : « On livre, si on est livré ». Ce mécanisme entend donc préserver un critère de réciprocité et de proportionnalité, « tout laboratoire doit préciser s’il peut exporter », sous contrôle de la Commission européenne. Pour illustrer ce mécanisme, Clément Beaune a cité l’exemple de l’Italie qui a bloqué une livraison de vaccins vers l’Australie arguant notamment d’une « pénurie persistante » et des « retards d’approvisionnement » du laboratoire AstraZeneca.

Au-delà du laboratoire AstraZeneca, Clément Beaune a reconnu des faiblesses dans la stratégie vaccinale de l’Union européenne : « Ce que nous avons mal fait, c’est l’investissement dans la dernière phase de développement des vaccins et dans l’anticipation des capacités de production ». Les Américains ont, eux, injecté quelque 15 milliards de dollars dans la vaccination, un investissement impossible à l’échelle nationale. Les Etats-Unis ont aussi disposé d’un outil clef : la Barda, l’Autorité pour la R & D avancée dans le domaine biomédical. Dans le même esprit, la Commission européenne a lancé à la mi-mai la plateforme European Research Area (ERA) mais ses fonds n’apparaissent pas suffisants aujourd’hui, précise Clément Beaune.

La Russie a « une stratégie de division dans l’UE »

Interrogé sur le vaccin russe, le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes a voulu faire une mise au point en rappelant qu’il devait être soumis à tous les contrôles sanitaires en vigueur. « Il y a une dernière étape qui est l’avis de l’Agence européenne des médicaments (EMA) sur l’autorisation de mise sur le marché, qui prend encore quelques semaines. Donc ce n’est pas un vaccin qui est autorisable vraisemblablement avant la fin du mois de juin », a-t-il indiqué.

Clément Beaune a également rappelé que les capacités de production du vaccin russe restaient limitées. Le secrétaire d’Etat a reproché à Moscou d’utiliser Spoutnik comme une arme de propagande sur la scène internationale. « Il y a des actes géopolitiques ou des coups de com' qui sont utilisés par nos amis russes pour montrer à quel point ils sont présents dans l’Union européenne », a-t-il déclaré. Et de prévenir : « Ne soyons pas naïfs, (ils ont) une stratégie de division dans l’UE qui pour l’instant n’a pas fonctionné, tant mieux, au-delà de quelques coups de canif ».

Inquiétudes sur le plan de relance européen

La commission des Affaires européennes du Sénat s’est aussi inquiétée de l’avancée du premier plan de relance européen. La ratification par l’Allemagne de ce plan doté de 750 milliards d’euros est aujourd’hui bloquée par un recours devant la Cour suprême. Dans le même temps, les Etats-Unis entendent, eux, renforcer encore leur plan de relance. Un contexte qui interroge les sénateurs sur les risques d’un plan « trop petit et trop tard par rapport à ce que font les Etats-Unis avec un fort risque de décrochage ».

« Le plan Biden n’est pas un plan de relance stricto sensu, c’est 1 900 milliards de dollars c’est un plan d’urgence, a voulu nuancer Clément Beaune. Nous avons 20 points de plus de dépenses publiques que les Etats-Unis, en période de crise il est certain que nous avons des protections sociales qui fonctionnent et qui nécessitent moins ce genre de grand plan massif ». Pour autant, le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes admet que les efforts d’investissements sont plus importants chez les Américains, « c’est la raison pour laquelle j’évoquais l’idée qu’on devait compléter notre réponse de relance européenne ».

Un des sujets importants aussi évoqué, est celui du certificat sanitaire européen. « Il faut porter une attention particulière à la façon dont les Etats membres vont se saisir de ce certificat. Il ne faut pas faire une usine gaz, ça va être un document essentiel dans les mois à venir », a prévenu Jean-François Rapin. Le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes s’est, là aussi, voulu rassurant tout en précisant que « le point n’avait pas été débattu mais qu’il n’a pas fait dissensus » au Conseil européen.

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