Les avocats fortement impactés par la crise, s’inquiète François-Noël Buffet

Les avocats fortement impactés par la crise, s’inquiète François-Noël Buffet

En dehors des urgences pénales, la justice tourne au ralenti depuis la mise en place du confinement le 17 mars. Avocat de profession, François-Noël Buffet, sénateur LR du Rhône et co-rapporteur du projet de loi d’urgence sanitaire, s’inquiète des conséquences de la crise du Covid-19 sur le travail des avocats. Une profession déjà impactée par la grève contre la réforme des retraites au cours du premier trimestre.
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Par Flora Sauvage

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Après la grève des avocats contre la réforme des retraites, la profession est durement touchée par la crise sanitaire, la profession redoute la disparition de 20 à 30% des 10 000 cabinets d’avocats, êtes-vous inquiet ?

Oui, je suis inquiet. Notamment pour les petits cabinets qui font moins de 60 000 euros de bénéfices par an. Il y a des avocats qui vivent grassement de leur métier mais il ne faut pas oublier que ce n’est pas la majorité de la profession. Tout le monde n’est pas avocat d’affaires. Certaines petites structures n’ont pas ou peu de trésorerie et cela va être très compliqué pour tenir sur la durée, même avec le report des cotisations. Certains cabinets vivent majoritairement de l’aide juridictionnelle, et ils sont en grande difficulté financière.

Visioconférences, maintien en détention provisoire, l’état d’urgence sanitaire a plongé le monde judiciaire dans une accélération de la dématérialisation des procédures. La justice a-t-elle été prise de court ?

Nous avons auditionné la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, le 9 avril au Sénat, et nous lui avons rappelé que la crise sanitaire mettait en évidence le grand retard de la justice en matière d’informatisation. La ministre de la justice a reconnu qu’il y avait une dette informatique et que le ministère tentait de rattraper son retard. 3000 ordinateurs ont été distribués depuis le début du confinement pour faciliter le travail des magistrats. Mais je constate de grandes disparités selon les juridictions. Par exemple, le tribunal de Bourgoin-Jallieu s’est beaucoup mieux organisé face à la crise que celui de Lyon qui est quasiment à l’arrêt aujourd’hui. On constate aujourd’hui que tout dépend des chefs de juridiction.

Comment faire selon vous, pour que la reprise ne soit pas trop compliquée pour les avocats ?

Il faut des instructions claires de la garde des Sceaux. Je ne demande pas que les tribunaux soient pleins, mais il faut faire avancer la machine et ne pas tout bloquer. Il faut arriver à rendre des décisions au moins sur les affaires qui sont en délibéré et gérer l’urgence sur les affaires civiles. Au moins sur les sujets du quotidien. Si l’on reporte toutes les affaires à une date lointaine, cela va poser problème. On risque de créer des tensions encore plus grandes en allongeant les délais.

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