« Les bons politiques sont d’excellents tribuns même si ce ne sont pas forcément ceux qui ont les meilleures idées », s’amuse Laurent Stocker

Tour à tour ministre, ou président de la République, il a, au fil de ses rôles endossé plusieurs fois le costume d’homme politique. Cette semaine, Laurent Stocker de la Comédie-Française est au micro de Rebecca Fitoussi dans l’émission Un monde, un regard où il évoque son plaisir d’incarner de tels personnages à l’écran et les similitudes entre le monde du spectacle et la politique.
Stella Naville

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Débarqué à l’âge de seize ans dans la capitale, le comédien est originaire de Lorraine où il a grandi jusqu’à ses seize ans. « C’est une région abandonnée, abîmée par la désindustrialisation, mise de côté. Les gens sont cabossés. On ne leur donne jamais la parole. Ils subissent beaucoup, se taisent, puis se fâchent très fort » regrette le comédien. Aujourd’hui, une partie de Laurent Stocker est encore un peu lorraine et cela transparaît dans ses films. « Ce que je garde de cette région, c’est l’âpreté, la dureté. J’ai vu des gens de ma famille effectuer des travaux extrêmement difficiles, dans les mines. Aujourd’hui, j’aime incarner ce genre de rôles au cinéma ou au théâtre ».

La mémoire de la Lorraine ouvrière toujours vive

Et de cette Lorraine natale, Laurent Stocker garde en tête une influence particulière, celle de son grand-père qui lui a donné l’envie de monter sur les planches. « Mon grand-père était très fantasque. Il jouait de la clarinette et de l’orgue du matin au soir alors qu’il ne savait pas lire les notes de musique. C’était un comédien né » évoque-t-il avec une pointe de nostalgie.

Laurent Stocker et la Comédie Française

Après des cours d’art dramatique et le conservatoire, Laurent Stocker devient membre de la Comédie Française en 2001. Un lieu qu’il ne souhaitait pas forcément intégrer au départ. « A l’époque, j’étais au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique et pour moi, la Comédie Française c’était le temple classique où il ne fallait pas aller. Je rêvais de faire un théâtre décalé, un peu « underground » » raconte le comédien. Et puis rapidement, Laurent Stocker change d’avis, jusqu’à devenir sociétaire de la Comédie Française en 2004. « La première année, j’ai cru que je ne resterai jamais dans cette institution marquée par l’ordre et la hiérarchie. Et puis, j’ai compris que ce cadre rigide était fait pour être dépassé. Si Molière a créé ce lieu et qu’il existe encore, c’est qu’il a su se renouveler » estime Laurent Stocker.

Mêler cinéma et politique

Si Laurent Stocker a endossé des rôles très divers, il s’est notamment fait remarquer grâce à ses interprétations d’hommes politiques dans des films tel que L’exercice de l’état de Pierre Schoeller en 2011 ou plus récemment dans la série Jeux d’influence sur Arte. Et l’acteur reconnaît qu’il apprécie particulièrement jouer ce genre de rôles : « C’est très plaisant parce que c’est totalement théâtral. Les bons politiques sont d’excellents tribuns même si ce ne sont pas forcément ceux qui ont les meilleures idées » s’amuse-t-il. D’ailleurs, Donald Trump est un personnage que Laurent Stocker aimerait particulièrement incarner. « Pour le jouer, j’aurais besoin d’un bon coiffeur. Il y aurait plein de séquences drôles à faire sur le décoiffage. L’objectif serait de mettre un peu d’humour dans cette personnalité si complexe et à la fois tragique pour le monde » plaisante le comédien.

Retrouvez l’intégralité de cette émission en replay

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

« Les bons politiques sont d’excellents tribuns même si ce ne sont pas forcément ceux qui ont les meilleures idées », s’amuse Laurent Stocker
6min

Institutions

« Nous avons un an d’espérance de vie », alerte la directrice de l’Agence Bio

Auditionnés par la commission d’enquête sur les agences de l’Etat, les représentants de l’Agence Bio ont surtout profité de l’audition pour plaider leur cause. Amputée de deux tiers de ses moyens cet hiver dans un contexte de coupes budgétaires, l’agence n’a, en l’état actuel, qu’un an « d’espérance de vie » devant elle.

Le

« Les bons politiques sont d’excellents tribuns même si ce ne sont pas forcément ceux qui ont les meilleures idées », s’amuse Laurent Stocker
6min

Société

EPR de Flamanville : l’ASNR pointe un « nombre important d’événements » jugés « significatifs pour la sûreté »

Ce constat ressort du rapport annuel de l’autorité de contrôle du nucléaire, l’ASNR, présenté ce jeudi devant les députés et sénateurs. Les « deux tiers » des événements qui ont touché le nouvel EPR « ont été classés au niveau zéro de l’échelle internationale INES », soit de simples écarts, « et environ un tiers au niveau 1 », une anomalie, précise Pierre-Marie Abadie, président de l’ASNR.

Le