« Les coûts du Grand Paris Express ne cessent de dériver » alerte la Cour des comptes
Avec son rapport très sévère du 17 Janvier, la Cour des comptes a tiré la sonnette d’alarme sur le grand projet du Grand Paris Express (GPE). Cout financier du projet, risques liés à la dette et aux emprunts, gouvernance de la Société du Grand Paris (SGP), Catherine de Kersauson, présidente de la 2ème Chambre de la Cour des comptes, revient pour les sénateurs sur les principaux points de ce rapport.

« Les coûts du Grand Paris Express ne cessent de dériver » alerte la Cour des comptes

Avec son rapport très sévère du 17 Janvier, la Cour des comptes a tiré la sonnette d’alarme sur le grand projet du Grand Paris Express (GPE). Cout financier du projet, risques liés à la dette et aux emprunts, gouvernance de la Société du Grand Paris (SGP), Catherine de Kersauson, présidente de la 2ème Chambre de la Cour des comptes, revient pour les sénateurs sur les principaux points de ce rapport.
Public Sénat

Par Jules Duribreu

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Catherine de Kersauson a commencé cette audition en rappelant devant les sénateurs un fait désormais bien connu, à savoir l’augmentation du coût du Grand Paris Express. Ce projet de 200km de voies et 68 nouvelles gares connait en effet depuis quelques semaines des reports de calendrier

« Les coûts du Grand Paris Express ne cessent de dériver »

« Le premier constat de la cour, c’est que depuis la fixation d’un objectif de coût en 2013, celui-ci n’a cessé d'être réévalué pour un dérapage globale de 13 milliards. Le gouvernement avait fixé pour le Grand Paris Express un coût de 22.6 milliards d’euros. L’estimation finale est de 38.5 milliards d’euros, soit une hausse de 51%. »

En cause, l’approfondissement nécessaire des études initiales, les demandes complémentaires de l’Etat à la SGP, tel un site de maintenance à Aulnay mais aussi la réduction des délais de construction du réseau imposés par l'échéance olympique.

Catherine de Kersauson pointe également « Le manque de transparence de la SGP face à cette augmentation des coûts. Fin juillet 2017 seulement, la direction de la SGP a fourni une nouvelle estimation à la hausse au gouvernement, estimation dont elle avait connaissance depuis au moins 6 mois. »  

Un risque d’emballement du cout de la dette.

La SGP finance ce grand projet par des subventions, des taxes et, en grande partie, par un emprunt. Et pour rembourser les premiers emprunts, la SGP entend contracter d’autres emprunts. La Cour des comptes pointe ici un véritable risque d’emballement.

« C’est un modèle risqué, reposant sur des facteurs très difficile à prévoir à long terme. En outre, selon la SGP, les intérêts s’élèvent à 32 milliards pour une fin de remboursement pour 2059. Or, la réévaluation des coûts de juillet, 38.5 milliards, entraine une augmentation des intérêts à 134 milliards à rembourser jusqu’en 2084. De plus, dans son évaluation, la Cour présente une évaluation dégradée, portant la fin du remboursement au delà de 2100 et des frais financiers à plus de 700 milliards d’euros. L’établissement ne sera jamais en mesure de rembourser la dette contractée. »

Une gouvernance pointée du doigt

Enfin, la Cour a également noté deux limites fortes dans la gouvernance de la Société du Grand Paris. « Le contrôle du directoire par le conseil de surveillance est insuffisant, bien trop limité juridiquement. De plus, le conseil n’exerce pas toutes les compétences conférées par les textes. En 7 ans d'existence, il n’a jamais utilisé le pouvoir de contrôle ou de communication de pièces pour accomplissement de sa mission. En outre, les tutelles mise en place par l’Etat n’ont pas fait l’objet d’un zèle particulier. » note Catherine de Kersauson.

La réponse du gouvernement

Suite à ce rapport accablant, le gouvernement a lancé une révision du projet, par le biais de la ministre des transports. Dans un courrier adressé aux Parlementaires et élus d’Ile-de-France, Elisabeth Borne assure que le Grand Paris Express sera réalisé dans son intégralité. Pour autant, comme l’a recommandée la Cour des comptes, une consultation des élus sera lancé courant février afin « d'arrêter un calendrier réaliste de livraison et de coûts. » Certaines lignes seront donc repoussées, priorité étant donnée aux lignes nécessaires aux JO 2024.

En outre, cette consultation sera l’occasion de « faire des propositions concernant l’augmentation des ressources affectées à la SGP, y compris sur les besoins d’emplois. » souligne la ministre. Autant de changements pour palier les prévisions pessimistes de la Cour des comptes et d’éviter le scénario catastrophe.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris: French Prime Minister Sebastien Lecornu  delivers his policy speech
8min

Politique

Budget de la Sécu : le PS devra-t-il rejeter le texte, malgré la suspension de la réforme des retraites ?

La suspension de la réforme des retraites passera par un amendement au budget de la Sécu. Mais le texte comporte de nombreuses mesures dénoncées au PS. « On va se battre pied à pied pour sortir toutes les saloperies qui existent », prévient le patron des sénateurs PS, Patrick Kanner. En interne, certains dénoncent aujourd’hui « l’erreur » d’Olivier Faure, qui a exigé le non-recours au 49-3, au risque de donner « un budget invotable ». « Si la copie est trop injuste, nous voterons contre », prévient la porte-parole du PS, Dieynaba Diop.

Le

« Les coûts du Grand Paris Express ne cessent de dériver » alerte la Cour des comptes
4min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : « La censure n’aurait pas été une position totalement stupide », pour les Républicains, avance Muriel Jourda

Le gouvernement Lecornu II est parvenu à se négocier un sursis, en acceptant de suspendre la réforme des retraites jusqu’au 1er janvier 2028, ardemment réclamée par les socialistes. Une ligne rouge des Républicains, qui ont toutefois décidé de ne pas censurer. Un choix que n’aurait pas fait la sénatrice Muriel Jourda.

Le

Paris: no-confidence debate in French parliament
6min

Politique

Inéligibilité : pourquoi le Conseil d’Etat a rejeté le recours de Marine Le Pen ?

C’était attendu, le Conseil d’Etat a refusé de transmettre au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) de Marine Le Pen. La triple candidate à l’élection présidentielle avait promis d’utiliser « toutes les voies de recours possibles » pour contester l’exécution provisoire de sa peine de 5 ans d’inéligibilité prononcée en première instance dans l’affaire des emplois fictifs d’assistants parlementaires RN. Mais elle va devoir attendre la décision de son procès en appel pour savoir si elle pourra se présenter devant les électeurs. Explications.

Le

Vote results displayed after no-confidence motion against French Prime Minister
4min

Politique

Rejet de la motion de censure LFI : découvrez les détails du vote

La motion de censure de La France Insoumise, examinée ce matin par les députés, a été rejetée. 271 voix ont été récoltées contre les 289 nécessaires. Sept élus socialistes lui ont apporté leur vote. Celle déposée par le RN a également échoué avec 144 voix pour.

Le