On l’a vu hier, Les Républicains ont du mal à accorder leurs violons sur l’attitude à tenir pour le second tour. Faut-il appeler clairement à voter Macron pour battre Le Pen ? Simplement appeler à faire barrage à l’extrême droite ? Ou ne donner aucune consigne de vote ? Ces divergences se retrouvent même chez les sarkozystes. Ils se sont réunis ce matin près de l’Assemblée nationale.
A la sortie de leur petit déjeuner, Brice Hortefeux s’est tourné vers « l’avenir » avec « un projet législatif qui tire les leçons de ce scrutin » (voir la première vidéo, images : Cécile Sixou et Héloise Grégoire). Pour les sarkozystes, il faut promettre un peu moins du sang et des larmes avec un projet qui parle davantage aux classes populaires. « Il faut expliquer que les législatives serviront à concrétiser nos idées, car je crois qu’il y a une chance réelle » ajoute ce proche de Nicolas Sarkozy.
Cohabitation
Le rêve des amis de l’ancien Président : que la droite remporte les législatives amenant à une cohabitation qui envoie François Baroin à Matignon. Le sénateur-maire de Troyes « s’était préparé à la fonction de premier ministre » rappelle Brice Hortefeux. Il mènera la bataille pour le scrutin de juin aux côtés de Christian Jacob. A cette tentative de reprise en main s’ajoute le parti. « Laurent Wauquiez a fait part de sa volonté, de son envie et de sa détermination de s’investir dans la reconstruction de notre famille » en jouant un rôle actif à la tête des Républicains. Une volonté qui émanerait avant tout du président de la région Auvergne-Rhônes-Alpes, selon un député non-sarkozyste : « Dire que Laurent Wauquiez veut reprendre le parti et les sarkozystes veulent que, il y a une gigantesque différence entre les deux ».
Voilà, sur le papier, les grandes manœuvres sarkozystes d’après défaite : à Baroin Matignon, en cas de cohabitation, à Wauquiez le parti. Sauf qu’avant les législatives, il y a le second tour de la présidentielle. C’est là que la machine se grippe. Tous ne s’accordent pas.
« Il faut arrêter de se jeter dans les bras de Macron »
Certains ne veulent ou ne peuvent pas voter Macron contre Le Pen. C’est déjà ce que disait hier Nadine Morano, qui raille « Emmanuel Hollande » (voir la vidéo). Même chose pour le député Georges Fenech : « Il faut arrêter de se jeter dans les bras de Macron ». Et à ceux qui appellent à voter pour lui, il leur dit : « Vous êtes en train de jeter la dernière pelletée sur notre famille politique. L’électorat n’est pas dupe (…) il n’acceptera plus ces incohérences. Aujourd’hui, le combat c’est Macron » insiste-t-il. Regardez :
Georges Fenech : « Il faut arrêter de se jeter dans les bras de Macron ».
Le député Pierre Lellouche ne « peu(t) pas voter pour Monsieur Macron » non plus. « J’ai des désaccords absolument fondamentaux avec lui sur des sujets majeurs, à commencer par le terrorisme », dit-il, ou encore sa déclaration sur la colonisation vue comme un crime contre l’humanité ou la gestation pour autrui. « Je ne voterai pas pour Madame Le Pen, mais je ne voterai pas pour Monsieur Macron. Je ne donnerai pas de consigne de vote. Hier, en bureau politique, on a refusé qu’il y ait un vote à la loyale sur le sujet » dénonce Pierre Lellouche. Regardez :
Pierre Lellouche ne « peu(t) pas voter pour Monsieur Macron »
Woerth : « Moi, je voterai Macron par défaut »
A l’inverse, François Baroin votera Macron. Tout comme Luc Chatel. Dès dimanche soir, il annoncé qu’il le fera « sans hésitation ». Eric Woerth glissera aussi un bulletin pour le leader d’En marche ! « Moi, je voterai Macron. Je voterai Macron par défaut » explique-t-il. Regardez :
Eric Woerth : "Je voterai Macron par défaut"
« Il n’y a pas de campagne pour Macron, pas de soutien ni d’alliance. On le combattra aux législatives. Mais quand on a à choisir entre Le Pen et Macron, moi je voterai Macron » ajoute le député de l’Oise. Eric Woerth minimise les divergences : « 100% des personnes qui sont là ne veulent pas du FN à la tête de l’Etat. Après, l’interprétation ou l’action peut varier. On peut voter blanc, comme on peut voter Macron. Il y a une liberté d’interprétation des choses ». Et un peu de friture sur la ligne.