Avec l’arrivée du budget 2021 au Sénat, les socialistes vont tenter de faire entendre une autre voix. Ni celle de la majorité présidentielle, qui défend un texte porteur du plan de relance, ni celle de majorité sénatoriale LR-UDI (lire ici les propositions du rapporteur LR).
Quelques jours après l’adoption par le Sénat du quatrième projet de loi de finances rectificative (PLFR), pour cause de second confinement, le groupe PS pointe un budget qui n’anticipe pas la possibilité de nouvelles mesures de restriction sanitaire. « Assez vite, le gouvernement sera contraint à un nouveau PLFR, si des mesures de restriction assez importantes arrivent » met en garde le sénateur Rémi Féraud, chef de file sur le budget pour le groupe. Quant aux grands axes de ce projet de loi de finances, « les principes et les tabous de la politique budgétaire du gouvernement ne changent pas », alors que la crise rend « complètement caduque la politique du ruissellement et du premier de cordée » dénonce le sénateur PS de Paris, lors d’une autre conférence de presse ce matin.
La solution des socialistes : « Une proposition alternative de budget plus écologique, plus sociale et qui n’aggrave pas les déficits à partir du moment où on accepte la contribution » des plus riches ou des GAFA, explique Rémi Féraud, qui insiste : « Un autre budget alternatif est possible ».
Création d’une « dotation autonomie jeunesse »
Les sénateurs socialistes vont ainsi tenter de défendre des amendements en faveur « des victimes de la crise » et pour plus d’équité. Le groupe propose ainsi des investissements « beaucoup plus massifs » pour la transition écologique, la conditionnalité des baisses d’impôts de production, un report de la baisse de l’impôt sur les sociétés, un report d’un an de la suppression de la dernière tranche de la taxe d’habitation, la suppression de la « flat taxe » sur les revenus du capital, la création d’un nouvel impôt sur la fortune « à dimension beaucoup plus écologique » ou encore des taxes sur les grandes surfaces, les assurances et le commerce en ligne. « Dans une logique de repli », les socialistes seront prêts à voter les amendements du rapporteur sur ces deux derniers points (lire ici), « s’il vont dans le bon sens » et, évidemment, si leurs propres amendements sont rejetés.
Le groupe PS entend enfin mettre l’accent sur la jeunesse, « qui est une génération sacrifiée dans cette crise », avec l’extension du RSA dès 18 ans, sa hausse de 100 euros et la création d’une « dotation autonomie jeunesse, c’est-à-dire d’un revenu pour les jeunes pour qu’ils ne plongent pas dans la pauvreté ».
Malus auto : « Il peut y avoir un changement culturel, sans perte de pouvoir d’achat »
Au chapitre du malus auto, Rémi Féraud dénonce l’amendement du gouvernement adopté à l’Assemblée, « qui vise tellement peu de véhicules que c’est un dispositif illusoire ». Les députés ont fixé le seuil du malus en fonction du poids de la voiture à 1,8 tonne. Soit très peu de véhicules concernés : ceux vendus entre 40.000 et 60.000 euros, soit 2 à 3 % des immatriculations… L’idée d’une taxe au poids vient de la Convention citoyenne, qui l’avait fixée à 1,4 tonne.
Les sénateurs PS veulent eux abaisser ce seuil à 1,3 tonne. Rémi Féraud s’empresse d’ajouter que « ce n’est pas punitif mais c’est pour inciter à changer pour un véhicule plus léger et moins polluant. Il peut y avoir un changement culturel, sans perte de pouvoir d’achat ». Autrement dit, il faudrait arrêter d’acheter des SUV, ces 4X4 de ville, qui se sont multipliés ces dernières années sur nos routes.