Les sénateurs réservés sur une éventuelle vaccination des 5-11 ans : « Il ne faudrait pas être jusqu’au-boutiste »

Les sénateurs réservés sur une éventuelle vaccination des 5-11 ans : « Il ne faudrait pas être jusqu’au-boutiste »

Réagissant aux annonces d’Olivier Véran, des sénateurs interrogés par Public Sénat saluent l’ouverture du rappel vaccinal à tous les Français. En revanche, ils se montrent plus nuancés sur un élargissement possible de la vaccination aux enfants de moins de 12 ans à partir de 2022.
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Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a officialisé jeudi la nécessité de procéder à une dose de rappel d’un vaccin contre le covid-19 pour continuer à bénéficier du passe sanitaire. « À compter du 15 janvier, le passe sanitaire de tous les majeurs ne sera plus actif si le rappel n’a pas été fait dans un délai maximal de sept mois après la dernière injection », a expliqué lors d’une conférence de presse le locataire de la rue de Grenelle. L’accès à cette dose supplémentaire étant désormais possible pour tous les Français de plus de 18 ans, cinq mois après leur dernière injection. Olivier Véran a également détaillé d’autres mesures, destinées à freiner la cinquième vague de contaminations qui s’est abattue sur l’Hexagone et une large partie de l’Europe, sans avoir à en passer par une fermeture des commerces, une limitation des déplacements ou un couvre-feu. En l’occurrence : une réduction du délai de validité des tests de dépistage, le retour du masque dans certains lieux publics et un dépistage systématique des élèves du primaire lorsqu’un enfant est testé positif, en lieu et place des fermetures de classe.

« Ce sont des mesures que l’on attendait ! », salue auprès de Public Sénat le sénateur LR de la Marne René-Paul Savary. « On voit bien que le remède anti-confinement c’est la vaccination ». « Tous les vaccins sont comme ça. Il faut un rappel pour restimuler les défenses immunitaires, de manière que l’organisme soit prêt à répondre à une agression. Le rappel fait partie d’un calendrier vaccinal », explique ce médecin généraliste de profession. « Je compare la vaccination à une ceinture de sécurité : elle n’empêche pas l’accident, mais elle vous sauve la vie quand il arrive. »

« C’est encore un sacré tour de vis sanitaire »

À ses yeux, l’inscription de la troisième dose sur le passe sanitaire permet d’en garantir l’efficacité dans la durée. Un avis que ne partage pas son collègue centriste, le sénateur de la Haute-Savoie Loïc Hervé. Cet élu, bien que favorable à la vaccination et à la 3e dose, a fait de l’opposition au passe sanitaire son principal cheval de bataille ces dernières semaines, estimant la mesure bien trop attentatoire aux libertés fondamentales. « C’est encore un sacré tour de vis sanitaire », soupire-t-il auprès de Public Sénat. « Par ailleurs, les délais pour pouvoir se mettre en règle me paraissent courts ».

« J’aurai aimé que cette clarification autour de la troisième dose se fasse devant le Parlement, et pas pendant une conférence de presse », relève encore l’élu. Une référence au rejet du projet de loi « Vigilance sanitaire » par la Chambre Haute, qui était largement opposée à ce que le régime de sortie de l’état d’urgence sanitaire soit prolongé jusqu’au 31 juillet, au-delà de la présidentielle et des législatives.

» Lire notre article : Les annonces d’Olivier Véran face à une cinquième vague « fulgurante »

Les sénateurs attentifs à la vaccination des enfants

Loïc Hervé indique également qu’il portera une « vigilance particulière » sur la vaccination des enfants. L’Agence européenne du médicament a validé jeudi après-midi l’utilisation du vaccin Pfizer pour les enfants âgés de 5 à 11 ans. Lors de sa conférence de presse, Olivier Véran a précisé que « si cette vaccination est décidée en France, elle ne commencera pas avant le début de l’année 2022 », le temps pour le pays de s’approvisionner en doses diluées, adaptées à ces jeunes patients. Le ministre a en outre expliqué qu’il avait saisi le Conseil consultatif national éthique et la Haute autorité de Santé sur cette question.

« Il ne faudrait pas être jusqu’au-boutiste, les autorités sanitaires françaises ne se sont pas encore prononcées », avertit Claude Malhuret, le président du groupe Les Indépendants - République et Territoires, la droite sénatoriale macron-compatible. « Mais j’ai plutôt l’impression que c’est ce qu’il faudra faire. Après tout, les moins de 5 ans ont 11 vaccins obligatoires. Il n’y a rien d’absolument révolutionnaire. »

« On a l’impression que l’on met le paquet sur les enfants, alors que l’on sait qu’ils sont très peu sujets à des formes graves, et qu’il reste des catégories importantes de la population sujettes à risques, qui ne sont toujours pas vaccinées », déplore pour sa part Loïc Hervé. Le sénateur socialiste Bernard Jomier pointe aussi cet angle mort dans la politique sanitaire du gouvernement. « Je souscris à tout ce qui relève du rappel, mais je regrette que sur les personnes qui n’ont pas encore reçu une seule dose de vaccin, et qui sont encore environ 7 millions dans notre pays, il n’y ait aucune mesure significative », souligne cet élu, qui a tenté de faire adopter mi-octobre une proposition de loi pour élargir la vaccination obligatoire contre le covid-19 à l’ensemble de la population.

En primaire, un dépistage systématique à la place des fermetures de classe

Toujours autour des enfants : la fin de la fermeture automatique des classes en primaire, lorsqu’un élève est testé positif. À la place : les enfants seront tenus de passer un test sanitaire, directement dans l’établissement scolaire, ou bien réalisé sous l’égide des parents. Une mesure saluée par René-Paul Savary : « Les fermetures de classe ce sont des retards dans l’apprentissage, elles ont aussi un vrai retentissement familial, voire économique », veut-il rappeler. Pour Loïc Hervé, il est essentiel que les tests « soient salivaires et faits à l’intérieur de l’établissement » pour ne pas perturber outre mesure les élèves ni surcharger les parents.

Le socialiste Bernard Jomier se montre plus critique. Lui aurait souhaité la mise en place de dépistages répétés, car « faire des dépistages seulement en cas de symptômes risque de maintenir un haut niveau de circulation du virus parmi les enfants ».

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